Affiche française
Egō | Pahanhautoja | 2022
Affiche originale
Egō | Pahanhautoja | 2022
Un film de
Scénario
Date de sortie
Genre
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oui

Egō

Pahanhautoja

Tinja, 12 ans, vit dans une belle maison en compagnie de son père, de son petit frère Matias et de sa mère. Cette dernière est bloggeuse et présente sur les réseaux sociaux sa famille comme ayant une vie parfaite, en postant de nombreuses vidéos. En réalité, c'est une femme très exigeante, qui veut faire de Tinja une gymnaste accomplie. La jeune adolescente tente de faire de son mieux pour plaire à sa mère. Après un incident domestique, Tinja découvre dans les bois avoisinant un étrange œuf. Elle le rapporte dans sa chambre, le couve et en prend grand soin. La créature qui va éclore de cet œuf va bouleverser sa vie...

Egō | Pahanhautoja | 2022

L'AVIS :

Première réalisation de Hanna Bergholm, Egō est un film finlandais, dont le titre original, Pahanhautoja, veut dire "éclosion". Un premier film salué par la critique et par les jurys des divers festivals dans lesquels il a été montré, raflant par exemple le Grand Prix et le prix du jury jeunes lors du 29ème festival de Gérardmer. Une oeuvre originale, bien éloignée des films un peu formaté qu'on nous propose à longueur d'années. Jouant savamment avec la métaphore, Egō nous propose de suivre la vie de la jeune Tinja, une ado de 12 ans qui semble vivre dans une famille parfaite et dans un cadre de vie idéale. Une vie constamment filmée par sa mère, qui met sur les réseaux sociaux lesdites vidéos pour son activité de bloggeuse. Bien sûr, la perfection n'existe pas et ce beau verni brillant va commencer à s'effriter et à se briser avec le passage de l'enfance à l'adolescence de Tinja.

Certes, cette thématique n'est pas nouvelle dans le cinéma fantastique, on pense entre autres à "Ginger Snaps" qui utilisait la figure du loup-garou pour symboliser cette transition douloureuse chez un enfant ou au plus récent "Grave", qui, lui, utilisait la symbolique du cannibalisme. Dans Egō, ce sera... un œuf ! Cet objet, anodin de prime abord, va donc devenir l'élément central de l'histoire, concentrant toutes les pulsions refoulées, tous les non-dits, toutes les questions existentielles de Tinja. Il faut dire que la jeune fille a de quoi être instable psychologiquement : derrière son beau sourire enjôleur, sa mère est un véritable tyran, qui veut transférer sa carrière ratée de patineuse sur sa fille en la faisant devenir une gymnaste de haut niveau, sans se soucier de son avis, lui imposant un régime drastique et un entraînement qui l'est tout autant ; son petit frère Matias est un teigne qui veut s'accaparer toute l'attention de ses parents ; quant à son père, il est tel un fantôme dans cette maison, subissant la force de caractère de sa femme et n'accordant que très peu de temps à Tinja. On le voit, la vie rêvée de Tinja n'est qu'une simple façade et la jeune adolescente ressent un réel manque d'amour et d'affection. Trouver cet œuf étrange va changer son comportement : en le couvant et en le protégeant comme elle le fait, elle prend le rôle d'une mère qui aime son futur enfant à naître.

La créature qui va en éclore, elle aussi d'apparence bien curieuse mais pas tant que ça au final, puisque conditionnée par un incident domestique récent qui a beaucoup perturbé Tinja, va nouer une relation psychique avec sa nouvelle "maman", ressentant les frustrations de cette dernière, qui se voit grandir bien trop vite suite à quelques découvertes sur sa mère qui la fragilise encore plus. Une créature qui incarne aussi le fameux "monstre du placard" de notre enfance, symbolise également les problèmes d'anorexie dont sont malheureusement victimes bon nombres d'adolescentes, mais qui va prendre une autre tournure au fur et à mesure de l'avancée des événements, devenant "le monstre intérieur qui sommeille en chacun de nous". Je vous laisse la surprise bien sûr, mais l'ombre de la saga des Body Snatchers devrait résonner à vos esprits et cette déviation apporte encore plus d'intérêt à Egō. Si l'histoire est solide et particulièrement intrigante, la mise en scène d'Hanna Bergholm est elle aussi très maîtrisée, réussissant à faire naître une tension palpable lors de certaines séquences jouant sur le suspense.

L'interprétation est aussi à mettre en avant, et notamment le jeu de la jeune actrice Siiri Solalinna, une petite révélation tant elle se montre à l'aise face à la caméra et parvient à donner une vraie profondeur à son personnage, pouvant changer d'émotion en une seconde. Une belle performance à saluer et qui tire littéralement le film vers le haut. Les amateurs d'animatronique apprécieront de voir la créature à son premier stade réalisée de la sorte, avant que des effets-spéciaux plus modernes ne viennent s'insérer dans le film. Attention, malgré la présence de cette créature, il ne faut pas considérer Egō comme un film de monstre lambda. C'est une oeuvre plus profonde, plus mature, qui bénéficie d'un rythme souvent posé et ne se contente pas d'enchaîner des scènes chocs. Egō a une histoire à raconter avant tout et ne se fourvoie jamais dans le spectaculaire en tant que tel. Du fantastique raffiné qui plaira aux amateurs de cinéma insolite.

Egō | Pahanhautoja | 2022
Egō | Pahanhautoja | 2022
Egō | Pahanhautoja | 2022

* Disponible dès le 27 avril en Blu-Ray, DVD et VOD

Bande-annonce
Note
4
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Stéphane Erbisti