Seytan
Seytan
Gül, une jeune adolescente de 12 ans, voit son comportement changé sans raison particulière. Inquiète, Ayten, sa mère, amène sa fille voir divers médecins et spécialistes, qui lui font passer des tas d'examens, sans succès. Pensant que sa fille est possédée, Ayten contacte Tugrul Bilge, un psychologue qui a écrit un ouvrage sur la possession et les exorcismes. Convaincu qu'un démon habite le corps de Gül, Tugrul demande l'aide d'un exorciste afin de libérer Gül de l'entité qui a pris possession de son corps et qui dit être Satan...
L'AVIS :
Bon, je pense qu'à la lecture de ce résumé, vous avez tous en tête le célèbre film de William Friedkin, "L'Exorciste" bien sûr ! Normal puisque "Seytan", réalisé par le Turc Metin Erksan en 1974, soit un an après le succès phénoménal du classique avec Linda Blair, en est une copie presque conforme. L'Esorcista ad Istanbul ou le Turkish Exorcist comme il se fait aussi appeler, reprend en effet des pans entiers du film de Friedkin, et utilise même le fameux Tubular Bells de Mike Oldfield, sans se soucier des notions de plagiat ou de droit d'auteur ! Avec son lot d'acteurs totalement inconnue en France, "Seytan" va donc nous proposer une version turque de la mésaventure de la jeune Regan, rebaptisée ici en... Gül !
La jeune fille est interprétée par Canan Perver, qui n'en finit plus de faire de gros yeux ou de rire de manière diabolique pour nous faire comprendre qu'elle est possédée, avant que son visage ne soit maquillé à outrance pour signifier sa possession. Vous aurez tous les effets du film de Friedkin ici, en nettement plus cheap bien sûr, mais quand même : la tête qui pivote à 180 degrés, le crachat de vomi, l'urine qui coule dans les escaliers, le lit qui est pris de spasmes, le langage ordurier et même la scène de masturbation sanglante, le crucifix chrétien ayant été remplacé ici par une sorte de dague à tête de démon.
Si le réalisateur a mis de côté tout le combat entre le Bien et le Mal du film de 1973, transformant même le rôle du Père Karras en simple psychologue écrivain d'un livre sur la possession, ce qui fait perdre toute la dimension spirituelle et religieuse qu'on trouvait dans "L'Exorciste", il a par contre gardé l'aspect médical, faisant subir à Gül des tas d'examens et de visites chez des médecins, psychiatres, hypnotiseurs et j'en passe. Ponction de moelle épinière, électrochoc au niveau du cerveau et autres désagréments tenteront d'expliquer le changement de comportement de Gül, sans jamais rien solutionner. Sa mère, interprétée par la jolie blonde Meral Taygun, qui aurait pu être actrice dans des giallos italiens sans problème, joue l'hystérie et l'impuissance de manière convenable et ne sait plus vers qui se tourner avant de tomber sur le livre de Tugrul Bilge dans le grenier.
Ce dernier, joué par Cihan Ünal, ne croit pas les dires de la mère avant de se rendre lui-même au chevet de Gül et de constater que la jeune fille est bel et bien sous l'emprise d'un démon peu commode et pas très aimable. Le maquillage n'est pas aussi réussi que celui de Linda Blair mais ca va, il fait le job, avec pas mal de cicatrices et un teint verdâtre qui nous fait bien comprendre ce qu'il faut comprendre ! Ah oui, on aussi la présence d'un détective et même le fameux escalier sous la fenêtre de Regan... euh de Gül je veux dire ! Il connaît l'original sur le bout des doigts ce Metin Erksan !
Le final est bien sûr consacré à l'exorcisme et il faut avouer qu'il est nettement moins puissant et flippant que dans le film de 1973 ! Maintenant, la question que je me pose, c'est : est-ce que Seytan est réellement un nanar, comme on peut le lire un peu partout ? Parce qu'en l'état, et si on oublie que ce n'est qu'un gros plagiat du Friedkin, le film est traité avec sérieux, on n'est pas du tout dans le registre de la parodie ici. Les acteurs essayent de bien jouer, les effets spéciaux sont certes au rabais et font un effet bricolé mais le budget n'a pas du être bien gros et les techniciens ont fait avec ce qu'ils avaient sous la main.
En fait, c'est la découverte du cinéma turc qui donne à Seytan un look nanar, parce qu'on a pas l'habitude de voir ces acteurs avec leur coupe de cheveux improbable et qui sont tellement éloignés de leur confrères américains ou européens en terme d'acting ou de charisme. Toujours est-il que la vision de Seytan, même si elle fait sourire la plupart du temps, n'est pas désagréable et que découvrir du cinéma fantastique d'un pays autre que les incontournables fait plaisir à voir !
* Disponible en DVD (vostf) : https://uncut-movies.myshopify.com/products/seytan-dvd