Hitch hike to hell
Hitch hike to hell
Livreur dans une blanchisserie, Howard Martin a tout du gentil garçon, serviable et un peu timide. Il vit seul avec sa mère pour qui il voue une admiration sans faille. Pour rendre service, Howard n'hésite pas à prendre des auto-stoppeuses lors de ses livraisons. Mais derrière cette apparente façade amicale se cache un serial-killer psychotique. Quand les auto-stoppeuses avouent à Howard qu'elles sont en fugue et qu'elles n'aiment pas leurs mères, celui-ci sombre alors dans une folie meurtrière incontrôlable. Les victimes se multiplient et la police reste impuissante...
L'AVIS :
Méconnu, le réalisateur Irvin Berwick est un prodige du piano, qui donnait déjà des concerts avant ses dix ans. Plus tard, il devient coach-dialoguiste pour la Warner dans les années 40 puis est engagé à la Universal dans les années 50, travaillant notamment avec Jack Arnold. Voulant surfer sur le succès de L'étrange Créature du Lac Noir, Berwick, associé avec le maquilleur Jack Kevan, monte une petite boite de production, la Vanwick Productions, utilise des éléments de costumes provenant de divers films, et réalise son premier film en 1959, à savoir "The Monster of Piedras Blancas". Il tourne ensuite quelques drames et films noir, comme "The 7th Commandment" en 1961, "Strange Compulsion" en 1964, "The Street Is My Beat" en 1966 ou "Ready for Anything" en 1968. Dix ans plus tard, il met en scène "Suddenly the Light" (1978) puis "Malibu High" en 79. Son huitième et dernier film sera "Hitch Hike to Hell", qu'il réalise en 1983. Peu de films au compteur, avec certains qui sont difficilement trouvables, d'où le relatif anonymat dont il est victime. Il faut dire aussi que la plupart sont de toutes petites séries B assez fauchées, de purs produits d'exploitation qui ont fait principalement la joie des Drive-In américain. "The Monster of Piedras Blancas" et "Hitch Hike to Hell" sont sûrement ces deux films les plus connus.
C'est donc de ce dernier dont on va parler ici. On le sait depuis pas mal de temps déjà, la pratique de l'auto-stop peut s'avérer des plus dangereuses, car on ne sait jamais sur qui on va tomber, ce ne sont pas les victimes de Ted Bundy ou de Ed Kemper qui diront le contraire. Le cinéma s'est emparé assez tôt du phénomène de l'auto-stop et a su mettre en garde ses pratiquants en développant des films où cette pratique n'était guère conseillée. On pense à Le Couteau dans l'eau, à "Massacre à la Tronçonneuse" bien sûr, à "La Proie de l'Auto-stop", à "The Hitcher", à "Wolf Creek" et j'en passe. En 1983, Irvin Berwick s'attaque donc au sujet avec "Hitch Hike to Hell". Un titre qui ne fait pas dans la demi-mesure, tout comme la chanson éponyme du générique, chantée par Nancy Adams et qui, elle aussi, est bien explicite : There's danger on the road when you go thumbing a ride. You can never tell when you hitchhike to Hell. There's danger, there's danger on the road. Ça a au moins le mérite d'être clair. Avec très peu de moyen financier, avec des acteurs qui n'en sont pas vraiment, dont la plupart n'apparaîtront dans aucun autre film d'ailleurs, "Hitch Hike to Hell" peut être vu comme un virulent pamphlet anti-auto-stop, un film moralisateur, qui appuie également sur le fait que pas mal de fugues d'adolescent(e)s ont pour origine la mauvaise ambiance qui règne au sein du domicile familial. Parents qui passent leur temps à s'engueuler, parents trop fermes, qui donnent trop de restrictions à leurs progénitures, conflits adolescents / adultes, parents qui délaissent carrément leurs enfants et autres difficultés de la vie de tous les jours poussent donc les futures victimes à quitter leur lieu de vie, pensant trouver ailleurs un paradis perdu. Et ce sera bel et bien l'Enfer qui les attendra dans le film, en la personne d'Howard Martin, interprété par Robert Gribbin.
Un acteur tout aussi méconnu que son réalisateur, vu dans quelques séries-télévisées dans les années 70/80. Il campe donc ici ce garçon à lunette qui a l'air gentil, voire même un peu benêt, trop couvert par une mère ultra-protectrice qu'il adore. L'absence de figure paternel et une mère protectrice mais qui n'est jamais montrée comme étant trop envahissante ne seront pas forcément à mettre comme élément déclencheur du conflit psychologique qui oeuvre dans la tête d' Howard. On apprendra assez tôt dans le film que c'est la fugue de sa sœur Judy, qui n'a jamais donné de ses nouvelles depuis, qui a profondément perturbé le jeune homme et lui a laissé quelques traces indélébiles dans le cerveau. Une fugue qu'il n'a jamais accepté, ne comprenant pas comment on peut faire de la peine à une mère douce et aimante. Une thématique qui n'est pas sans nous rappeler le "Psychose" d'Hitchcock bien sûr ou le "Maniac" de William Lustig entre autres, même si, encore une fois, la maman d'Howard a un comportement bien éloigné de celui de madame Bates ou de madame Zito. Reste que notre gentil Howard pète un câble dès qu'une des jolies auto-stoppeuses qu'il prend en cours de route lui avouent qu'elles sont en fugue et qu'elles détestent leur mères. Avec de gros mouvements de yeux et des grimaces, l'acteur nous fait comprendre qu'il ne supporte pas ces déclarations et qu'il sombre dans le côté obscur de la force. Si l'acting peut prêter à sourire la plupart du temps, avec une théâtralité assez présente, les scènes de mises à mort parviennent par contre à se montrer assez glauques, sans aucun débordement sanglant, mais les cris des jeunes victimes, les strangulations, les viols (filmés hors caméra) et surtout les visions des corps meurtris jetés tel des déchets dans la nature, participent pleinement à créer une petite ambiance malsaine assez plaisante.
Le défaut du film serait qu'il ne va cesser de répéter encore et toujours les mêmes séquences par la suite, à savoir Howard parlant au patron de sa blanchisserie (John Harmon, un habitué des films de Berwick) qui en a marre de ses retards, Howard n'ayant plus d'appétit après un meurtre et qui se voit dorloté par sa maman qui l'envoie fabriquer des maquettes (son hobby) et Howard prenant en stop une nouvelle victime, agissant toujours sur le même mode opératoire, le rapprochant en ce sens d'un tueur en série. Des séquences interrompues par l'enquête de la police, menée par le capitaine Shaw (Russell Johnson) et le lieutenant Davis (Randy Echols). Par certains aspects, que ce soit la réalisation, le jeu d'acteurs ou les scènes avec les policiers, "Hitch Hike to Hell" m'a rappelé le "Blood Feast" d'Herschell Gordon Lewis, sans l'aspect gore. Le film de Berwick provoque parfois un peu d'ennui mais il se laisse suivre dans réel déplaisir, s'adressant avant tout aux amateurs de low budget, de films d'exploitation pur jus, qui n'hésite pas à mettre dans les mains de son psychopathe une petite fille de 11 ans, que la police retrouvera dans une benne à ordures, sous les hurlements de sa mère. Alors oui, on est très loin d'un "Henry, portrait d'un serial killer", car "Hitch Hike to Hell" ne développe jamais la personnalité de son tueur comme a pu le faire John McNaughton. Mais en l'état, et si vous aimez ce type de films à très faible budget, vous trouverez certainement quelques qualités à "Hitch Hike to Hell", que vous visionnerez en double-programme avec un autre film du genre par exemple, ce qui vous fera passer une agréable soirée à n'en point douter !
* Disponible en BR chez -> ARROW VIDEO
https://www.arrowfilms.com/hitchhike-to-hell-blu-ray/12270242.html