L'AVIS :

Si l’on compare le film objet de notre critique avec le cultissime "Les griffes de la nuit" dans lequel des parents semblaient cacher quelque chose chaque fois que leurs enfants posaient trop de questions et qui donc avaient des lacunes pour communiquer avec eux, on remarquera que les maux sont les mêmes dans Grimcutty avec des géniteurs devant faire face à de nouveaux problèmes propres à leur époque certes, mais dissimulant certains faits à leurs rejetons et éprouvant également des soucis de communication. Dans un cas comme dans l’autre, un chasseur surnaturel les poursuit, ce qui pousse fortement les enfants à chercher des réponses à travers leurs propres enquêtes.

Dans Grimcutty, après avoir brusquement quitté son équipe d'athlétisme sans véritable raison, les parents d'Asha et de son frère Kamran sont devenus très stricts. Ils ont donc, après quelques recherches, pris conscience que le temps passé devant un écran pouvait entraîner une sorte de dépression débilitante chez les adolescents et ont ainsi décidé de désintoxiquer leurs enfants et de réduire leur temps passé devant un écran en confisquant tous les objets pouvant être connectés à Internet. Lors d'une sortie sans téléphone, ils entendent parler d'un nouveau défi pour lequel les enfants se coupent, l'un poignardant même sa mère en prétendant qu'une entité démoniaque nommée Grimcutty lui a dit de le faire ! Malgré cela, Asha brave les interdits de ses géniteurs et est bientôt confrontée au croquemitaine venu du Net. S’en suivra alors une lutte sans merci dans le but de découvrir comment annihiler le monstre sévissant de plus en plus !

Voici donc en substance le pitch de cet énième film d'horreur sur les réseaux sociaux, à la différence que celui-ci est distribué par la plateforme de streaming Hulu / Disney+, cherchez l’erreur ! Sur le papier pourtant, ce métrage a l’air correct car il évoque l'anxiété des parents vis-à-vis du rapport qu'entretiennent les enfants avec les réseaux sociaux, alors que le récit apporte un petit plus en évoquant sans forcément trop les expliquer des termes récents comme les tutoriels ASMR (vidéos de relaxation par le son) et le syndrome FOMO (la peur de manquer une information capitale si on n’interagit pas avec son portable ou tout autre appareil connecté). Tout comme il est intéressant de souligner que le monstre apparaît au fur et à mesure que les parents se font du souci pour leurs rejetons, autrement dit c’est de leur paranoïa que vient le danger, bien vu !

Toutefois, si le fond peut paraître judicieux, la forme, quant à elle, semble très paresseuse et répétitive. C’est bien simple, cela ne fait pas très peur, les jump scares étant mal disséminés et l’ensemble manque tout de même pas mal d’hémoglobine. De plus, le monstre Grimcutty (qui est incontestablement basé sur la créature du Net Momo qui a été faussement signalée comme un défi suicide ayant poussé une fille de 12 ans à se suicider) est certes sympa de prime abord mais un peu trop calqué sur le "Slender Man" avec son corps dégingandé et ressemble à s’y méprendre à Ryuk, le dieu de la mort dans le manga Death Note au niveau faciès. Bref, pas très original comme look ! Alors quand en plus, on n’a aucun background concret concernant les origines du croquemitaine issu d’Internet et que l’enquête est trop classique dans son déroulé et vous aurez-là une idée de ce qui vous attend !

Ainsi, évaluer Grimcutty n’est pas chose aisée car l'allégorie derrière le film est une idée formidable, mais la vérité, c’est que son traitement est problématique. Tout d'abord, le rythme du film est trop disparate. Commençant par une ouverture froide qui attire vraiment l’attention, le long-métrage passe ensuite à nos personnages d'introduction, qui nous sont lancés comme ça dans un tourbillon d'exposition, avec les protagonistes finalement clichés entre la vlogger girl, le gamer boy couvés par des parents surprotecteurs ! Côté distribution, les plus observateurs auront tout de même remarqué la présence de Shannyn Sossamon ("Catacombes", "La mort en ligne 2008", "The day" et "Sinister 2"), qui a d’un seul coup bien vieilli et paraît datée, un peu comme ce long-métrage au moment où je vous parle !