Terreur à l'hôpital central

Visiting hours

Deborah Ballin est une journaliste et militante féministe qui dénonce publiquement les agissements d’un homme ayant battu sa femme et qui passe actuellement en procès.
Des paroles qui ne plaisent pas à un certain Colt Hawker, un psychopathe misogyne, qui va se rendre chez elle pour la tuer.
Il s’en est fallu de peu pour Deborah qui s’en sort tout de même avec de vilaines blessures des suites de cette agression nocturne à son domicile. Mais notre homme va tenter de la retrouver à l’Hôpital Central où elle a été admise suite à cette tentative d’assassinat, tuant celles et ceux qui se trouvent sur son passage.

Terreur à l'hôpital central | Visiting hours | 1982

L'AVIS:

Premier film du canadien Jean-Claude Lord, "Terreur à l’hôpital central" a fait une entrée remarquée en France dans le monde du dvd et du blu-ray en 2019, le film n’étant jusqu’alors disponible qu’en VHS sur le territoire. Sorti en combo blu-ray/dvd et en dvd simple chez l’éditeur BQHL mais également distribué par MadMovies en format slim, ce long-métrage canadien s’est refait une santé en France et a été fortement médiatisé sur les réseaux de cinéphiles cette année-là.

Souvent présenté à tord comme un slasher (l’éditeur BQHL mentionnera notamment sur le verso de la jaquette « Sang pour sang pur slasher »), le film de Jean-Claude Lord n’en est cependant pas un. Alors oui, vous aurez droit à un tueur, à quelques meurtres parsemés tout au long du film et à des séquences s’apparentant fortement à ce sous-genre horrifique mais notre vilain est bien trop exploité (très présent dans le film, on nous explique son passé douloureux et ses relations « humaines » avec des gens qui l’entourent…) tout comme l’intrigue pour que l’on puisse parler ici de slasher movie.
Il s’agit en effet bien plus d’un thriller horrifique (et même horrifico-psychologique) ou plus généralement d’un film que nous aimons classer à horreur.com dans le registre des tueurs fous tout simplement.

Porté par un Michael Ironside ("Scanners", "Top gun", "Total recall", "Starship troopers" ou encore "Sauvez Willy"…) en bonne forme, "Terreur à l’hôpital central" doit beaucoup à son acteur canadien. Car même si ce dernier n’était pas encore aussi connu à cette époque (il avait l’année précédente été mis en avant par son compatriote David Cronenberg dans le fameux "Scanners" mais c’est à peu près tout), il faut bien reconnaitre que c’est lui qui, par son jeu d’acteur, porte le film de Jean-Claude Lord sur ses épaules (et non pas William Shatner, alias Kirk dans la série "Star Trek", présent également dans le casting mais nettement moins mis en avant ici, bien loin de son Enterprise).

Car il faut bien l’avouer, niveau casting nous avons vu mieux. Beaucoup mieux. Alors que les slasher movies ont parfois cette réputation de ne pas offrir des jeux d’acteurs révolutionnaires, le fait d’être ici au contraire (et on le répète hein) dans un thriller horrifique teinté de psychologie change radicalement la donne, le casting devant du coup être à la hauteur de l’aspect horrifique, policier et psychologique de l’entreprise.

Avoir autant de protagonistes moyens (pour ne pas dire navrants pour certains) est quelque peu déstabilisant. On pensera notamment à Lee Grant (notre Ann Thorm de "La malédiction 2") qui clairement ne fait pas le job ici. Incarnant un personnage central du film (Deborah Ballin, la fameuse féministe en proie à notre tueur psychopathe), cette dernière est totalement effacée et se montrera bien peu convaincante dans les scènes d’effroi et de tension. Véritable légume par moments (certains diront que c’est son rôle de femme fragilisée suite à son agression qui veut cela mais non au contraire c’est une femme forte qui se bat pour la cause féminine et surmonte cette peur occasionnée par les agissements de notre tueur), Lee Grant n’est tout simplement pas à sa place ici. Nous lui préfèrerons nettement quelques autres rôles féminins qui gravitent autour d’elle, bien plus mémorables qu’elle.

En parallèle de ce casting en demie-teinte, nous déplorerons également des défauts de rythme dans ce scénario qui peine à tenir en haleine le spectateur, ce dernier plongeant par moments dans un profond ennui, principalement dans la première moitié du film. Que certains passages sont mous ! Et ce ne sont pas quelques acteurs bien plus proches du légume que de la proie paniquée qui vont changer la donne…
Avec notre tueur qui va et vient dans l’hôpital comme nous entrons-sortons d’un moulin, tuant de temps à autres un patient ou deux histoire de dire que notre bonhomme est bien vilain, nous avons bien du mal à comprendre le fonctionnement de cette intrigue qui ne semble pas trop savoir où elle va. Se dessine toutefois quelque chose de plus construit dans la dernière partie mais là encore ce n’est pas fou-fou.

Dommage que l’aspect psychologique du film reste assez peu détaillé. Avec son malade machiste et frustré, blessé notamment dans son enfance, nous aurions préféré un peu plus de détails. Mais heureusement Michael Ironside, par ses regards psychotiques, son comportement névrotique et son obsession à vouloir tuer cette satanée féministe de journaliste (oulà je m’emporte là), parvient à donner cet aspect psychologique au film bienvenu, bien que gêné par des passages scénaristiques pénibles et peu haletants. Car oui, nous aurions pu avoir un psychopathe encore plus inquiétant si toute cette intrigue n’était pas engluée dans autant de séquences dispensables et jouée par autant de mauvais acteurs.

Alors pour celles et ceux, trompé(e)s par l’éditeur et par certains médias, qui attendaient avec impatience ce qui fait le charme de nombreux slasher movies (les meurtres saignants/violents et un peu de sexe/érotisme par-ci par-là pour faire simple), l’atterrissage risque d’être douloureux pour eux. Nous avons effectivement droit à quelques meurtres perpétrés par notre viril tueur frustré par la percée du féminisme dans son pays et répondant alors par la violence pour se faire entendre et cracher sa haine envers cette population revendicatrice (je reprends ma respiration… Hé oui l’idée de base était vraiment sympathique, dommage que la forme n’y soit pas suffisamment) mais ces agressions resteront peu sanglantes voire même oubliables dès le générique de fin pour certaines.
Quant au sexe, seule une séquence mettant en scène notre psychopathe et une demoiselle rencontrée dans un bar et retirant peu de temps après son jean chez notre homme viendra quelque peu émoustiller le public attendant le plan nichons depuis le début. Non, décidément vous faites fausse route les ami(e)s alors, je le dis une dernière fois (vous allez finir par comprendre hein ! lol) prenez le film pour ce qu’il est vraiment : un thriller horrifico-psychologique et rien d’autre. Avec ses qualités et malheureusement ses défauts…

"Terreur à l’hôpital central" est au final une petite série B quelque peu décevante. Porté par un Michael Ironside convaincant dans son rôle de psychopathe viril et névrosé, le film de Jean-Claude Lord ne réussit malheureusement pas à nous offrir suffisamment de séquences chocs ou de dialogues teintés de psychologie (on se rappelle l’excellent et culte "Le silence des agneaux" avec Hannibal Lecter et Buffalo Bill) pour rester dans les mémoires.
Avec son scénario en peine de péripéties et fourmillant de séquences dispensables et son casting pas suffisamment à la hauteur pour donner vie à ce thriller horrifique qui avait pourtant de bien bonnes idées de départ, "Terreur à l’hôpital central" déçoit mais heureusement parvient à nous gratifier de quelques passages mettant en avant toute la psychose/névrose de son tueur, malheureusement freiné par une intrigue pas assez bien ficelée.

Terreur à l'hôpital central | Visiting hours | 1982
Terreur à l'hôpital central | Visiting hours | 1982
Terreur à l'hôpital central | Visiting hours | 1982
Bande-annonce
Note
2
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David Maurice