Affiche française
TEETH | TEETH | 2007
Affiche originale
TEETH | TEETH | 2007
Date de sortie
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Genre
Couleur ?
oui
Musique de

Teeth

Teeth

Dawn est la représente d’une association prônant la virginité jusqu’au mariage. Elle mène une vie paisible entouré de ses parents, malgré des relations tendues avec Brad, son demi-frère, qui mène de son côté une vie de débauche sexuelle. Dawn tombe sous le charme de Tobey, un jeune garçon faisant lui aussi partie de l’association "La Promesse". Leur amourette pourrait très bien se dérouler si Dawn n’avait quelque chose en elle qui va lui causer bien des soucis avec les garçons…

TEETH | TEETH | 2007

Pour son premier long-métrage en tant que réalisateur, on ne peut pas dire que le scénariste/acteur Mitchell Lichtenstein a choisi la facilité. En effet, traiter du thème mythologique du vagin denté en mettant en scène des adolescents pouvait se révéler plutôt casse-gueule, et donner une sorte de version comico-gore de la saga des "American Pie" par exemple, le problème étant de savoir si le traitement allait être fait sérieusement ou parodiquement. Mais dans les deux cas, il fallait assumer l’idée générale du film et aller au bout du sujet. Nul doute que si le film était réalisé par un Lloyd Kaufman par exemple, il aurait pu s’apparenter à un bon gros film bien lourdingue à l’humour pipi-caca et déjanté, dans le parfait esprit Troma Films, ce qui aurait pu être sympathique, reconnaissons-le. Mitchell Lichtenstein choisi une autre direction, et même si son film n’est pas exempt d’éléments humoristiques, il s’apparente davantage à une comédie dramatique assez noire, qui surprend et nous laisse une très agréable impression au final.

Le fameux mythe du vagin denté ne date pas d’aujourd’hui. On le trouve dans de nombreuses civilisations antiques et il reste une constante dans l’univers imaginaire masculin. Sartre lui-même parlait du sexe féminin comme "d’une bouche vorace pour avaler le pénis". Pour les hommes de ces civilisations, c’est la femme elle-même qui est dangereuse car elle possède "deux bouches dévoratrices". Et qui dit bouche dit morsure, castration. S’il peut prêter à rire, n’oublions pas que ce mythe est également à l’origine de certaines pratiques semblables à l’excision. Dans Teeth, c’est une jeune adolescente qui découvre que la partie intime de son anatomie n’est pas vraiment normale et peut même s’avérer plutôt dangereuse pour ses prétendants. Cette jeune fille, c’est Dawn, merveilleusement interprétée par l’actrice Jess Weixler, qui reçue d’ailleurs le prix spécial du jury de Sundance en 2007 pour son interprétation, "Teeth" recevant pour sa part le prix du jury au festival de Gérardmer en 2008.

Jess Weixler est effectivement parfaite dans ce film, dont c’est le premier rôle en tête d’affiche, apparaissant plus souvent dans des séries télévisées jusqu’alors. Cette blondinette donne corps et âme à son personnage et l’identification du public avec les situations vécues est rapide et efficace. Dawn, ça peut être votre voisine, votre sœur, votre petite amie, voir même vous, que vous soyez un garçon ou une fille. Le passage difficile du cap de l’adolescence, la découverte de son corps, les premiers émois amoureux, on a tous connus ça.

A toutes ses difficultés vient s’ajouter le fait d’appartenir à un groupe prônant la pureté virginale, ce qui engendre bien sur moqueries de la part des camarades de classe. Les séquences mettant en scène les réunions de ce groupe, baptisé "La Promesse", ne sont d’ailleurs pas très tendres si on y regarde de plus près, car même si l’idée de base est noble et romantique, on a la fâcheuse impression de se trouver au beau milieu d’une secte, où les membres récitent bêtement des phrases apprises par cœur, embrigadés tels des moutons par des concepts et des dogmes qui ne leur correspondent pas vraiment. La scène ou Dawn et ses trois amis doivent se décider pour choisir un film à aller voir au cinéma est d’ailleurs riche d’enseignement. L’un des garçons semble vraiment très intéressé par un film mais celui-ci est interdit aux moins de 17 ans. Un autre n’est interdit qu’au moins de 13 ans "mais il y a aussi des scènes de sexe dedans". Le petit groupe se retranche alors sur un dessin-animé. On voit ici la bêtise de la situation, car en plus de ne pas avoir le droit de faire l’amour avant le mariage, on leur interdit même de voir des scènes sexuelles dans des films. Ce qui ne les empêche pas de s’embrasser amoureusement dans les fauteuils du cinéma. Bref, nos adolescents se rajoutent des barrières dont on sent qu’ils ont parfois envie de passer outre, comme ce sera le cas du petit ami de Dawn, ne pouvant retenir son désir et son envie envers celle dont il est amoureux.

Pour contrebalancer ces principes moraux, le réalisateur donne à Dawn un demi-frère qui est tout son opposé. Dawn incarne le côté angélique, la douceur, le romantisme. Brad est le côté obscur, le prédateur sexuel, traitant ses petites amies comme un simple bout de viande destiné à son plaisir personnel. D’où des relations tendues entre ces deux personnages, liés malgré eux par un secret d’enfance dont Brad garde une cicatrice indélébile, qui explique d’ailleurs sa propension à vouloir pratiquer une certaine pratique sexuelle qui n’est pas toujours accepter par sa petite amie. A ce secret s’ajoute son désir sexuel envers sa demi-sœur, qui trouvera aboutissement de façon assez dramatique.

Bref, "Teeth" nous présente des personnages et des situations crédibles, dans lesquelles vient s’immiscer un élément perturbateur, le fameux vagin denté de notre jolie héroïne. Bien sur, pas question de nous montrer l’intérieur de l’appareil génitale de Dawn, mais Mitchell Lichtenstein s’autorise néanmoins quelques scènes gores assez efficace, et surtout très douloureuses pour les spectateurs masculins, qui ressentiront une vraie douleur à la vue de ces pénis tranchés et sanguinolents. Des effets spéciaux très réussis, et qui parviennent à ne pas embarquer le film dans des zones trop délirantes, ce qui ne lui aurait pas rendu service. On retiendra néanmoins l’excellente et jouissive séquence de la visite chez le gynécologue, qui mérite à elle seule la vision du film !

Ce qui est appréciable également, c’est l’idée que Dawn, qui est au départ une victime de son étrange malformation, sache s’adapter et se mette à utiliser son vagin denté pour punir les "méchants hommes". Le personnage angélique du départ se transforme alors en une sorte d’ange rédempteur, qui puni par le sexe les dérives et les mauvais côtés de la gente masculine. Son nouveau petit ami semble vraiment amoureux d’elle, tout se passe bien. Elle découvre qu’en fait, sa liaison est basée sur un pari entre copains, hop, plus de zizi ! Son demi-frère est en partie responsable de la mort de sa mère, hop, punition, plus de zizi non plus ! Inutile de parler du vieux pervers qui la prend en stop à la fin du film, le sourire et le regard de Dawn en disant assez long sur sa compréhension du pouvoir qu’elle exerce sur les hommes, qui deviennent alors des victimes et non plus les maîtres du jeu. Le Girl Power dans toute sa splendeur ! Messieurs, attention à vous, et respectez vos petites amies, elles pourraient avoir une arme redoutable cachée au fond de leur anatomie…

Sous ses allures de comédies américaine à la sauce graveleuse comme il y en pleut depuis le succès d’american pie, Teeth se montre bien plus malin et joue dans une autre cour, qui saura séduire autant les adultes que ces fameux adolescents. Le film est très agréable à regarder, n’ennuie jamais, réserve de bonnes surprises, utilise le gore avec parcimonie mais de façon efficace et il est surtout porté par une pléiade d’acteurs et d’actrices vraiment convaincants. Pour un premier long-métrage, Mitchell Lichtenstein s’en sort vraiment bien et il est dommage que la sortie en salles du film soit passée inaperçue. Heureusement, l’arrivée du dvd devrait lui donner une seconde chance et Teeth devrait faire les beaux soirs de nombreux spectateurs, ce qui sera bien mérité ! Bon, je vais aller acheter un préservatif en acier blindé, font flipper avec leurs idées bizarres ces scénaristes…

TEETH | TEETH | 2007
TEETH | TEETH | 2007
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Note
4
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Stéphane Erbisti