Meg Maine

Meg Maine

Second interview afin de vous faire découvrir des auteurs et autrices croisé(e)s lors du Frissons Festival de Reims et c'est la charmante Meg Maine qui s'y colle après Stéphane Gehin ! Une autrice belge dont votre serviteur a lu et chroniqué son roman La Maison des Pleurs, lien en fin d'interview ! C'est parti !

* Bonjour Meg Maine. Peux-tu te présenter à nos lecteurs ?

Bonjour ! Moi c’est Meg (vous l’aurez compris), j’ai 36 ans et je viens de Belgique. Et si, aujourd’hui, je me définis principalement comme autrice, je suis également illustratrice et correctrice.

* Quand j’ai lu ton nom, je me suis demandé si le « Maine » était ton vrai nom ou si c’était un pseudo rendant hommage à Stephen King ?

Il s’agit bien d’un pseudo : au moment où j’ai démarré mon activité d’autrice, j’exerçais comme enseignante. Du coup, il m’a semblé indispensable de prendre un nom de plume, et c’est Meg Maine qui s’est imposé à moi pour plusieurs raisons. En premier lieu parce que « Meg Maine Author » est une anagramme de mon vrai nom (je te laisse tester les combinaisons !) ; en second lieu parce que c’est très proche d’un surnom qui m’a souvent été attribué par erreur ; et enfin, comme tu l’as remarqué, parce que cela me permettait de rendre hommage à l’un des grands maîtres de l’horreur.
À l’heure actuelle, puisque je me suis installée comme indépendante, je n’ai plus d’obligation de recours à un nom de plume, mais « Meg Maine » est entièrement devenue une partie de moi, et je réponds aujourd’hui autant à ce nom qu’au mien.

* J’ai lu que ton premier choc filmique en matière de fantastique / horreur était le chef-d’œuvre de WesCraven, "Les Griffes de la Nuit" (qui est, pour ma part, dans mon TOP 3 forever) dont tu avais visionné la VHS vers 10 ans et la légende veut que tu te sois arrêtée à la scène culte de la baignoire. Tu peux nous parler de cette expérience et as-tu enfin vu le film en entier depuis ?

Alors, pour être tout à fait honnête, je crois que je n’avais même pas 8 ans quand je l’ai visionné. Je me souviens qu’avec ma sœur aînée et ma voisine du même âge, on avait voulu faire les malignes et qu’on avait piqué la VHS (oui, ça remonte !) dans la rangée consacrée aux films d’horreur, chez ma mère. On a passé tout le début du film à ricaner de manière inconfortable mais, après la scène du bain, j’ai rendu les armes et ai quitté le salon, suivie quelques minutes plus tard par les autres. On en a fait des cauchemars pendant des années, refusant chacune de le revoir un jour. Mais à 18 ans, lors d’une soirée Halloween avec des copines, elles m’ont convaincue de lui donner une seconde chance. J’ai passé tout le début du film la tête sous l’oreiller avant de finalement me prendre au jeu. Depuis, je ne compte pas le nombre de fois où je l’ai regardé, et Freddy est définitivement devenu l’un de mes boogeymen fétiches.

* Est-ce que ton envie d’écrire de la littérature fantastique/horrifique est venue suiteau visionnage de films de genre ou étais-tu déjà accroc à la littérature de ce type ? Ou les deux ?

Je crois qu’il y a un peu des deux. "Les griffes de la nuit" avait été une expérience assez intense pour mon jeune âge mais il a fait naître une curiosité certaine pour le genre. Je m’y suis donc assez vite intéressée, avec des classiques jeunesse comme Chair de poule, en livres comme en série. Mais je crois qu’une vraie passion est née vers 12 ans, quand, la même année, j’ai lu L’enfant des ombres de Moka (c’est la première fois que j’ai fait une nuit blanche pour lire un livre jusqu’au bout) et ai visionné "Scream" (Wes Craven, encore…).

* Pour rebondir sur la question précédente, quels sont tes auteurs « fantastique / horreur » préférés et quels sont tes livres de chevet (tous genres confondus) ?

Mon préféré dans ce genre est plutôt méconnu : il s’agit de John Ethan Py, qui n’a (pour le moment) sorti que trois romans, mais tous m’ont profondément marquée. À côté de cela, il y a évidemment quelques classiques du genre comme, Edgar Allan Poe, Stephen King, Joe Hill et Jean Ray (je ne suis pas Belge pour rien !). Mais j’adore également découvrir les nouvelles plumes prometteuses (souvent actives en autoédition), comme Sam Kujo, que j’ai commencé à lire suite à notre rencontre au Frissons Festival, en octobre.

Quant à mes livres de chevet, parmi ceux que j’ai sans doute le plus (re)lus, il y a sans surprise Harry Potter (je suis de la génération qui a grandi avec la sortie des livres), Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell (le personnage de Scarlett O’Hara est à mon sens l’un des plus fascinants de la littérature) et Le Chuchoteur de Donato Carrisi, le premier thriller à m’avoir réellement surprise de bout en bout sans recourir à des deus ex machina.

* Quand as-tu eu le déclic, l’envie folle de devenir autrice ? Qu’est-ce qui a motivé cette décision ?

Je crois que j’ai toujours voulu écrire, mais je n’avais jamais osé franchir le pas. Il y avait toujours une bonne excuse : trop d’activités extra-scolaires, trop d’étude, trop de travail… Puis un jour, je suis tombée en burn out. J’étais au plus bas et incapable de faire quoi que ce soit de mes journées… Jusqu’à ce que je décide d’essayer d’écrire ce roman qui me trottait dans la tête depuis quelques semaines. Je crois que ce soir-là, quand il est rentré du travail, mon mari ne m’a pas reconnue : j’avais l’air épanouie. Depuis, on a tout mis en place pour que je puisse au maximum me consacrer à cette passion et en faire mon métier.

* As-tu un univers particulier que tu aimes mettre en scène dans tes écrits ou es-tu ouverte à tous sortes de styles (Poétique, horreur, gore, trash, fantastique…)

Je crois que le domaine dans lequel je me sens le plus à l’aise est celui que je préfère également en littérature et au cinéma : le fantastique horrifique. Néanmoins, j’adore expérimenter et m’adonner à d’autres styles et il est possible que l’on me retrouve bientôt dans un registre un peu différent (mais je n’en dis pas plus, le projet est en cours de discussion).

* As-tu un rituel pour écrire tes histoires ? Comment se déroule ton processus créatif ? (T’isoler, mettre une certaine musique, écrire la nuit ou autres…)

Je n’ai pas vraiment de processus établi, car il diverge selon le projet en cours et l’ambiance qu’il instaure. Ainsi, la plupart du temps, je travaille en silence mais, pour La maison des pleurs, j’avais une playlist qui tournait quasiment en boucle. Je peux cependant dire que je suis incapable d’écrire de nuit (à moins d’être en pleine effervescence créative) et qu’il m’est presque impossible de commencer ma session sans une tasse de café et une bougie parfumée ou un bâton d’encens.

* Peux-tu nous présenter ton roman La Maison des pleurs et nous parler un peu de sa genèse ?

Dans ce roman, on suit une famille à deux époques : la première au moment où ils emménagent dans une maison qui a été inondée deux ans plus tôt dans l’espoir d’un nouveau départ et la seconde quelques temps plus tard, quand on comprend que le papa n’est plus là. Que lui est-il arrivé ? Est-ce en lien avec l’attitude bizarre qu’adopte la petite fille dès l’emménagement et les phénomènes étranges auxquels la mère est peu à peu confrontée ?

Dit ainsi, on a l’impression qu’on va avoir affaire à une banale histoire de maison hantée comme il en existe plein d’autres, et c’est justement un cliché avec lequel je voulais m’amuser. En fait, le trope de la maison hantée est l’un de mes préférés dans l’horreur et il me tenait vraiment à cœur de le mettre en scène dans un roman. Cela faisait un moment que j’avais mon dénouement final en tête, mais je ne parvenais pas à construire le squelette de l’histoire car toutes mes idées me semblaient être déjà vues et revues. Puis, un jour que je me baladais près de mon village natal, qui a été en partie ravagé par les grandes inondations de 2021, je suis tombée sur cette maison, marquée par les événements mais toujours debout, et je me suis imaginé la vie d’une famille y emménageant après un tel drame. C’est de là que tout est parti, de la maison elle-même ; une fois celle-ci face à moi, l’histoire s’est presque écrite toute seule.

* Tu as écrit deux recueils de nouvelles dont l’originalité est que chaque histoire se passe durant un mois de l’année, soit, logiquement, 12 histoires. Est-ce que le format nouvelles est quelque chose que tu affectionnes ? Le processus créatif est-il différent que pour un roman, y’a-t-il d’autres règles à respecter ?

J’aime beaucoup lire les nouvelles : bien écrites, elles permettent de vivre une histoire complète en l’espace de quelques pages, ce qui en fait souvent des récits très intenses. C’est également un lieu privilégié pour mettre en scène des fins ouvertes, ce que j’affectionne particulièrement.

Quand une idée d’histoire me vient, j’examine toujours si elle se prêtera davantage à un roman ou une nouvelle, selon les développements qu’elle appelle. Je travaille ensuite cette idée en ce sens, car, contrairement à ce qu’on pourrait croire, une nouvelle n’est pas qu’un roman court : elle demande une mise en place adaptée, afin de rapidement happer le lecteur et le faire s’attacher aux protagonistes. Par certains aspects, c’est plus facile que l’écriture d’un roman (un plan est moins « obligatoire », par exemple), mais par d’autres, c’est aussi plus compliqué. Pour moi, ce sont deux exercices fort différents, mais tout aussi passionnants.

* Tu peux nous expliquer comment tu as « trouvé » le sujet des histoires en fonction des mois ? C’est par rapport au climat ou à ce que représente chaque mois dans l’inconscient collectif par exemple ?

Il y a certains mois pour lesquels le sujet s’imposait de lui-même, en fonction de ce que ce mois symbolise dans l’inconscient collectif (Halloween en octobre, Noël en décembre…). Mais pour certains mois, cela a été plus compliqué, d’autant que je voulais que ça puisse parler à tout lecteur francophone, quel que soit son pays de résidence. Je me suis donc parfois intéressée aux journées internationales (comme celle consacrée au don de sang, en juin) ou aux fêtes anciennes qui trouvent encore écho dans différentes traditions populaires (comme les bacchanales, en mars, qui ont évolué en une multitude de célébrations partout dans le monde). J’avoue avoir parfois épluché les calendriers pendant des heures avant de trouver THE idée qui pourrait être exploitée de manière horrifique !

* Je vois que tu aimes aussi dessiner puisque tu fais de jolis dessins un brin macabres que tu transformes en badges ou marques-pages entre autres. C’est une autre de tes passions ?

Effectivement ! En fait, quand j’ai dit, plus haut, que je ne prenais pas le temps pour écrire, plus jeune, c’est notamment parce que je le prenais pour dessiner. J’adorais ça ! Puis, comme pour le reste, c’est passé à la trappe par manque de temps… Mais peu après avoir commencé à écrire, j’ai voulu recommencer à dessiner, comme si je retrouvais tout-à-coup mon esprit créatif et qu’il me fallait l’exprimer par divers moyens. Ça m’a fait un bien fou et j’ai décidé de partager ce croquis « de reprise » sur mes réseaux d’autrice, sans prétention aucune (je voulais juste partager le fait que j’étais heureuse d’avoir recommencé). Et à mon grand étonnement, l’engouement a été au rendez-vous. Certains lecteurs m’ont demandé s’il était possible d’en obtenir une copie et, de fil en aiguille, c’est devenu une autre corde à mon arc (je dessine bien moins que je n’écris, mais c’est un excellent moyen de faire travailler mon esprit créatif quand l’écriture est en berne !)

* Si tu devais donner envie à une personne qui ne te connaît pas de franchir la porte de ton univers, que lui dirais-tu ?

S’il est un amateur de films et/ou de littérature horrifique(s), je lui dirais qu’il sera certainement ravi de partir à la recherche des multiples références que j’aime semer dans mes écrits ; s’il est un novice en la matière, je lui dirais que c’est justement une porte d’accès privilégiée pour découvrir les diverses facettes que peut recouvrir le terme « horreur » (surtout à travers mes anthologies).

* Comme Horreur.com est un site avant tout de cinéma, tu aurais ton petit Top 5 de films fantastique / horreur / S-F à nous révéler et pourquoi ces choix ?

1) "Scream" : c’est vraiment le film qui m’a fait tomber en amour avec l’horreur, en ce qu’il combine la double casquette de film d’horreur et de film méta, capable de se moquer des clichés tout en jouant habilement avec eux.
2) "Sinister" : ce film est terrifiant de par son décalage entre l’exploitation fantastique et les scènes filmées en Super 8. Je me suis vraiment sentie mal à l’aise quand je l’ai vu la première fois.
3) "Les griffes de la nuit" : pour toutes les raisons citées ci-dessus… (Comme quoi on peut être traumatisée par un film mais tout de même l’adorer)
4) "Ring" : la version japonaise est un chef-d’œuvre de J-Horror. À part la fameuse scène exposant l’œil de Sadako, on n’y voit presque aucune image horrifique ni aucun jump-scare : tout se joue dans l’ambiance, et notamment celle instaurée par l’absence de musique (soit tout le contraire de ce qui se fait dans le cinéma américain)
5) "Gremlins" : c’est de l’horreur soft, mais c’est le premier film à m’avoir fait prendre conscience qu’on pouvait concilierépouvante et Noël, deux de mes dadas. Je le regarde à peu près chaque année en décembre.

* Ah mais au fait, j’ai zappé : tu as eu l’idée de sortir un « recueil pour chroniques de livres », en gros 120 pages permettant de répertorier nos lectures avec toutes les infos utiles et de donner notre avis, histoire que, lorsqu’on aura Alzheimer, on se souvienne de ce qu’on a lu et surtout de ce qu’on en a pensé, le tout illustré avec tes dessins. Qu’est-ce qui t’a donné cette idée de faire ça en version papier à une époque ou tout passe par le numérique ?

En fait, quand tu observes les tendances actuelles, tu peux voir que plus on se dirige vers le tout numérique et plus certaines personnes éprouvent le besoin, justement, de passer par l’écriture manuscrite pour tout ce qui touche à l’organisation et la compilation de souvenirs : le bullet journal, notamment, a le vent en poupe depuis quelques années. Pour ma part, c’est côté lectures que ça s’est joué : j’ai éprouvé le besoin, il y a quelques mois, d’en conserver une trace autre que celle que je laisse dans mon application Babelio ; un lieu où je m’exprimerais sans devoir penser à la manière dont j’allais le formuler parce que ce ne serait destiné à personne d’autre qu’à moi, et où j’aurais l’opportunité de laisser cours à ma créativité, hors des carcans de l’écran. Mais quand j’ai voulu passer à l’achat, je n’ai pas trouvé mon bonheur, soit parce que les carnets proposés n’étaient pas assez personnalisables, soit parce qu’ils étaient essentiellement dédiés à des lecteurs de romance ou de fantasy. Du coup, j’ai choisi de concevoir moi-même le carnet de mes envies, avant de finalement décider de le proposer à la vente, pour les autres psychopathes amateurs de lecture (ils sont plus nombreux qu’on le croit !).

* Dernière question : quels sont tes projets pour le futur ? Un nouveau livre en cours d’écriture par hasard ?

Je travaille simultanément sur plusieurs projets, mais je n’ai malheureusement pas encore le droit de parler de certains d’entre eux. Néanmoins, un second roman autoédité devrait voir le jour au printemps 2025 (je croise les doigts, en tout cas !). Il s’agira d’un roman horrifique, qui s’intitulera La foire aux cauchemars.

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- Chronique de "La maison des pleurs" par Stéphane

MERCI A MEG MAINE POUR SON TEMPS ET SA DISPONIBILITÉ

Stéphane Erbisti