Affiche française
Un marteau pour les sorcières | Kladivo na carodejnice | 1970
Affiche originale
Un marteau pour les sorcières | Kladivo na carodejnice | 1970
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Un marteau pour les sorcières

Kladivo na carodejnice

Un jeune prêtre demande l'aide de l'Inquisition pour chasser de supposées sorcières de sa circonscription. La comtesse de Galle accorde cette demande et envoie chercher Boblig, un ancien grand inquisiteur qui tient désormais une auberge. Ce dernier accepte de rependre du service et va constituer un tribunal, tout en redonnant vie à d'anciennes tortures pour faire avouer les accusées. Le doyen Lautner va tout faire pour tenter d'arrêter la folie meurtrière de Boblig, qui multiplie les exécutions et les bûchers dans la région...

Un marteau pour les sorcières | Kladivo na carodejnice | 1970

L'AVIS :

J'aime beaucoup les films traitant de la cruelle Inquisition, dont les deux plus célèbres représentants sont "Le Grand Inquisiteur" de Michael Reeves (1968) et "La Marque du Diable" de Michael Armstrong (1970). En cette même année 1970, le réalisateur tchèque Otakar Vávra a lui aussi contribué à ce genre prisé des amateurs de sévices et de tortures avec "Kladivo na carodejnice", soit "Le Marteau des Sorcières", titre qui correspond à un traité des dominicains Henri Institoris et Jacques Sprenger, publié à Strasbourg en 1486 ou 1487 et qui connut de nombreuses rééditions. Ce texte a été utilisé dans le cadre de la chasse aux sorcières qui débuta au XVe siècle en Europe. Il y a dans le film de Vávra une séquence dans laquelle l'ouvrage est présent et utilisé par l'Inquisiteur Boblig. Un ouvrage qui fut interdit par l'Eglise peu après sa parution. Assez peu connu, ce très beau film d'Otakar Vávra vient d'être édité en France chez Artus Films sous le titre "Un Marteau pour les Sorcières". De quoi permettre au plus nombreux de le découvrir dans d'excellentes conditions de visionnages.

Outre un récit qui reprend tous les codes du genre, le film bénéficie d'une réelle splendeur picturale, peut-être due au fait qu'il est en noir et blanc. En tout cas, que ce soit la photographie ou l'éclairage, tout confère à donner un magnifique cachet au film, qui reste un plaisir visuel certain. Le choix des acteurs est également très bon, que ce soit Vladimír Smeral dans le rôle du méchant inquisiteur Boblig, Elo Romancik dans le rôle du doyen Lautner, Sona Valentová dans le rôle de la jolie Zuzana ou bien encore Josef Kemr dans le rôle du serviteur de l'inquisiteur. Ce dernier est un acteur très célèbre dans son pays, il possède une impressionnante filmographie de plus de 206 entrées et on peut le voir dans un autre film tchèque édité par Artus Films, à savoir "Le Neuvième Cœur". Le réalisateur a voulu donner une vraie touche de réalisme à son histoire et le texte introductif nous apprend que les comptes-rendus ou plaidoirie du tribunal entendus au cours du film sont issus de véritables comptes-rendus ayant eu lieu en ces temps troublés. L'amateur de tortures et de sévices cruels ne sera pas lésés à ce niveau, même si on n'atteint pas la cruauté légendaire de "La Marque du Diable".

Néanmoins, on aura droit à des brises-pouces, au fameux chevalet ou à l'utilisation de jambières pourvues de piques acérés entre autres, avec également des séquences de bûcher, le tout sur l’œil ravi de ces hommes de loi bien spéciaux, qui en profitent pour reluquer les plus jeunes victimes de leur folie furieuse. Comme dans tout film sur l'inquisition, la charge contre les méfaits de l'Eglise et l'aveuglement des inquisiteurs est bien présente dans le film de Otakar Vávra, ce dernier n'hésitant pas à faire de Boblig une personne détestable, qui ne voit dans sa fonction qu'un moyen rapide de gagner beaucoup d'argent tout en laissant aller sa misogynie et sa cruauté envers les femmes. La gent féminine est en effet la victime toute désignée de l'inquisition, ne pouvant échapper au penchant pervers des hommes, qui utilisent l'argument de la Foi chrétienne pour commettre leurs actes de malveillance. Devenu simple aubergiste, Boblig voit son retour au sein de l'inquisition comme le meilleur moyen d'assurer ses vieux jours, toute victime de son jugement devant lui léguer une large partie de ses biens.

Comme bien souvent, les aveux des supposées sorcières sont extraits de force, grâce à la torture notamment, et tout n'est que mascarade et mensonge au final, comme en témoigne la scène du grain de beauté que porte Zuzana. Le pouvoir obtenu par Boblig grâce à son statut d'inquisiteur lui permet de déclarer suspect n'importe qui, même un membre du clergé, comme en fera les frais le pauvre doyen Lautner, assurément le seul personnage sympathique du film. Un Marteau pour les Sorcières n'épargne personne, ni les vieilles, ni les jeunes femmes, ni même certains hommes qui pourraient faire de l'ombre à l'inquisiteur. Le film d'Otakar Vávra est un petit modèle dans son genre, jamais ennuyeux, sombre et sadique, visuellement superbe et mérite clairement une reconnaissance de la part des cinéphiles.

Un marteau pour les sorcières | Kladivo na carodejnice | 1970
Un marteau pour les sorcières | Kladivo na carodejnice | 1970
Un marteau pour les sorcières | Kladivo na carodejnice | 1970

* Disponible en combo DVD + BR chez -> ARTUS FILMS

- Film présenté en VOSTF
- Diaporama
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Bande-annonce
Note
5
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Stéphane Erbisti