LONGLEGS
LONGLEGS
Une ville tranquille du Pacific Northwest est secouée par une série de meurtres de familles entières qui seraient l’œuvre de Longlegs, un serial killer insaisissable, même si rien ne prouve qu'il fût présent sur les lieux au moment des massacres. Malgré l’existence de similitudes entre les affaires, ainsi que de nombreux indices, l'enquête piétine. Heureusement, l’agente du FBI Lee Harker, une nouvelle recrue talentueuse douée d’un don de prémonition très développé, est affectée à l’affaire. Alors que l’enquête prend une tournure complexe avec la découverte de preuves liées à l’occultisme, Harker se découvre un lien personnel avec l’impitoyable tueur et doit se lancer dans une course contre la montre pour l’arrêter avant qu’il ne prenne la vie d’autres innocents…
L'AVIS :
Pourquoi des familles s'entretuent-elles et quel est leur lien avec Longlegs, qui laisse une signature à chaque boucherie ? Lee Harker, une jeune agente surdouée mais antisociale va tenter de résoudre cette enquête, face à un tueur inaccessible. Long-métrage se situant entre le thriller glauque façon années 90 (à l’instar du fabuleux "Le silence des agneaux") et le film d'horreur violent des années 70 (comme le malsain "La dernière maison sur la gauche"), cette œuvre de Osgood (dit « Oz ») Perkins, le fils d’Anthony, le premier Norman Bates du cultissime "Psychose", a tout du bon petit polar qui prend son temps pour installer une ambiance délétère. Le rythme est très lent, les protagonistes peu bavards et le film déroule son histoire comme un véritable cauchemar éveillé.
De plus, Nicolas Cage ("8 mm", "Mom and dad","Kickass"), également producteur, est totalement méconnaissable en androgyne blafard et flippant. Il en fait des tonnes certes, mais c’est pour le bien de ce personnage totalement allumé, qu'on ne voit que très peu dans la première partie, mais pour lequel l'acteur s'investit totalement ! On ne le reconnaît quasiment pas avec ses prothèses et son maquillage ! Toutefois, les rares moments de sa présence à l'écran sont judicieusement disséminés et font froid dans le dos. Une performance qui honnêtement, mériterait un oscar tant il impressionne dans son rôle de « monstre » d’un genre singulier.
En revanche, on ne peut pas en dire autant des autres protagonistes auxquels on s’attache peu finalement. Non pas que Maika Monroe (vue dans "It follows") et Blair Underwood (aperçu dans Deep impact ou Bienvenue à Gattaca) soient mauvais, mais Cage tire tellement la couverture à lui que les autres semblent faire de la figuration !
Autre bémol pour moi, c’est cette fin un peu nébuleuse qui sonne bizarrement, une fois le rôle des poupées maléfiques révélé. L’esthétisme du film est formidablement soigné et établit une atmosphère glauque au possible, la photographie est splendide également et le fait que le réalisateur alterne les formats en fonction de la temporalité s’avère être une excellente idée. Mais là où Longlegs déçoit, c’est au niveau du script général qui paraît bien creux et semble, par moments, lors de certaines séquences, d’une banalité confondante ! Toute cette entreprise ne semble alors reposer que sur l’esthétisme du métrage et le cabotinage de Nicolas Cage pour masquer les trous du scénario, c’est dommage ! Pourtant, certaines scènes sont d’une beauté à couper le souffle et la musique du film est envoûtante. Notamment certaines chansons du score, empruntées au groupe britannique T. Rex. Pour l’anecdote, la bande-son est totalement prise en charge par Elvis Perkins, le petit frère du réalisateur, qui fait également jouer Beatrix, sa fille ! Ah népotisme, quand tu nous tiens !
La bande-annonce de ce film du fils d’Anthony Perkins, le bien nommé Oz, était vraiment attirante et Longlegs avait tout du superbe thriller. Effectivement, dès les premières minutes, on est scotché à son fauteuil avec une ambiance anxiogène à souhait mêlant les romans les plus angoissants de Donato Carrisi au grandiose Zodiac de David Fincher qui va crescendo, une photographie magnifique faite de plans clair-obscur que n’aurait pas reniés Rembrandt et un personnage de dingue formidablement interprété par un Nicolas Cage méconnaissable qui y va à fond ! Cependant, on trouvera la résolution un peu brouillonne, certains points du script sont peu éclaircis et hormis le personnage de Longlegs, aucun des protagonistes n’est bien brossé et ne suscite donc de l’empathie. C’est un peu dommage car avec un scénario un peu mieux construit qui aurait davantage donné du background à chacun, ou évité certaines longueurs et clarifié certaines zones d’ombre, on aurait pu avoir là un chef-d’œuvre du polar mâtiné de fantastique voire d’ésotérisme ! Au lieu de cela, on a un bon thriller certes, mais un peu frustrant tant le matériau de base semblait vraiment bon !