Daryl Delight

Daryl Delight

Et de cinq, avec un nouvel interview d'auteurs ou d'autrices croisés au Frissons Festival de Reims et c'est le très sympathique Daryl Delight qui s'invite sur Horreur.com...

Salut Daryl, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?

Eh bien, d'après mes lecteurs et lectrices, je suis un psychopathe. Mais en réalité, je ne suis qu'un auteur qui aime le Thriller, le Suspense et l'Horreur. Si je devais présenter ce que je fais en quelques mots, je dirais que je ne veux pas vous ennuyer, je veux que vous restiez accroché au livre, que vous ne voyez pas le temps passé. Je veux vous rendre accro à la lecture.

Quand t’es venu l’idée de devenir écrivain ?

La première chose que les adultes demandent à un enfant : Que veux tu faire quand tu seras grand ? Ma réponse était : Je veux être écrivain. Ce métier m'a toujours passionné, tout comme l'imaginaire, le cinéma et la littérature. J'ai toujours aimé ce côté solitaire de l'homme devant la machine qui remplit une page blanche, qui crée quelque chose à partir de rien. J'adore inventer des histoires et les coucher sur le papier. Je crois que c'est ce que j'ai toujours voulu faire.

Est-ce que le choix de te diriger vers le fantastique et l’horreur était clair dans ton esprit dès le départ ou tu as tâtonné dans d’autres genres ? Que permet ce genre littéraire pour toi ?

En réalité, je n'ai écrit qu'un livre d'horreur fantastique. Je ne sais pas pourquoi je renvoi cette image. Je sais que tu as lu « Une nuit au funérarium » et il n'y a pas vraiment de fantastique dedans. Que de l'horreur, du thriller, de l'humour noir, et beaucoup de cadavres. Je reviendrai sûrement un jour au fantastique, mais je ne peux pas vous dire quand, car je ne le sais pas moi même.

Es-tu fan de littérature fantastique ? Quels sont tes auteurs et romans préférés ?

J'aime lire de l'horreur fantastique, mais là encore, je préfère quand les histoires sont ancrés dans la réalité. Mon auteur favori reste Stephen King. Mon roman préféré est Misery, et il n'y pas de fantastique dans Misery. J'aime beaucoup La part des ténèbres également, où le fantastique prend plus de place.

Idem, le cinéma fantastique et horrifique est-il un domaine qui fait partie de ta vie ? Quels sont tes films favoris dans ce domaine ?

Wes Craven m'a bordé toute mon enfance. Freddy Krueger est sûrement le premier personnage horrifique qui m'a fasciné et qui m'a fait aimé le genre. J'ai ensuite découvert Jason Voorhees, Michael Myers ou encore la poupée Chucky. On est dans les années 90 et il faut soit louer des VHS, soit attendre que les films passent à la télévision. La meilleure chaine de l'époque ? RTL9 qui passaient énormément de films du genre. Wes Craven est pour moi une grande référence, même si je ne m'en inspire pas forcément dans mon travail.

Plusieurs de tes livres sont constitués de nouvelles. Est-ce un format qui te convient ? Est-il plus difficile à ton avis d’écrire des nouvelles ou un roman ?

Une histoire commence et se termine quand elle doit se terminer. Il y a des récits qui ne peuvent pas faire 400 pages au risque d'ennuyer le lecteur. Je n'aime pas quand les auteurs tentent d'étirer au maximum en ajoutant des péripéties qui ne servent en rien l'intrigue, juste pour avoir un livre plus gros. Je préfère être captivé sur un livre court que de m'endormir sur un livre soporifique de 450 pages. Alors oui, certaines de mes histoires ne font que 50 ou 100 pages, et je les inclus dans un recueil. Je ne veux pas non plus être considéré comme un auteur de nouvelles. J'ai tout de même écrit trois romans, et je compte bien en écrire d'autres.

Ce que je peux dire, c'est que psychologiquement, il est plus facile de publier un recueil qu'un roman pour un auteur... en tout cas pour moi. Si votre histoire ne plaît pas au lecteur, c'est foutu dès le départ, vous l'avez perdu. Alors que dans un recueil, je dis au lecteur : « Bon, tu n'as pas aimé cette petite histoire, mais attends, j'ai d'autres choses à te raconter et je suis sûr que ça va te plaire ! »

Comment se passe le processus d’écriture chez toi ? Tu as un rituel particulier (ambiance, musique, autre) ?

J'écris dans le silence dans mon bureau. J'aime faire des pauses. Il m'arrive rarement de passer des heures à pianoter sur mon clavier. J'écris une heure, puis je lis un peu, ou joue à un jeu vidéo, ou bien je sors de chez moi pour me promener. Puis je reprends l'écriture. Ces pauses sont importantes pour moi car elles me permettent de réfléchir à mon histoire. C'est un processus à ne pas négliger. Je visualise ce que j'ai écrit, ou ce que je vais écrire, comme un film, image par image, pour ensuite passer à l'étape de l'écriture.

Peux-tu nous présenter « La légende de Spellman », sorti en 2017 ?

Ah, mon premier livre. Je l'ai écrit pour moi sans savoir qu'il serait autant lu et apprécié. Ma plume a évolué depuis et je ne conseille jamais de commencer par celui-ci. C'est un livre apprécié par les fans du genre horreur fantastique, et c'est normal car il est un hommage au genre. C'est un livre où je me suis fait plaisir, et où je n'ai pas forcément réfléchi à ce que je faisais. Je voulais juste me faire plaisir en écrivant.

En 2018, tu sors « Amalia ». De quoi parle ce roman ?

Je venais d'écrire La légende de Spellman qui est un recueil de nouvelles. Je voulais donc écrire un roman complet. Je ne voulais pas me perdre pour un premier essai, surtout que j'avais acquis des lecteurs avec mon premier livre qui attendait la prochaine histoire. Alors j'ai décidé de faire un huis clos avec peu de personnages. Je voulais qu'il y ait du suspense à chaque chapitre, des rebondissements et une fin inattendue. Je crois que j'ai réussi mon pari.

L’année suivante, tu offres au lecteur une sorte de préquel à « Amalia » avec « La Famille Nilsen ». Avais-tu déjà prévu d’étendre l’univers mis en place dans « Amalia » lors de la rédaction de ce dernier ? Et Pourquoi un préquel ?

La famille Nilsen plaît énormément et beaucoup me découvrent avec celui-ci. Ce qui est dommage car on se spoile Amalia. À ce jour, c'est mon plus gros roman, 521 pages. Si vous le lisez sans lire Amalia, vous allez penser que je suis dingue. C'est un peu comme regarder la série Bate's Motel sans connaître le Psychose d'Hitchcock. Vous pouvez vous demander « Mais qui est assez fou pour écrire une histoire pareil ? ». Mais si vous avez lu Amalia, vous comprenez que les personnages en sont tirés.

En fait, ces personnages m'ont tellement fascinés dans leur vices, que je me suis dit que je devais raconter leur histoire. C'est à la fin de l'écriture d'Amalia que j'ai vraiment voulu m'y mettre. Mais il n'y avait rien de prévu à la base. Oh non, pas du tout !

Tu enchaînes avec « Une nuit au funérarium » en 2020, qui se compose de plusieurs histoires, racontées par le croque-mort du coin et que j’ai trouvé vraiment bien. Tu peux nous parler de la genèse de ce livre ?

Je crois tout simplement que je m'inspire de tout ce que j'ai vu ou lu dans ma vie, sans vraiment y faire attention. J'avais une ou deux nouvelles en tête, et j'ai pensé : « Ce serait cool qu'il y ait un fil conducteur. Tiens, un Thanatopracteur dans un funérarium qui nous présente les cadavres et nous raconterait leurs histoires. Ouais, ça va être très sympa ! »
Je pense que ça me vient des contes de la crypte qui m'a marqué quand j'étais gosse. J'adorais le jeudi soir rien que pour ça. C'est sûrement la série qui m'a soufflé l'idée. Avec du recul, je pense que Tony Todd m'a inspiré le personnage de Jasper avec son rôle dans destination finale.

Au Frissons Festival, je t’ai dis que j’avais vu un obscur film de 1978 (The House of the Dead) qui avait le même concept que « Une nuit au funérarium » et ça t’avait un peu embêté car tu ne pensais pas que quelqu’un avait déjà eu cette idée. C’est frustrant pour un écrivain de découvrir que son idée n’est en fait pas inédite ?

Oui, même si je sais qu'en 2025, c'est compliqué de ne pas reproduire ce qui a déjà été fait, j'essaie de ne jamais copier et d'être original. Alors quand on me dit que mon livre ressemble à un film, j'ai l'impression d'être un imposteur.

Mais il y a pire dans « Une nuit au funérarium ». La première nouvelle qui se nomme Billy et Sid, je l'ai écrite en pensant être original. Deux ans plus tard, je devais faire un live sur les contes de la crypte sur la chaine youtube « La séance de Minuit ». En faisant quelques recherches, je me rends compte que deux saisons n'ont jamais été traduit et diffusé à la télévision française. Moi, je regardais les contes quand j'avais 8 ou 10 ans, et quand cela passait sur la 6. je n'ai jamais revisionné d'épisodes par la suite, et encore moins en sous titré. Donc je me mets à regarder la saison 6, saison que je n'ai jamais regardé, et arrive un épisode qui me glace le sang. Les personnages, la situation, l'ambiance, tout, absolument tout, me fait penser à ma nouvelle ! Je me suis d'abord dit « C'est dingue ! » et puis « Oh merde, on va me dire que j'ai plagié ». Et pourtant, ce n'est pas le cas, puisque je ne l'avais jamais vu. Heureusement, il y a tout de même pas mal de différence entre l'épisode et ma nouvelle.

En 2022, c’est la sortie de « Incarnation », qui, lui, est la suite d’ « Amalia ». Qu’est-ce qui t’a poussé à revenir dans cet univers et as-tu dans l’idée d’écrire un Tome 4 à la saga Nilsen ?

Il ne devait pas y avoir de tome 2 au départ. Mais, vous savez, parfois vous vous levez un matin avec un éclair qui vous traverse l'esprit, et vous vous dîtes « Ca ferait un super roman ! ». C'est ce qui s'est passé pour cette suite. J'ai eu une idée et elle ne m'a pas lâché. Je devais l'écrire !
Il pourrait y avoir un tome 3 (ou 4 si on considère le préquel comme une suite), mais je n'ai pas vraiment l'idée de génie qui me pousse à me lancer. Un jour peut-être, mais ne vous y attendez pas trop.

En 2024, retour au format nouvelles avec « Noël Sanglant à Gresly Hill » ! Tu nous le présente ?

J'adore Noël. J'adore l'ambiance qui s'en dégage avec la neige et tout le tralala qui va avec. J'adore les films de Noël aussi, pas ceux qui passent sur tf1 l'après-midi hein, je vous parle de films comme « Gremlins » par exemple. Cela faisait un moment que je voulais écrire un recueil sur cette période. J'avais déjà quelques histoires en réserve à inclure dedans, alors je me suis dit que c'était le moment de le faire.

Tu t’auto-édites si je ne dis pas de bêtises. Est-ce difficile pour un nouvel auteur de percer dans le milieu ? Que t’apporte l’auto-édition par rapport à un éditeur ?

Cela devient compliqué oui. Mais pas impossible, loin de là. Avec un bon roman, une bonne plume et un bon marketting, on trouve forcément des lecteurs. Personne ne me suivait quand j'ai sorti mon premier livre. Les lecteurs et lectrices arrivent petit à petit et s'ils aiment ce que vous faites, alors ils veulent en lire d'autres. On construit petit à petit un lectorat, et ça ne se fait pas du jour au lendemain. Il faut savoir être patient et aimer ce que l'on fait.

Disons que l'auto-édition apporte une certaine liberté. Je n'ai jamais été édité, mais je pense qu'il y a du bon et du mauvais dans l'un et l'autre.

Tu participes à plusieurs salons littéraires, comment se passe la rencontre avec tes lecteurs ? Ca te booste pour écrire de nouvelles histoires ?

En fait, je n'ai fait que le frisson festival pour le moment, deux années de suite. J'aimerais faire plus de salon cette année, mais il faut dire que c'est toute une organisation. Il faut s'y prendre des mois à l'avance pour s'inscrire et trouver les formulaires n'est pas toujours facile. Mais, évidemment, j'adore rencontrer les gens qui me lisent. Ils sont si gentils ! Et je dois dire que oui, ça encourage grandement à continuer. Je reçois beaucoup de messages sur les réseaux aussi, ça booste énormément de savoir que les lecteurs attendent les prochains livres et qu'ils ont aimé les précédents.

J’ai remarqué qu’il y avait une part féminine fortement en hausse dans le domaine de la littérature horrifique et fantastique. Comment expliques-tu que les autrices soient si nombreuses alors que dans le domaine du cinéma de genre, elles se comptent sur les doigts des deux mains ?

Je ne crois pas qu'il y ait une hausse significative. Les femmes ont toujours écrit. Mary Shelley a publié Frankenstein en 1821. Mais il est vrai qu'elle l'a publié anonymement. La société a changé, et les éditeurs laissent sûrement plus de place aux femmes aujourd'hui. Pareil pour le cinéma horrifique, le premier nom qui me vient en tête est Mary Lambert qui a réalisé Simetierre en 1989. On espère en voir de plus en plus aux commandes.

Si tu devais donner envie à quelqu’un qui ne te connaît pas de découvrir ton univers, que lui dirais-tu et quel livre lui conseillerais-tu de lire en premier ?

Si tu me lis pas, je te bute ! Haha. Je dirais simplement de lire les résumés et si l'envie vous prend, et bien sautez le pas, vous ne le regretterez pas !

J'ai toujours conseillé de commencer par Amalia ou une nuit au funérarium. Tout simplement parce que Amalia est le premier Tome d'une trilogie, que l'action est omniprésente et que les rebondissements abondent tout le long du roman. Et Une nuit au funérarium, je suis certain que vous passerez un bon moment. Aujourd'hui s'ajoute Noël sanglant à Gresly Hill que je peux aussi conseiller pour me découvrir.

Des projets déjà en tête ou en cours d’écriture pour le futur ?

J'ai quelques idées dans mes tiroirs. J'avais commencé un roman il y deux ans et j'aimerais beaucoup le reprendre. Pour le coup, il y a une légère touche fantastique. Je me penche sur la question et je vous en dis plus dès que je sais.

Que peut-on te souhaiter pour l’avenir ?

De ne pas décevoir mes lecteurs et lectrices. C'est ma plus grande peur.

MERCI A DARYL POUR SA DISPONIBILITE

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Stéphane Erbisti