Affiche française
WILLOW | WILLOW | 1988
Affiche originale
WILLOW | WILLOW | 1988
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Willow

Willow

Au château de Nockmaar, la reine Bavmorda projette de tuer un nouveau-né qui, selon une prédiction, la détrônerait un jour. Sauvé par une sage-femme, le bébé est transporté au fil de l'eau d'une rivière, arrivant dans le village des Nelwyns, des nains pacifistes. L'un d'eux, Willow Ugfood, est chargé de sauver l'enfant et part à l'aventure. Et pour arriver jusqu'au château de la terrible sorcière, le périple sera long et dur…

WILLOW | WILLOW | 1988

L'AVIS :

Malgré le succès fracassant de trilogie "Star Wars", George Lucas ne touchera plus à une caméra avant "Star Wars épisode 1 : La menace Fantôme". Avide de cash comme son voisin de palier Steven Spielberg, il décide d'aligner production sur production comme son grand compagnon : "Howard the duck" (nanar intergalactique irrésistible), "Labyrinth" (David Bowie + Jim Henson + Terry Pratchett + Lucas, vous captez ?), les spin-off puérils "Ewoks", quelques Kurosawa… Et puis une soudaine plongée dans l'Heroic Fantasy avec "Willow", véritable bonheur pour certains, ratage involontaire pour d'autres.

C'est le très (trop) sage Ron Howard qui est appelé à la réalisation, ex-Richie Cunningham et personnalité inoffensive qui avait déjà signé dans le domaine du fantastique "Splash" (adorable histoire d'amour entre un gentil coincé et une sublime sirène) et "Cocoon" (quand E.T va faire un tour à la maison de retraite). Ron Howard ayant un style finalement sans saveur et presque inexistant, c'est l'ombre de Lucas qui plane pendant tout le film, ici présent en tant que scénariste et producteur. Moins aseptisé qu'on pourrait le penser, "Willow" est une bonne surprise qui se cassera la gueule au box-office, tout comme "Labyrinth" ou "Dark Crystal". A la manière de "Star Wars", ces trois films ont tenté de créer un univers à part entière et n'ont pas su toucher suffisamment le public.

Lucas cherche son inspiration un peu n'importe où pour les besoins de son film, histoire de ne pas trop se creuser la cervelle : on retrouve un peu de "Seigneur des Anneaux", du Grimm, du Disney… On frôle parfois la dark-fantasy pour s'en éloigner (alors que "Legend" nous plongeait dans un univers terrifiant et ténébreux dès la deuxième partie), car même si certaines idées restent cruelles et que certains personnages s'en approchent (Bavmorda ou encore le Général Kael), Lucas préfère encore apaiser la sauce et ne pas aller trop loin. L'univers mis en place est pourtant assez sombre pour que de magnifiques envolées de violence ou des audaces visuelles eussent pu être déployées (dans "Le seigneur des anneaux", le combat contre le roi sorcier, la grotte des morts, ou encore les marécages hantés réussissent à toucher ce côté Dark Fantasy, ou encore la vierge bouffée par des bébés dragons dans "Le dragon du lac de feu"). On est donc assez loin des fameux "livres dont vous êtes le héros" ou encore des peintures de Frazetta.

Simple comme dans "Legend", l'histoire tourne autour du sauvetage d'un bébé, Elora, confié à Willow, un brave nain habitant un village sans histoires. Pour cela, c'est l'acteur nain le plus célèbre de l'histoire du cinéma qui endosse le costume de Willow, j'ai nommé Warwick Davis, qui fut le lutin "Leprechaun", un Ewoks ou dernièrement le petit psychopathe lanceur d'assiettes dans "Ecorché Vif".
Aidé par l'arrogant Madmartigan, il est chargé par la fée Cherlindra de faire appel à Fin Raziel, sorcière pacifiste qui peut supprimer Bavmorda, une horrible sorcière lançant quelques cavaliers aux trousses du bébé pour le supprimer définitivement. Elle en profitera également pour envoyer sa fille, Sorsha, qui va petit à petit tomber dans les bras de Madmartigan.

Société associée à Lucas et à Spielberg, ILM reproduit avec une grande classe un univers merveilleux, très inspiré par l'œuvre de Tolkien. Jamais toc, très crédible, il est largement épaulé par les fameux FX, qui ont su faire parler d'eux. Car "Willow" saura tirer profit du morphing dans une scène de transformation presque impensable pour l'époque. Le procédé fonctionne, les images de synthèse font un pas en avant. Pour le reste, c'est du tout bon, techniquement, "Willow" ne souffre pas de grand-chose.

Mais comme je l'ai affirmé plus haut, "Willow" baigne dans une atmosphère sombre et travaillée, mais jamais réellement exploitée. Peu d'écarts de violence voire même aucun, malgré une bataille finale assez brutale (même l'inoffensif "Conan le destructeur" se permettait une ou deux giclées de sang). A la place, Lucas et Howard préfèrent disséminer des idées grotesques voire aberrantes : un pas mal placé et inutile dans une merde de troll, un magnifique dragon à deux têtes confectionné accidentellement à partir de la transformation d'un troll en espèce d'étron, une espèce de chaudron doué de vie poursuivant Willow, Val Kilmer qui se déguise en femme, des mercenaires transformés en cochons (d'ailleurs les pauvres bêtes forniquaient sans arrêt sur le plateau et il fallait de bons jets d'eau froide pour les calmer), un nain qui se prend un excrément d'oiseau en pleine face… Maintenant allez savoir si ces idées viennent de Lucas ou de Howard (le canard ?).

Parrain du film, Lucas transforme, par ses mains pas vraiment expertes, le film de Ron Howard en une sorte de "New Star Wars" en plaçant quelques similitudes avec sa saga intergalactique. Déjà les transitions visuelles rappellent fortement celles de "Star Wars", ensuite on remarquera que chaque personnage (ou presque) de "Star Wars" a son pendant Fantasy : Willow est une version mini de Luke, Madmartigan rappelle Han Solo (arrogance et bravoure comprises), Sorsha est certes agressive au début mais se rapproche quelque peu du personnage de Leia, la reine Bavmorda peut être vue comme Dark Sidious, (pour la gueule la plus moche de la galaxie et le sadisme, ils sont fort les deux) ou Dark Vador, le Général Kael renvoie à Boba Fett ou à Dark Vador, Fin Raziel est un Obi Wan féminin, les deux lutins Brownies(!?!) forment un tandem similaire (en moins drôle et moins supportable) à celui de R2D2 et de C3PO. Quant au sabre laser, il est remplacé par une baguette magique, les Trolls sont des Wookies gueulards et même le dragon renvoie un peu au Rancor. Comme quoi, Lucas ne va pas chercher très loin ses idées…

Evitant le coté cheap de certaines productions d'Heroic Fantasy, "Willow" a son lot de scènes fortes et trépidantes, de morceaux de bravoure (la descente sur la neige, le spectaculaire combat final, l'apparition des Trolls, l'attaque du village par une sorte de rat chien…), et fait preuve d'un grande habilité lorsqu'il s'agit de bien maîtriser son rythme. "Willow" est une superproduction qui n'est peut-être pas exempte de défauts, mais qui nous en donne pour notre argent avec son avalanche d'effets spéciaux et de magie, il peut donc se loger sans problème dans les petites réussites du cinéma d'heroic-fantasy.

WILLOW | WILLOW | 1988
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WILLOW | WILLOW | 1988
Bande-annonce
Note
4
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Jérémie Marchetti