Affiche française
KILLER JOE | KILLER JOE | 2011
Affiche originale
KILLER JOE | KILLER JOE | 2011
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Killer Joe

Killer Joe

Malgré les tensions qui agitent sa famille, Chris trouve le moyen de se mettre à dos un groupe de dealers menaçant de l'envoyer ad patres. Pour trouver l'argent nécessaire au deal calamiteux, il décide, en compagnie de sa soeur et de son père, d'éliminer sa propre mère ! Mais plutôt que de se salir les mains, Chris fait appel à un flic réputé pour une seconde vie de tueur à gages...

KILLER JOE | KILLER JOE | 2011

On savait que Friedkin était déjà fou. Le voilà maintenant vieux et fou : après une traversée pénible des 90's, la niac semblait revenu au détour d'une variation moderne de Rambo avec Traqué et d'un huis-clos parano-poisseux avec "Bug". Killer Joe, son dernier opus, opte d'ailleurs pour une prolongation directe de ce dernier : toujours flanqué de Tracy Letts à l'écriture, il adapte à nouveau une de ses pièces barjos, faisant irruption dans le foyer pourrissant d'une famille de ploucs.

De "Bug", on retrouve en effet le même besoin de distiller une ambiance déliquescente, chargée, où la sympathie des personnages se transforme rapidement en rejet un brin fasciné. Si quelques passages rajoutés par Friedkin oxygènent les origines théâtrales du récit, la concentration sur un lieu central creuse un huis-clos de plus en plus étouffant, jusqu'à l'explosion finale. Tout comme dans..."Bug".

La radicalité et l'ambivalence de Friedkin, autant vis à vis de ses personnages que de son public, brûle une fois de plus ici de milles feux, au grand dam de ses détracteurs.
On ne sait à qui s'accrocher dans cette famille de marlous enterrés au fond de leur trou : blanc-bec aux combines foireuses, Chris souhaite offrir un avenir meilleur à sa soeur Dottie, une nymphette somnambule faisant du kung-fu dans son salon (!!). A son père hébété, il propose alors de faire appel au service d'un flic assassin pour occire sa propre mère et toucher son assurance vie. Difficile quand on a pas d'argent pour payer le dit assassin, empirant davantage une situation déjà fort hasardeuse...

Toujours en forme, Friedkin envoie balader la MPAA et refuse de remonter son film, écopant d'un NC-17 massif : la crudité ambiante, jusqu'aux nudités frontales (icône bitchy des 90's grâce aux formidables Showgirls et Bound, Gina Gershon ne cache pas grand chose, et ceci à peine le film commencé !), ne sont rien à face à l'épilogue déchaîné, aux débordements quasi-pornographiques.

Bref, autant dire que ça se fritte pas mal autour d'un paquet de fric, dans une tradition néo-noir brûlante, qui remonte ici jusqu'à des cimes plus inattendues : tout comme Drive le fit récemment ou encore "Sailor & Lula", Killer Joe ne se formalise pas en simple polar et dérive vers le cauchemar et l'iréel, avec sa morale de conte fustigé dans le sang.

Le Texas de Friedkin semble aussi menaçant que celui de Tobe Hooper, et ne peut s'empêcher d'évoquer des atours de contes jusque dans sa crasse : princesse endormie, marâtre vulgaire, patriarche désemparé ; reste à savoir, du looser martyr ou de killer joe, qui est le prince charmant. A ce titre, Matthew McNaughey - décidément très présent en ce moment - bouscule un peu sa filmo dans un rôle de grand taré faisant office de visage obscur de la loi. Raison de plus d'ailleurs de ne faire confiance à personne dans ce petit théâtre de la cruauté et de le savourer. Mais gare à la nausée...

KILLER JOE | KILLER JOE | 2011
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KILLER JOE | KILLER JOE | 2011
Note
4
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Jérémie Marchetti