Sara Tyrell

Sara Tyrell

Troisième interview de présentation d'auteurs et d'autrices croisé(e)s lors du Frissons Festival de Reims au mois d'octobre. C'est donc le tour de Sara Tyrell, qui fait partie de la team des éditions Octoquill de se présenter à vous et de vous faire découvrir son univers ! Let's go...

* Bonjour Sara. Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Sara Tyrell, j’ai 31 ans et je suis autrice, scénariste et correctrice. J’écris principalement des romans surnaturels. Bienvenue dans cette interview aux réponses XXL.

* Pour quelqu’un qui ne te connaîtrait pas, que lui dirais-tu pour qu’il ait envie de découvrir ton univers ?

Globalement, je n’écris que des choses très sombres, assez mélancoliques. J’adore explorer les conséquences complexes des émotions humaines et leur donner vie à travers des choses qui dépassent largement le possible. Je n’aime pas du tout les fins heureuses, je ne sais pas pourquoi, mais je trouve les fins tragiques fascinantes. Si vous aimez les zones sombres de l’esprit humain, et avez un faible pour la magie et les monstres, vous êtes au bon endroit.

* D’ailleurs, c’est quoi ton univers ? Quelles sont tes inspirations, tes sujets de prédilections, dans quoi aimes-tu embarquer tes lecteurs ?

Mon univers, c’est un univers sombre qui creuse dans ce qui fait mal. J’aime aborder des sujets comme les traumatismes, les relations familiales, la destinée, les choix et les obligations, les contradictions, les causes et les conséquences… Je suis quelqu’un qui croit au destin, aux choses auxquelles on n’échappe pas et qui sont une source intarissable d’inspiration pour l’écriture. Je traîne la malédiction de ne jamais faire de rêves, je ne fais que des cauchemars, souvent très choquants. Mais il y a du bon là-dedans : ça m’inspire. Et parfois, il suffit d’une chanson, d’une image, même d’une phrase et hop : ça fuse dans ma tête.

Ce que je préfère, comme tout écrivain.e j’imagine, c’est créer de l’émotion chez les lecteur.ices. Mais pas des petites émotions, des émotions fortes, des choses auxquelles on continue de penser après la lecture, des choses qui résonnent en nous. On mène tous des batailles dont on ne parle pas. Le surnaturel et l’horreur permettent de mettre en image énormément de traumatismes, de combats internes, d’émotions puissantes, avec une liberté totale.

Je suis très visuelle, je vois donc littéralement les émotions dans ma tête. Par exemple, j’ai souvent eu l’impression que la dépression était un monstre qui nous prenait dans ses bras d’une façon faussement réconfortante, alors qu’il nous paralyse et nous fait sombrer lentement. La tristesse, c’est une forêt silencieuse, dans le brouillard, infinie. Voilà pourquoi le surnaturel et l’horreur sont un excellent moyen de traduire les émotions humaines, les pathologies psychiatriques, les moments de confusion… Malheureusement, l’horreur existe en chacun de nous. Elle se manifeste de différentes façons.Mais tu vois, à l’inverse, dans ma visualisation des émotions, la joie est ancrée dans la réalité. D’où le mélange des genres. C’est cette liberté que j’aime. Et l’écriture, c’est la liberté.

* Qu’est-ce qui t’a donné envie de devenir autrice ?

En fait, je n’ai jamais voulu devenir autrice au sens propre du terme. Tout simplement parce qu’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours écrit. J’imagine que ça veut dire que je l’ai toujours été ? Je me revois encore à 7 ans devant l’ordinateur de ma grand-mère en train d’écrire une histoire archifeel good : des gamins qui enquêtent sur le meurtre de leur maîtresse. Du coup, est-ce qu’à cet âge, et durant toutes les années qui ont suivi, j’étais déjà autrice ? Ou est-ce que ce terme est légitime à partir de la première publication ? Je pourrais en faire une dissertation, je pense… Je garde l’idée de côté.

L’écriture est un art et comme tout art, selon moi, soit on l’a en nous depuis toujours, soit on ne l’a pas. L’écriture se travaille avec le temps, mais ne s’apprend pas. Tout le monde ne sera pas d’accord avec moi, je le sais, mais je considère vraiment le don de l’écriture comme étant inné.

* Comment se passe le processus d’écriture chez toi ? As-tu des rituels (s’isoler, écouter de la musique…), des règles que tu respectes lorsque tu te plonges dans l’écriture ?

De façon générale, je suis incapable de suivre un rituel et des règles, alors naturellement, ça s’applique aussi pour l’écriture. Mais oui, je dois être seule pour écrire, ou du moins pour bien écrire. Et pour la musique, je te dirais qu’avant je ne pouvais pas écrire sans. Avec les années, ça commence à changer, je peux écrire dans le silence ou avec un bruit blanc. Mais je dois laisser l’inspiration venir. J’admire beaucoup mes collègues auteur.es capables de rigueur en s’imposant un jour ou une plage horaire spécifique pour l’écriture. Pour moi, c’est impossible. Ce serait l’échec assuré. Et pourtant, j’adorerais. Je serais bien plus productive ! Du coup, mon travail est désorganisé, mais c’est un désordre dans lequel j’arrive à me retrouver. Il y en a partout, et un jour, tout est nickel. Je suis loin du modèle « auteur.e architecte », mais pour l’instant, c’est ce qui fonctionne pour moi.

* Est-ce que le cinéma fantastique/horrifique est une source d’inspiration pour toi ? As-tu des films fétiches, des réalisateurs favoris ? D’autres sources d’inspirations ?

Je suis une vraie flipette en ce qui concerne le cinéma d’horreur. Je sursaute tout le temps, c’est un cauchemar. Pourtant, j’adore ça. De toute façon, on a toutes et tous des sensibilités différentes. Par exemple, je me suis ennuyée à mourir devant "Midsommar", je suis restée de marbre devant "Martyrs", mais j’ai été traumatisée par "Ghostland" et "It Follows", et mon film doudou, c’est "Ça", les deux derniers films. J’ai adoré "L’autopsie de Jane Doe", "Constantine", "Le Rite", "Maggie", "Cargo"," The Lodger"… J’en oublie plein.

Par contre, les films comme "Saw", "The Human Centipede", et autres films dégueu, c’est des choses que je ne regarderai jamais. Je ne comprends pas l’intérêt des concepts.
Je suis très séries, aussi. The Haunting of Hill House et Bly Manor, La Chute de la Maison Usher, American Horror Story (j’ai vraiment flippé devant la 6e saison), From, Hellbound… Ma préférée, c’estLes Nouvelles Aventures de Sabrina.

Un film qui m’a beaucoup marquée, c’est "A Single Man" de Tom Ford. On est aux antipodes de l’horreur, et pourtant, le personnage vit un cauchemar à sa façon. Le travail sur les couleurs et la lumière, le rythme, la musique, la composition des plans, c’est un film ensorcelant.

Et mes autres sources d’inspiration, c’est la musique, des images, des dessins, des phrases… On ne sait jamais quand l’inspiration va frapper.

* Idem, en matière de littérature, quels sont tes livres / auteurs / autrices de chevet (tous genres confondus) ?

J’aime Lovecraft et King pour rester dans le classique de l’horreur. J’aime aussi beaucoup Cédric Murphy, Luca Tahtieazym, la collection « Cobayes », Virginie Despentes, la saga « Sixtine » de Caroline Vermalle, Jean Teulé dont j’ai quasiment tout lu… Et il y a aussi les plumes de Florence D. Orlhac et Elina Vath, des autrices que j’aime autant pour leur travail que pour elles-mêmes. Je conseille aussi l’excellent Unité 6 de N.A Illigan, brillant et bien crade.Mon dernier coup de cœur en date, c’est Le Dernier Palier de Mary Fleureau.
Dans un autre registre, j’adore Jean Racine, Paul Éluard, Victor Hugo.

J’en oublie plein, alors que ma liseuse est saturée. Il y a eu une période où je lisais énormément, mais ce n’est plus le cas, maintenant. J’ai une pile à lire qui explose, mais j’arriverai à les lire !

* J’ai été agréablement surpris qu’au Frissons Festival, il y a autant d’autrices. Dans le cinéma de genre et fantastique/horrifique en particulier, la part féminine en tant que réalisatrice est quasi inexistante (on pourrait citer Doris Wishman, Roberta Findlay, Aurélia Mengin, Coralie Fargeat ou Julia Ducournau, mais ca se compte sur les doigts des deux mains je pense…) alors que dans le domaine de la littérature, la part féminine explose. Tu saurais à quoi est dû ce phénomène ?

Alors là, tu me poses une colle… Mais effectivement, tu as raison, et je suis très heureuse et fière de voir que les femmes se font de plus en plus connaître et reconnaître. Et c’est peut-être un détail, mais beaucoup d’entre nous choisissent d’utiliser le mot « autrice », plus que le mot « auteure ». À la fin du XIXe siècle, l’Académie française a décidé que les femmes ne pouvaient pas être autrices, et ce mot, qui existe pourtant officiellement depuis la Renaissance, a disparu. Cette légitimité a été arrachée aux femmes, quand on ne nomme pas quelque chose, il est impossible de le faire reconnaître. Aujourd’hui, c’est un mot qui fait toujours grincer des dents, je ne sais pas vraiment pourquoi. Mais l’utiliser, c’est se le réapproprier, reprendre cette légitimité dont les femmes ont été privées. Certaines autrices utilisent encore le mot « auteure » et c’est leur choix, c’est tout aussi bien, car il y a quelques années, on utilisait encore « écrivain » pour désigner une autrice. Il y a de l’avancée, et je sais que chaque femme qui écrit et le montre, notamment grâce à la publication, inspire les autrices en herbe ou celles qui n’osent pas se lancer.

Je ne sais pas à quoi est dû ce phénomène, peut-être que notre époque libère encore plus nos voix. Et peut-être qu’on s’en fout, parce qu’on sait que le genre ne définit pas le talent. Je trouve que la littérature horrifique est un milieu très inclusif, en fait. C’est un milieu que je trouve safe. Je ne ressens pas de compétition, mais la curiosité de savoir ce que les autres ont dans la tête, tu vois ? L’horreur est un exutoire car on met notre violence dans nos livres au lieu de la laisser nous dévorer, c’est sain. Et c’est quelque chose que tout le monde ressent, peu importe le genre. En ce qui concerne le cinéma, j’imagine que c’est le schéma classique : les réalisatrices et scénaristes se font mettre des bâtons dans les roues, elles sont relayées au second plan, doivent redoubler d’efforts pour vendre leurs projets. C’est un milieu très différent du milieu littéraire où on a plus de libertés et où on peut se gérer soi-même grâce à l’auto-édition, par exemple. Breaking news : les femmes assurent aussi dans ce domaine.

Je ne saurais que trop encourager les femmes à écrire. Aucun domaine n’est réservé qu’aux hommes. Je suis pour qu’on s’impose là où on veut s’imposer.

* Tu as signé aux éditions Octoquill. Est-ce difficile pour une nouvelle autrice de se faire éditer ? Est-ce un parcours du combattant ? Il y a désormais la possibilité de s’auto-éditer mais est-ce un « + » de signer chez un éditeur ?

Avant Memento Mori, j’avais envoyé un précédent roman à une ME. Intéressée au début, mais finalement, ça ne l’a pas fait. C’est OK, ça arrive. Abandonner n’a jamais été une option. Quand j’ai eu terminé d’écrire Memento Mori, j’ai passé des jours à éplucher les maisons d’édition pour trouver celle qui m’inspirait. J’en ai trouvé 2 : Octoquill et une autre. Octoquill était encore une toute jeune maison d’édition, il y avait très peu de publications, mais j’ai eu un coup de foudre pour le site internet, pour les résumés des publications, je ne sais pas, il s’est passé quelque chose. Mon roman entrait dans la ligne éditoriale, et les soumissions étaient ouvertes. J’ai donc saisi ma chance et 6 mois plus tard, l’éditrice m’a contactée et les choses se sont faites. Encore une fois, c’était le destin, car depuis, Octoquill m’a apporté bien plus que ce que j’aurais espéré. Ça n’a pas été un parcours du combattant pour moi, et même si j’avais eu un tas de refus, je ne l’aurais pas vécu comme tel. Je me dis toujours que si les choses doivent se faire, elles se font.

Avant de signer chez Octoquill, je m’étais auto-éditée d’une façon absolument catastrophique car je ne m’y connaissais pas, je ne m’étais pas renseignée, j’avais juste envie de voir mon bouquin imprimé, je pense. J’ai fait tout ce qu’il ne faut pas faire : pas de correction pro, pas de couverture pro, pas de mise en page pro. En arrivant sur Instagram, j’ai vu toute la team des auto-édité.es qui faisaient des trucs incroyables, rien à voir avec ma pauvre présentation à moi. Mais bon, j’étais contente quand même. Puis j’ai signé chezOctoquill. C’est le jour et la nuit, puisqu’à part lors des salons, je n’ai rien à gérer. Je ne pourrais pas être auto-éditée, parce que je n’aurais pas la patience nécessaire, et comme je me noie dans un verre d’eau, je finirais en burn-out au bout de deux semaines.

* Peux-tu nous parler de ton premier roman, « Memento Mori », dont la couverture est juste magnifique ? Dans quel genre évolue-t-il ?

Ça, c’est clair, la couverture est magnifique. Elle a été faite par Jennifer Daïna qui a su illustrer exactement ce que j’avais en tête.
Dans Memento Mori, on suit l’histoire d’une femme, Ida, qui vit toute seule dans une petite maison dans les bois depuis 5 ans. Elle n’a aucun souvenir au-delà de ces 5 années et est couverte de cicatrices. Il y a une entité brumeuse qui vit dans sa cave, retenue par des runes gravées autour de la porte. Un jour, elle commence à s’agiter au moment où un personnage revient dans la ville.

C’est un livre qui parle de magie occulte, de traumatismes, d’emprise, de relations familiales, aussi. Et bien sûr, de destinée. Il y a quelques scènes graphiques, mais elles font plaisir. La ville dans laquelle se passe l’histoire est fictive parce que j’aime pouvoir faire tout ce que je veux dans mes univers. Il y a tous les paysages, tous les types de quartiers, et des règles que j’ai moi-même établies. On en voit une partie dans Memento Mori, et on en découvrira encore plus par la suite…

* On peut noter « tome 1 » sur la couverture. Ce qui veut évidemment dire qu’il y aura un « tome 2 ». Violaine de Charnage me disait qu’elle venait aussi de sortir un « tome 1 » et que c’était un pari risqué car si le premier tome ne marche pas, ne plaît pas, il ne sera pas facile de sortir le tome 2. Pour un premier roman, as-tu eu ce type de réflexion ? Est-ce que tu avais prévu que ton roman soit en plusieurs parties dès le départ ?

C’est toujours un risque de se lancer dans une saga. En toute logique, si ton tome 1 ne plaît pas, personne ne prêtera attention au tome 2. Sauf les lecteur.ices qui ont aimé le premier, et rien que pour ces personnes-là, ça vaudra toujours le coup. Honnêtement, je n’ai pas eu ce type de réflexion tout simplement parce que j’ai toujours pensé qu’on n’écrivait pas pour les autres, mais pour soi. Comme on ne décore pas sa maison pour les autres, mais pour s’y sentir bien. Si les gens aiment ce qu’ils voient, c’est génial. Si ce n’est pas le cas… Tant pis. Bien sûr, c’est formidable quand mes livres séduisent, et j’adore en parler avec mes lecteur.ices, je ne dirai jamais l’inverse. Mais je ne me retiendrai pas d’écrire par peur que ça ne marche pas. On le sait, c’est le risque que tout artiste prend avec son art. Et c’est un risque que je prendrai toujours.

* Pour rebondir sur la question précédente, as-tu déjà en tête les grandes lignes du tome 2 ? Tu as une idée d’une éventuelle « date de sortie » ? 2025 ? Et y’aura-t-il un « tome 3 » ?

J’ai les grandes lignes, oui, et même les petites puisqu’il fait déjà environ 70k mots. Il tarde à venir, je le sais, mais je ne me précipite jamais. Il y a une ligne directrice et beaucoup d’histoires qui s’entremêlent, et je veux développer chacune d’elles comme il faut. Dans mon monde idéal, il sortait en 2024. Je crois que c’est raté, du coup. Mais tant pis, ça prendra le temps que ça prendra. Entre-temps, j’ai écrit une nouvelle parue dans « Les Archives de l’Inhumain » chez Octoquill. Et j’ai un tas d’autres idées en tête, c’est vraiment le bazar là-dedans. Pour le tome 3, j’ai envie de dire « peut-être », tout dépendra de ce qui germera (ou pas) dans mon esprit. Je ne fais pas de plan, de toute façon. Qui vivra verra.

* Si le support physique tend à disparaître, le support papier semble résister, mieux qu’au niveau des DVD et BR pour les films par exemple. Etant moi-même créateur d’un petit fanzine de cinéma, j’aime avoir l’objet papier entre les mains, même si, je l’avoue, au niveau des romans, j’adore aussi lire via ma liseuse. Le succès du Frissons Festival montre que le public est encore attaché à avoir un « vrai » livre entre les mains. Est-ce que le « tout dématérialisé » te fait peur en tant qu’autrice ou est-ce un moyen comme un autre pour découvrir des œuvres ?

J’adore aussi avoir l’objet dans les mains, mais comme je gigote tout le temps quand je lis, j’ai opté pour la liseuse et son côté hyper pratique et léger. Le dématérialisé, ça ne me fait pas peur. Ce qui compte, c’est l’histoire, pas le support. Et il faut aussi se rendre à l’évidence : les prix ne sont pas les mêmes. Je suis très contente que des personnes qui n’ont pas le budget pour acheter dix bouquins physiques par mois puissent le faire grâce à l’eBook. La lecture doit être accessible à tout le monde. Le dématérialisé, c’est une avancée et pas l’inverse. J’ai lu des pavés en numérique que j’aurais peut-être boudé en format papier… Et si j’aime vraiment les livres, je les achète !

* Que peut-on te souhaiter pour l’avenir Sara ?

De la réussite, du bonheur et des millions d’euros, évidemment !

MERCI A SARA TYRELL POUR SA DISPONIBILITÉ ET SA GENTILLESSE !

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Stéphane Erbisti