Affiche française
Traqués de l'an 2000 - les | Turkey shoot | 1982
Affiche originale
Traqués de l'an 2000 - les | Turkey shoot | 1982
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oui
Musique de

Traqués de l'an 2000 - les

Turkey shoot

Dans un futur proche, un gouvernement totalitaire fait arrêter les citoyens considérés comme déviants et les fait interner dans de terribles camps de rééducation où se pratiquent humiliations, sévices, tortures. Le directeur de l'un des camps décide d'organiser une chasse à l'homme : quelques prisonniers seront lâchés dans une forêt proche et serviront de gibier, dont le résistant Paul Anders et la fragile Chris Walters...

Traqués de l'an 2000 - les | Turkey shoot | 1982

L'AVIS :

Sacré tournage pour le réalisateur Brian Trenchard-Smith, le casting et l'équipe technique que ce "Turkey Shoot", film australien rebaptisé en France "Les Traqués de l'An 2000" pour sa sortie en salles le 15 juin 1983. Sacré tournage car tout a été revu à la baisse : le budget initial de 3,2 millions de dollars a perdu 700 000$ ; la durée de tournage est passée d'une quarantaine de jours à 30 jours seulement ; le scénario a été remanié et plusieurs pages ont disparu pour pouvoir s'adapter au nouveau budget, le privant d'une introduction explicative nettement plus détaillée sur le pourquoi de l'incarcération des trois personnages principaux ainsi que de scènes d'action, dont une en hélicoptère ; le nombre de figurants a lui aussi été revu puisqu'au départ, le camp devait contenir environ 500 prisonniers à l'écran, ils ne seront plus que 70 au final et j'en passe. Bref, un début chaotique auquel il faut ajouter le fait que la star féminine du film, Olivia Hussey, la jolie Juliette du "Roméo et Juliette" de Franco Zeffirelli (1968), appréhende réellement le tournage en Australie de peur de la faune sauvage vivant dans ce pays et refuse les scènes dénudées, ce qui nécessitera de faire appel à une doublure pour la scène de la douche. Autre petit souci, l'acteur principal, Steve Railsback, est un habitué de la méthode apprise à l'Actor's Studio et il veut réellement assumer toutes les séquences, sans jamais simuler ou faire semblant, à l'image de celle où il est enfermé dans une cage, devant porter à bout de bras une lourde plaque maintenu par des poids. Ses grimaces de douleur ne sont pas feintes dans cette séquence mais en contrepartie, il n'arrivait plus à dire son texte, ce qui a multiplié les prises.

Bref, tournage complexe dans des conditions pas vraiment prévues au départ du projet. Brian Trenchard-Smith aurait pu quitter le navire face aux difficultés rencontrées mais non. Il décide de faire front et va tout faire pour livrer un film correct et divertissant. A l'arrivée, vu les conditions de tournage, il ne garde pas un très bon souvenir des Traqués de l'An 2000, qu'il considère comme un échec, voire même comme un très mauvais film, ce qui est aussi l'avis de la majorité du casting, déçu des restrictions budgétaires apportées par les producteurs. Pourtant, si on est fan de cinéma Bis décomplexé, impossible de nier que Les Traqués de l'An 2000 coche toutes les cases qui font qu'on aime ce type de cinéma déviant : on a des éléments de films de prison, de la chasse à l'homme, un peu de nudité, de la violence, des personnages de méchants bien antipathiques, de l'aventure, du dépaysement, un côté science-fiction puisque le récit se passe en 1995 et même du gore ! Que demande le peuple ? Certes, on aurait aimé en savoir plus sur cette société totalitaire, que le réalisateur voulait mieux mettre en avant, façon "1984" de George Orwell. Si le côté politique a été revu à la baisse, la thématique est néanmoins bel et bien présente à travers les rapides séquences amenant à comprendre pourquoi les deux héros principaux ont été arrêté et conduit dans ce camp de rééducation. Une fois dans ledit camp, le film prend des allures de film de prison façon "Le Pont de la Rivière Kwai" ou "Luke la Main Froide" entre autres, avec ces méchants gardiens qui n'hésitent pas à rabaisser et maltraiter les prisonniers.

Parmi eux, l'imposant acteur Roger Ward, le fameux Fifi du "Mad Max" de George Miller ! Il joue ici un salaud de premier ordre, usant de la violence sans sourciller, même auprès de jeunes femmes sans défense. Son supérieur, et commandant du camp, Charles Thatcher (Michael Craig), dont le choix du nom n'a pas été laissé au hasard et fait référence à une certaine première ministre anglaise, est aussi pourri que lui et fait régner la loi et l'ordre d'une main de fer, se permettant même d'organiser des séances de chasse à l'homme pour de riches clients ! Si la première partie du film joue donc dans la cour du film de prison, avec tous les clichés que cela comporte (scènes de douche, tortures, soumission des prisonniers, tentative d'évasion, punition sévère comme on fera les frais un jeune évadé lors d'une séquence particulièrement cruelle...), la seconde et plus longue partie du film va se la jouer façon "La Chasse du Comte Zaroff", avec cinq prisonniers pris en chasse par le commandant du camp et ses trois invités, qui prennent plaisir à traquer et tuer leurs semblables.

C'est la partie la plus "fun", si on peut dire, du film, avec utilisation de véhicules un peu futuriste, d'une sorte d'homme-animal qui donne un aspect vraiment Bis à l'aventure et de scènes gores assez jouissives il faut bien le reconnaître, dont la mort de Thatcher qui vaut son pesant de cacahuètes. Si on sent bien qu'Olivia Hussey n'est clairement pas à l'aise ici, le reste du casting s'en sort correctement, notamment Carmen Duncan qui joue le personnage de Jennifer, une chasseuse adepte de l'utilisation de l'arbalète et qui prend un malin plaisir à envoyer diverses types de flèches (perforantes, explosives...) sur ses victimes. Le final, grâce à l'intégration d'astucieux stock-shots d'avions larguant des bombes, se montre assez spectaculaire, et riche en explosions de toutes sortes. Gros succès en Angleterre, Les Traqués de l'An 2000 a longtemps été mal considéré en Australie, jusqu'à ce qu'un certain Quentin Tarantino ne le réhabilite. Il reste honnêtement un film des plus plaisants à visionner, pour peu qu'on le considère pour ce qu'il est réellement : une série B violente et trash, sans temps morts, pleine de rebondissements, qui n'a pas peur d'en faire un peu trop et qui en donne pour son argent au public, avec les moyens du bord ! Ce qui n'est déjà pas si mal ! Et rappelez-vous : "La liberté, c'est l'obéissance. L'obéissance, c'est le travail. Le travail, c'est la vie" !

Traqués de l'an 2000 - les | Turkey shoot | 1982
Traqués de l'an 2000 - les | Turkey shoot | 1982
Traqués de l'an 2000 - les | Turkey shoot | 1982

* Disponible en combo DVD + BR chez -> RIMINI EDITIONS Comme toujours, il faut s'attendre à une très belle édition chez cet éditeur et c'est encore le cas ici. Boitier trois volets sous fourreau, livret informatif, des bonus intéressants et surtout une très belle remasterisation de l'image qui permet de (re)voir le film dans les meilleures conditions possibles, en VF ou VOSTF
Bonus :
- Interviews de Michael Craig, Lynda Stoner et Roger Ward (23’43”)
- Interview de Brian Trenchard-Smith (9’48”)
- « La renaissance du cinéma de genre australien » avec la participation de Brian Trenchard-Smith, Antony I. Ginnane et Vincent Monton (26’)
https://metalunastore.fr/products/les-traques-de-lan-2000-turkey-shoot?…

Bande-annonce
Note
4
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Stéphane Erbisti