Creature 1998

Creature

En 1972, dans un laboratoire secret de la Navy situé sur une île des Caraïbes, le docteur Kruger et ses assistants créent un monstre hybride issu du croisement entre un dauphin et un requin blanc. Doté de 41% de l'intellect d'un dauphin mais également de toute la puissance et la férocité d'un requin blanc, cet hybride a pour destin d'être lâché dans les eaux fluviales du Viet-Nam dans le but d'anéantir l'ennemi de la façon la plus radicale possible en ce temps de guerre. Mais, lors d'une expérience, la bête sanguinaire réussit à s'échapper et à rejoindre l'océan…
25 ans plus tard, le professeur Simon Chase, spécialiste de la faune sous-marine, décide de s'installer sur cette île afin d'y entreprendre des recherches sur les requins dans le but de découvrir un antidote contre le cancer. Mais celui-ci va vite être confronté à la police et aux habitants de l'île voisine qui l'accusent d'être le responsable, lui et ses requins, de la mort de plusieurs personnes ces derniers jours. Persuadé qu'on l'accuse à tord, Chase, aidé de son ex-femme, va démontrer que ses squales ne sont en rien responsables de ce qui se passe mais qu'il y a bien quelque chose qui rôde dans les eaux : quelque chose de gros, de puissant et surtout… avec un appétit féroce !

CREATURE 1998 | CREATURE | 1998

Pour beaucoup de gens, le terme "téléfilm" rime avec film moyen, budget calamiteux, casting largement perfectible… Certes, c'est souvent le cas mais n'oublions pas certains contre-exemples tels que "ça" ou encore "le fléau" qui ont montré qu'un téléfilm pouvait divertir, voire même parfois s'avérer être tout simplement passionnant à suivre. C'est le cas notamment de ce "creature", film malheureusement peu connu qui, sans grande prétention, réussit à tirer son épingle du jeu et nous permet de passer un agréable (et long) moment devant notre télévision.
"Creature" est né de la volonté du réalisateur Stuart Gillard ("les tortues ninja 3", "kart racer"…) de mettre sur pellicule une nouvelle de Peter Benchley, scénariste du désormais culte "les dents de la mer" de Steven Spielberg. Nous voici donc face à un monster movie des plus classiques mais diablement bien mené, comme nous allons pouvoir le voir ensemble tout au long de cette critique…

Commençons, si vous le voulez bien, par parler du scénario de "creature". Sur ce point, force est de constater que l'on a affaire à un script des plus banals : l'histoire classique du mutant qui a réussi à s'échapper et qui sème la terreur et la panique partout où il passe… Un scénario vu et revu maintes fois dans les films de monstres mais qui a le mérite ici de nous offrir bien plus que l'histoire de l'échappée d'un mutant dans la nature et tout ce que cela implique. En effet, le réalisateur a pris soin de ne pas déballer tout son attirail dès les premières séquences et nous dévoile, tout au long de son film, quelques secrets sur les personnages mais également sur ce monstre issu d'une hybridation entre un requin et un dauphin. Ces péripéties et ces lots d'informations parsemés dans le film permettent également, en plus d'enrichir un scénario de base peu original, de maintenir le téléspectateur en haleine durant les 2h45 que nous impose Stuart Gillard (oui, j'ai bien dit 2h45 !). En effet, malgré la longueur du téléfilm, l'histoire se suit sans ennui et nous gratifie même d'ambiances très diverses : la vie dans les îles avec ses cérémonies, ses danses frénétiques et ses rituels vaudous, ses festivités villageoises, ses marchés typiques… et à l'opposé une ambiance oppressante et peu accueillante sur l'île voisine, repère du mutant aquatique avide de chair fraîche. On prend ainsi plaisir à suivre ce film qui nous plonge au cœur d'une population insulaire chaleureuse, festive, dynamique et non stressée par le quotidien des grandes villes modernes et beaucoup trop urbanisées. C'est indéniable : "Creature" est un téléfilm qui nous dépayse, nous fait voyager tout en nous narrant une histoire fort intéressante de part ses retournements de situation et ses scènes d'actions plutôt bien dosées. Un rythme donc fort bien maintenu qui pourrait faire rougir certains réalisateurs de films du même registre mais qui s'avèrent, quant à eux, être de véritables petits somnifères cinématographiques (je pense notamment à "metamorphosis", "humanoïde, terreur abyssale", "piranhas 2" ou encore "barracuda"…).
L'une des autres forces du film est sans conteste son casting qui, malgré la présence de trop peu de professionnels, nous offre un spectacle remarquable. Rares sont les téléfilms qui peuvent se vanter d'être aussi bien interprétés ! Les inconditionnels des films paranormaux reconnaitront sans mal l'acteur Craig T.Nelson ("poltergeist", "poltergeist 2", "l'associé du diable", "les indestructibles"…) dans le rôle du professeur Simon Chase, un rôle qui lui va comme un gant : sérieux dans son travail, sans-gène à certains moments (référence au passage où il n'hésite pas à sauter à l'eau pour libérer son requin femelle qui s'est empêtrée dans la ligne d'un pêcheur malhonnête) mais ayant le sens des valeurs, notamment familiales. Le second rôle est décerné à l'actrice Kim Cattrall (que l'on a pu voir dans "police academy", "mémoires suspectes", "killer instinct" ou encore "sex and the city"…), une belle femme qui, malgré son divorce, semble être restée très proche de son ancien mari, le professeur Chase. Un personnage, certes moins bien travaillé que celui du professeur, mais qui ajoute un zeste de fraicheur et de douceur au film. Parmi les autres acteurs, on retrouve une tête connue : Colm Feore ("la cité des anges", "paycheck", "ignition", "la tempête du siècle", "volte/face", "Pearl Harbor", "les chroniques de Riddick", "l'exorcisme d'Emily Rose"…) dans le rôle d'un amiral de la Navy, un être mystérieux, orgueilleux et brave qui n'hésitera pas à aller combattre le monstre créé par ses collègues chercheurs. On passera sur le personnage incarné par Matthew Carey ("2001 maniacs"…) pour s'arrêter sur celui interprété par Giancarlo Esposito ("un fauteuil pour deux", "maximum overdrive", "the king of New-York", "malcolm x", "ali"…) qui se met dans la peau de l'un des soldats, Thomas Peniston, ayant vécu la naissance du monstre hybride ainsi que sa fuite il y a 25 ans : un évènement si marquant qu'il en a gardé de graves séquelles neurologiques. Thomas, surnommé "le loup-garou" par les villageois de l'île voisine en raison de son comportement solitaire et primitif (il vit sous une barque retournée sur la plage et porte des vêtements sales et usés), a presque perdu l'aptitude au langage, si bien que les gens le considèrent comme fou. Une brillante prestation que nous offre Giancarlo Esposito dans ce rôle peu commun !

Passons à présent au visuel de "creature", à savoir les décors et les effets spéciaux. Comme je l'ai dit avant dans la critique, le film de Stuart Gillard est un véritable dépaysement : paysage insulaire, village typique des Caraïbes, épave de bateaux au fond des mers, laboratoire inondé par les eaux, marécages brumeux et mortuaires… Autant de décors qui nous font vite oublier que nous sommes ici dans un téléfilm ! L'aspect visuel de "creature" est indéniablement l'un des gros points forts du film car il arrive sans mal à nous plonger au cœur des populations villageoises, de leur culture et des magnifiques paysages de carte postale qui les entourent.
Concernant les effets spéciaux et plus particulièrement le design de la créature à proprement dite, là encore une surprise de taille attend le téléspectateur friand de films fantastiques. En effet, lors du générique du début, une grande joie et un sentiment de sérénité m'ont envahi quand j'ai lu "special effects : Stan Winston" ! Si le maître des effets spéciaux ("terminator", "aliens le retour", "predator", "Edward aux mains d'argent", "jurassic park", "détour mortel", "big fish"…) est venu avec son équipe créer le monstre du film, alors on peut être entièrement rassuré (on se surprend même sur le coup à se dire qu'au moins, même si le film est nul, la bête sauvera les meubles…). Arrêtons-nous donc un moment sur le monstre en question pour en donner quelques détails et peut-être en faire saliver plus d'uns qui n'auraient pas vu le téléfilm ! RIRES ! Nous avons ici affaire, comme je l'ai dit précédemment, au fruit d'une hybridation entre un dauphin et un requin : le mutant se voit donc pourvu d'une agilité et d'une rapidité impressionnante dans l'eau (son petit côté "dauphin") mais également d'une force incroyable et d'une mâchoire terrifiante dotée de longues dents aiguisées (le côté "requin blanc"). Ajoutons à cela une peau grise fripée, recouverte de mucus (substance proche de la bave, visqueuse et gluante, que l'on retrouve sur la peau des poissons), des grosses griffes acérées (tiens, les squales ont des mains maintenant ? Hé oui, je ne vous ai pas tout dit pour éviter un quelconque spoiler !) et des yeux globuleux terrifiants. Voilà donc notre monstre en liberté dans l'archipel des Caraïbes tel que l'a conçu notre équipe de choc ! Une séquence est d'ailleurs rudement bien faite concernant l'hybride sanguinaire et mérite que l'on s'y attarde quelques secondes : je parle d'un passage où un adolescent plonge d'une falaise et se retrouve soudain tête à tête avec le monstre, la mâchoire grande ouverte ! Un plan qui ne dure même pas une seconde mais qui reste dans ma mémoire comme étant la plus belle attaque surprise de requin que j'ai pu voir sur écran (et pourtant j'en ai vu des sharks movies !). Ah oui, j'oubliais un détail qui a tout de même son importance : la bête mue et se transforme pour devenir un parfait amphibien ! Hé oui, Stan Winston n'a pas fini de nous gâter…
Pour ce qui est des effets spéciaux du film en général, il n'y a rien d'extraordinaire pour être franc… Les eaux rouges de sang à la "jaws", quelques explosions et tirs de calibres, rien de plus à signaler ! Le point fort reste surtout la modélisation du monstre mais également des requins que l'on voit durant toute la première partie du film. Mais pas de déception pour autant, on peut se dire que finalement cela est mieux ainsi (on évite de tomber dans un quelconque blockbuster déprimant où ça pète de tous les côtés…) : sachons rester simple et n'abusons pas des effets spéciaux !

Enfin, et on finira là-dessus comme à l'accoutumée, parlons quelques instants de la musique du téléfilm. Là encore, le dépaysement reste visiblement la priorité du réalisateur Stuart Gillard qui nous gratifie de mélodies à la flûte classique et à la flûte de paon, sous fond de tam-tam. Notons par ailleurs les classiques violons qui font leur entrée lors des séquences émotions et également des percussions que nous pouvons entendre quand nous suivons la bête tapie dans l'obscurité des eaux abyssales. Une bonne musique donc, en parfait accord avec le cadre enchanteur de l'endroit.

Au final, "creature" est un téléfilm qui surprend par son dynamisme, ses décors et par les soins apportés au monstre aquatique (merci Stan Winston). Un film qui nous transporte de l'autre côté de l'océan Atlantique pour nous faire vivre une histoire, certes banale, mais ô combien fourmillante de péripéties et de secrets qui nous tiennent en haleine du début à la fin ! Reste une durée peut-être un peu longue mais, pour être franc avec vous, je ne vois pas quelle(s) longueur(s) on pourrait enlever…
Un téléfilm qui m'avait tellement plu lors de sa diffusion à la télévision il y a quelques années que je n'ai pas hésité à me le prendre en dvd dès que je l'ai vu (pour 1,50€ j'aurais eu tord de m'en priver !). Un téléfilm comme on aimerait en voir plus souvent les soirs dans notre fauteuil ! Pari réussi Monsieur Stuart Gillard !

CREATURE 1998 | CREATURE | 1998
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Note
4
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David Maurice