SANG POUR SANG 80S PARTIE 2 , un dossier de Jérémie MARCHETTI





Panic Beats (1983) Paul Naschy : Que mon coeur lâche [INÉDIT]


Le gothique, les fantômes et les landes brumeuses, ce n'est plus tellement à la mode dans les 80's. Naschy s'en contrefout, persiste et signe avec ce qu'il considère comme son film le plus réussi. L'introduction donne le ton : dans une nuit bleutée et cotonneuse, une donzelle entièrement nue se fait littéralement déchiqueter par le fléau d'un chevalier, en fait son époux venant de la surprendre au lit avec son amant. Quelques siècles plus tard, le descendant du chevalier (en fait Alaric de Marnac, qu'on rencontrait déjà dans "Horror rises the tomb") s'installe dans la demeure familiale, en compagnie de son épouse cardiaque. Dommage que pour elle, zombies et spectres rôdent dans la demeure : à moins que ne soit autre chose...


Le scénario surprendra peu les initiés (bien qu'il réserve quelques surprises), mais son visuel séduisant et sa débauche de grand guignol (revenants décharnés, crâne éclaté, éventration à la hache...) nous ramène dans les glorieuses 70's, qui redonnait chaleur et hémoglobine à des histoires horrifiques plus classiques. Toutes les qualités du cinéma d'un Paul Naschy passionné et honnête.









Le Docteur et les Assassins (1985) Freddie Francis : Sortez Vos Morts


Le dernier film de Freddie Francis, ce n'est pas seulement un très beau trip rétro (le grand réalisateur/chef op se croit toujours en période Hammer/Amicus en pleine décennie fluo), c'est aussi une manière de rappeler que Mel Brooks fut un réalisateur rigolard et un producteur plus rigoureux, parrainant des titres aussi dramatiques et tragiques que "Frances" ou "Elephant Man" (dont Francis occupait le poste de chef op donc). L'histoire de ces profanateurs de sépultures a beau se vivre un peu de l'extérieure (l'histoire, aussi sordide que celle d'un certain Sweeney Todd ou que Jack l'éventreur, est adaptée soigneusement sans jamais véritablement se transcender), on reste en admiration devant l'extraordinaire beauté plastique de l'oeuvre (une reconstitution étouffante et poisseuse des bas-fonds british), le score plaintif et fantomatique de John Morris, et l'irréprochable casting quatre étoiles (Timothy Dalton, Jonathan Pryce, Twiggy, Patrick Stewart, Stephen Read et Julian Sands !!). Macabre, et classe.







Terror Vision (1986) Ted Nicolaou : Mauvaises Ondes


Sans doute l'écart de conduite le plus jouissif de la firme Empire, alors en pleine activité. Après l'installation d'un satellite pas très fonctionnel, une famille de barjos - composé d'un grand-père militaire, d'une punkette, un avorton et de parents partouzeurs (les indispensables Gerrit Graham et Mary Woronov) - voit un énorme monstre carnivore débarquer dans le salon par le biais de la télé. Avec son look d'étron géant halluciné, la créature dévore tout ce qui se trouve à sa portée : à moins que l'apprivoiser soit une manière astucieuse de ne pas finir dans son gosier... Un ovni cosmique et comique arrosé de lumières criardes, habité de figures grimaçantes, saturé de gore spongieux et définitivement débile jusqu'au bout de la tentacule.









Fou à Tuer (1986) David Schmoeller : Somebody's Watching Me


Deuxième collaboration avec Charles Band pour David Schmoeller, honnête artisan toujours à l'affût du script le plus étrange qui soit : après son slasher sur fond de mannequins doués de vie et avant ses pantins assassins, il signera l'une des rares productions Empire dénuée de surnaturel, mais nanti d'un spitch potentiellement dérangeant. Comblant l'immeuble dont il est le propriétaire en faisant louer les appartements par de jolies filles, un curieux bougre trouve le moyen de les supprimer quand les demoiselles se montrent trop curieuses. Plus qu'un simple psycho-killer, Mr Gunther poursuit en réalité les travaux sadiques d'un père nazi, totalement fasciné par "le fragile équilibre entre la vie et la mort" qu'il traduit par ses pulsions meurtrières et des actes de masochisme pure. Bien plus que les pièges ingénieux annonçant ceux d'un certain Jigsaw (déjà très inspiré par "L'abominable Dr Phibes" et "Evil Dead Trap"), les scènes de voyeurisme pervers ou la comptine maladive de pino Donnaggio, c'est la prestation de Klaus Kinski qui méduse la pellicule, transpirant une folie nous poussant à nous demander où commence la véritable démence du bonhomme et où s'arrête le jeu. Véritable fléau vivant, il fit du tournage un enfer pour Schmoeller, qui utilisera des rushes pour un court-métrage de huit minutes sobrement intitulé "Please Kill MrKinski". Tout est dit.









Fortress(1986) Arch Nicholson : Classe Rouge


Ce tv film (autrefois diffusé chez nous sous le titre de "L'école de tous les dangers", sic !) c'est un peu Rambo qui aurait copulé peu délicatement avec "Les goonies". Un constat à peine excessif au vue d'une série b brute et carrée où une classe de gamins et leur charmante maîtresse sont pris en otages par des bandits masqués au coeur du bush australien. Les personnages dont ils endossent les masques (canard, père Noël...) sont alors aussi gentils que leurs intentions réelles sont mauvaises : périlleuse, la situation exige très vite que les enfants se retournent contre leurs oppresseurs. Si Fortress contourne le tabou de l'infanticide, la cruauté de son épilogue, elle, fait réellement froid dans le dos. La sauvagerie est éternelle...









Flic ou Zombie (1987) Mark Goldblatt : La Mort leur va si Bien


Avec le très fameux "Hidden", Dead Heat (on lui préférera son titre français) est l'une des rares bonnes déclinaisons du buddy movie dans celle du cinéma d'horreur. Avoir un alien comme coéquipier était déjà assez difficile, un mort, ce n'est certainement pas mieux ! C'est ce qui arrive au tandem joué par Treat Williams et Joe Piposco : l'un d'eux est dégommé entre les murs d'un labo spécialisé dans la résurrection post-mortem (permettant ainsi au crime organisé de réutiliser des maccabés de gangsters !) puis réanimé par les bons soins de son confrère. Sous le soleil de L.A ça fond et ça se décompose sec donc. Le résultat, diablement fun, gargouille de zombies craignos (dont le stock d'un restaurant chinois) et se paie la présence du majestueux Vincent Price. Du bon boulot.









The Boxer's Omen (1983) Kuei Chih Hung / Seeding of a Ghost (1983) Richard Yeung Kuen : Ils sont fous ces chinois ! [INÉDIT]


Après de longues périodes prospères et respectueuses, la Shaw Brother, l'éden du cinéma hongkongais, a décidé de s'écarter quelque peu des voies plutôt "balisées" du kung-fu. Du coup, cachés entre des classiques comme "L'hirondelle d'or" ou "Super Inframan", l'on découvre ébahi des produits lorgnant davantage vers Troma, à base de super héros dégueulasse (The oily maniac) de combats magiques carrément trash ou de sexe sans complexe. Le filon se poursuivit dans les 80's (Lost souls qui annonçait le "Camp 731" du même auteur) avec des trésors tels que les deux films cités ici : avec d'abord du rape and vengeance costaud et surnaturel pour "Seeding of a ghost", où une brune violée et assassinée par des voyous revient d'outre-tombe via son compagnon pour régler les choses une bonne fois pour toute : sodomie à coups d'allumette géante, possession, inceste, nécrophilie, jet de vomi...un vrai bordel. Plus proche des excès "fantasy" du cinéma indonésien, "The boxer's omen" suit les pérégrinations hardcore du frère d'un boxeur au pays de la magie noire : une succession ininterrompu de duels surréalistes, de rites gerbants et de transformations délirantes. Balayé d'un érotisme rigolo, de coups de tatanes réglo et d'éclairages baroques, les deux films se révèlent comme des étoiles dégoulinantes dans le firmament du cinéma bis.









La Section (1989) Darrell Roodt / Les Envoûtés (1987) John Schlesinger: L'Afrique c'est chic !


Retour aux terreurs sauvages, retrouvailles cauchemardesques avec l'angoisse des premiers temps, la barbarie des rites oubliés et la chaleur brûlante du feu comme du soleil. Les rapports entre les deux films sont extrêmement tenus, mais les éléments néfastes mises en scène (en l'occurrence la magie vaudou et la sorcellerie africaine) sont authentiquement cousins de sang. Dégagé fissa par les imposants "Angel Heart" et "L'emprise des ténèbres", "Les envoûtés" sait pourtant où il nous embarque, les commandes étant tenues par un Schlesinger fougeux ("Midnight Cowboy" et "Marathon man" ça vous dit quelque chose ?) collant aux basques d'un psy menacé, lui et son gosse, par une secte sacrifiant sans vergogne des jeunes enfants. On se souvient encore des scènes chocs, de ce bouton percé faisant jaillir des araignées à cette électrocution glaciale ouvrant le film. Relativement ignoré malgré un passage à Avoriaz, "La section" fait parti de cette race de films faisant croiser le quotidien de bidasses en mission (ici dans une savane sordide puant la charogne) avec des éléments surnaturels. Une cruauté de tous les instants (la guerre est moche, impitoyable, sale) et un fantastique insidieux, inquiétant, servant ici une vengeance amplement méritée.









La Nuit des Sangsues (1986) / Monster Club (1987) Fred Dekker : Party Monster


Un robocop de trop et pouf, Fred Dekker s'en est allé du royaume de la série b. Il a pourtant laissé de nombreux amateurs les yeux pleins d'étoiles avec ses deux films très axés "retro monsters" : ceux des années 50/60 d'abord, avec un "Night of the creeps" piochant avec plaisir dans une imagerie d'aliens profanateurs de sépultures, de zombies cabossés et de teens en chaleurs ; puis les monstres de la Universal (Dracula, le loup-garou, la momie, l'étrange créature du lac noir et la créature de Frankenstein), ici réunis (non officiellement) pour terroriser une petite ville. De menus défauts (un rythme défaillant pour "Night of the creeps", un côté post-goonies très appuyé dans "Monster Squad") mais une générosité de tous les instants (les introductions sont sublimes !) en font des hits indispensables dans toutes bonnes soirées pop-corn.







Hello Mary-Lou (1987) Bruce Pittman / Panics (1988) Andrew Fleming / Dream Demon (1987) Harvey Cockliss [INÉDIT] : Nightmare on the vidéo-club


Freddy et ses avatars, voyez plutôt ! Si on oubliera volontiers le slasher "Prom Night" (et son remake se tapant le luxe de faire bien pire), on peut se pencher sans trop de craintes sur les suites (hormis le quatrième, hors-sujet), des avatars assez rigolos de Freddy. On oublie tout et on recommence, car cette fois, on nous sert (le temps de deux épisodes) l'équivalent féminin du grand brûlé, une pimbêche de petit vertu ayant eu la malchance de cramer le soir du bal de promo. Elle revient donc...et n'est pas contente ! Pas bien ronge-tête, mais jouissif puisque reprenant les codes de la saga inaugurée par Craven, les scènes oniriques en moins ; la vilaine possède ainsi une bien prude lycéenne, lui faisant faire des avances à ses copines ou rouler des pelles à papa ! Outre un final lorgnant inévitablement vers "Carrie", on se souviendra avec délice d'une mise à mort hallucinante dans un vestiaire. So Hello Mary Lou, Goodbye heart !


"Panics" est à peine plus malin puisqu'il reprend le cadre de "Freddy 3, les griffes du cauchemar" (un hôpital), une des actrices secondaires (la craquante et ténébreuse Jennifer Rubin) et son grand brûlé (ici Richard Lynch - déjà flippant sans maquillage - en gourou revenu d'entre les morts). Bref la Fox recycle, et le spectacle vaut tout de même le coup d'oeil, le soin apporté au visuel n'y étant pas pour rien (un suicide collectif apocalyptique, des torrents de sang...). Quant à "Dream Demon", petit perle venu de grande-bretagne, deux jeunes femmes se retrouvent confrontées à des cauchemars pas très catholiques (une claque décapitant un quidam en plein mariage !!), ne distinguant plus réellement réalité et imaginaire. Une enquête qui de défrisera pas les habitués, mais des scènes fantastiques soignées et un duo d'actrices épatant.









Androïde (1982) Aaron Lipstadt : La menace fantoche


Si "Alien" fut une affaire juteuse en matière d'avatars pour Sir Roger Corman, ainsi que "Star Wars", "Blade Runner" passa lui aussi à la moulinette avec cet "Androïde" bien plus fin qu'il n'en a l'air. A plusieurs lieus de la terre, un savant confectionne un androïde femelle dans une station spatiale rapidement abordée par un groupe de trois fugitifs dont une femme qui ne va pas tarder à déchaîner les passions à bord: celles de ses coéquipiers, mais aussi du scientifique (Kinski, toute en crinière blonde et en folie) et de son assistant, un androïde s'humanisant petit à petit. L'effet calque craint au départ s'estompe comme à son habitude face à la rigueur de la réalisation et aux surprises que distillent cette tragédie science-fictionnelle, plus touchante que furieuse, et en cela plus proche de "La fiancée de Frankenstein" que du film de Scott. Un vrai bon - et beau - moment.









Embrasse-moi Vampire (1989) Robert Bierman / How To Get Ahead In Advertising (1989) Bruce Davidson [INÉDIT] : Le blues du buisnessman


Quand le fantastique s'infiltre dans le monde du travail, plus rien ne va. Non seulement "Vampire's kiss" téléporte le mythe du vampire en plein coeur de la Grande Pomme, mais il l'assimile à un étrange coup de folie, à la lubie d'un yuppie coffré dans ses bureaux le jour, et dragueur invétéré la nuit. Assailli par une créature aux dents longues, le pauvre homme voit son teint pâlir, supporte mal la lumière, devient agressif avec sa secrétaire. Transformation fantasmagorique ou démence ? A la débauche de fx que lui préfère les productions vampiriques de l'époque, le film de Bierman navigue entre le tragi-comique d'un "After Hours" (dont il partage le même scénariste) et le modernisme maladif du mythe du vampire à la "Martin". Des ruptures de ton risquées pour un "American Psycho" (soft) avant l'heure, dominé par un Cage déchaîné et une Jennifer Beals qu'on préfère davantage en succube mordante qu'en danseuse émoustillée.


C'est pétage de plombs également du côté des british avec "How to get ahead in advertising", titre barbare où se profile en réalité l'enfant illégitime de "99 Francs" et de "Elmer, le remue-méninges". Bruce Davidson (qui ira tourner à Hollywood un "Jennifer 8" sensiblement différent) passe un sérieux savon dans le monde de la pub, ici piétiné de l'intérieur par l'un de ses dirigeants, se voyant en panne sèche depuis qu'il s'est vu confié une publicité ventant les mérites d'une crème anti-bouton. Du jour au lendemain, voilà qu'une immonde excroissance pousse sur son épaule, atteignant d'inquiétante proportion et semblant même...douée de vie ! Une fable grinçante et maboule, clairsemée de dialogues incisifs débités par un Richard E.Grant phénoménal, comme incapable d'avoir trouvé le bouton off.









psychose 3 (1986) Anthony Perkins / Schizo Dream (1988) Sandor Stern : Tempête sous un crâne


Si l'on vire le remake pouet pouet de Gus Van Sant, il serait assez excessif de reconnaître que la saga "Psychose" soit absolument médiocre. Sous couvert de ne pas froisser le classique de Hitchcock, on a même tendance à oublier que celui-ci a fait des rejetons. Après un second volet en demi-teinte (une histoire de machination un poil tirée par les cheveux), la saga reprend tranquillement sa route dans l'ultime aventure du vieux garçon foldingue (le quatrième étant une préquelle), avec justement Bates himself aux commandes ! Conscient du matériel qu'il tient entre ses doigts fébriles, Perkins ne cherche jamais à imiter le maître du suspens (même le score Hermannien est évacué au profit d'une bande son plus éthérée) et signe une jolie séquelle, où ce cher Norman pète un boulard lorsqu'une copie carbone de Marion Crane débarque au motel. L'évolution du personnage y est non seulement fascinante, mais la réalisation suit à merveille, jusqu'à des renvois jouissifs et gonflés, comme le meurtre de la douche, déplacé dans une cabine téléphonique (puis des wc !) et détourné de la manière la plus inattendue qui soit.


L'ombre de ce même Norman Bates plane très vivement au dessus du très étrange "Schizo Dream", où un jeune garçon a également pris le sentier de la schizophrénie pur et dur. Cloisonné dans une éducation particulièrement stricte, le petit Léon croit dur comme fer depuis sa tendre enfance que le mannequin pédagogique dont se sert son père médecin (le "Pin", en référence à pinocchio) est réellement doué de vie. Bref, le plastique c'est fantastique. Un suspens malsain qui ne tourne décidément pas rond, avec une réutilisation bougrement efficace du schéma Norman/Mama Bates. On a vu pire référence...







Le fantôme de Milburn (1981) John Irvin : Morte-Vivante Jusqu'au Bout des Seins


Bien que n'atteignant pas le niveau d'un "Cercle Infernal" (qui adaptait également un récit de Peter Straub), "Ghost Story" se pare pourtant tout aussi élegamment, se vouant entièrement à une imagerie évoquant l'épouvante à l'ancienne. S'il pêche aujourd'hui par son récit justement très classique (un groupe de vieilles badernes est traqué par le fantôme d'une jeune femme), le charme du casting (le classieux quatuor Fred Astaire/ Melvin Douglas/Douglas Fairbanks Jr/John Houseman), de la photographie de l'immense Jack Cardiff et des décors lugubres opérent encore. Mais plus loin que cela, c'est le fantôme lui-même qui emporte l'adhésion, créature à la fois décrépite et érotique, sirène sinistre qu'on croirait échapper du fabuleux "Let's scare jessica to death" : on pourrait affirmer que jamais Alice Kridge ne trouvera un rôle aussi sensuel et trouble dans sa filmographie. Empressé et talentueux, ce fut à Dick Smith d'abîmer cette beauté en véritable fleur de terreur. On appréciera la beauté du geste...







Corpse Mania (1981) Kuei Chih Hung : Fong l'eventreur [INEDIT]


Ce petit sous-maniac asiatique se démarque de manière étonnante des autres productions trash du côté obscur de la Shaw Brothers en se débarrassant de toute l'imagerie fantastique (et un brin rébarbative) généralement mise en place. A la place, un hommage d'assez mauvais goût au giallo où un tueur nécrophile terrorise une maison close et ses alentours. Quelques relents hammerien dans le traitement visuel, et une certaine furie dans les scènes de meurtres (surtout ceux de la deuxième partie) masquent une intrigue assez plan-plan et plutôt bavarde. Mais il y a bien quelque chose d'étrange qui se passe, surtout lors de cette scène de nécrophilie virant au débordement fulcien.









Le Fantôme de l'Opéra (1989) Dwight Little : Le masque de Chair


Au milieu d'un revival brinquebalant et soudain (Poe revisité à grands coups de séries b voire z), ce "Phantom of the opera" là fait plutôt figure de modèle de suivre : Englund oblige, la promo étrangère semblait vendre le vengeur masqué tel un nouveau Freddy (le maquillage est étonnement proche de celui de Krueger) alors qu'en France, l'on prime sur une étiquette romantique hélas abusive. Avec ses passages modernes et le lien qui l'entretient avec Faust le rapprochant par moment d'un "Phantom of the paradise", le film de Little se débrouille miraculeusement bien malgré son petit budget, ne rougissant que très peu face à ses modèles avec une reconstitution dès plus élégante (la scène splendide où Christine vient pleurer sur la tombe de son père sous la neige, alors que le fantôme joue du violon à ses côtés). Mais que ne l'on s'y trompe pas, il s'agit sans doute de la variation la plus hargneuse et la plus gore du livre de Leroux avec un fantôme plus sadique que pathétique, préférant se coudre des morceaux de peaux humaines sur le visage plutôt que d'utiliser le masque de rigueur. Et son combat de rue contre des malfrats semble curieusement arraché des pages d'un comics. Fort louable.









Sanctuaire (1989) Michele Soavi : Amen


Si à la croisée du slasher et du giallo, bloody bird avait convaincu, c'est le moins le cas que ce "Sanctuaire" naviguant entre deux eaux. Epaulé par le maestro Argento, Michele Soavi tient un sujet suffisamment riche pour y déployer toutes sorte de délires picturaux et baroques, très attachés à l'imagerie Boscherienne : cérémonies païennes sulfureuses, démons biscornus, amas de créatures infernales, sévices cruels, cryptes humides et sensation de fin de monde. La sauce ne prend qu'à moitié : le prince de l'horreur italienne tient l'avantage de savoir mettre en avant tout cela, sans compter le fait que le bonhomme sait filmer. Là où le bat blesse, c'est dans la structure faiblarde, le non intérêt total pour les personnages, les situations parfois désarçonnantes. La rencontre entre Le nom de la rose (avec un Feodor Atkins reprenant son rôle pratiquement à l'identique !) et "Demons" n'emporte pas totalement l'adhésion, mais séduit quand le visuel s'emporte : une fosse commune bâtit à la va-vite alors que les morts s'en relèvent, un moine empalé du haut sa cathédrale sous une pluie battante, une demoiselle enlacée nue dans les bras d'un démon ailé, une maîtresse d'école placardée contre un mur par une grille acérée...











La Nuit de la Comète (1984) Thom Eberhardt : Zombies en Soldes


Souviens toi que tu etais poussière et que tu redeviendras poussière...


C'est ce qui arrive aux habitants de la planète Terre après le passage d'une comète mortelle. Deux soeurs, toutes deux à l'abri pendant le cataclysme, partent en quête de survivants. Manque de pot, certains survivants trop exposés à la comète sont transformés en zombie sanguinaires. Moins cool. Mais ça n'empêche les demoiselle folles de la gâchette d'aller faire du shopping sur fond de Cindy Lauper ! Toute une époque...


Rigolo parce que bigrement 80's et plutôt plaisant visuellement (les rues de L.A vide, c'est toujours quelque chose, surtout pour un petit budget !), Night of the comet perd en sympathie dans une dernière partie beaucoup trop en retrait avec ce qui ressemblait à une version décomplexée, idiote, fun et féminine de Je suis une légende. Plaisant malgré tout.









Appels au Meurtre (1981) Ken Wiedherhorn : La Mort au Bout du Fil


Oscillant entre le slasher (des morts très graphiques) et le psycho-killer à la "Maniac", Eyes of a stranger oppose une journaliste fouineuse à un serial-killer/violeur, qui serait bel et bien son voisin de palier. A défaut d'être révolutionnaire (c'est tendu et correctement emballé, à défaut d'être vraiment surprenant), on garde une affection toute particulière pour les fx de Savini (qu'on a connu certes plus déchaîné) et pour le personnage de Jennifer Jason Leigh, à l'époque encore toute mineure, mais déjà fort maltraitée dans un rôle d'aveugle absolument touchant dont le handicap va devenir la clef d'un climax absolument déviant. L'enfant terrible d'Hollywood était déjà né !









Effroi(1981) Frank Laloggia : Jeune et Con


Bien que "Damien, la malédiction" soit passé par là, Laloggia s'est quand même amusé à imaginer une autre variation du thème du teen antechrist, ici dans un spectacle outrancier et grand-guinolesque dans la veine d'un "Messe Noire", mais en plus bordélique encore. Il faut dire que pour le coup, ça ne vole pas bien loin (good versus evil, comme toujours), mais le soin apporté aux scènes fantastiques (ces gigantesques ruines d'où ressuscitent une pelleté de morts-vivants) et la folie ambiante, alimentée par les effets spéciaux tape à l'oeil et les connotations gay peu finaudes (baiser sous la douche, bad guy ambigu ou paire de seins posés peu délicatement sur le corps d'un ephèbe !) rendent le tout assez jouissif avouons-le.









Intruder (1989) Scott Spiegel : Mortalité à Moitié Prix


Terreur au supermarché ! Lors d'une nuit pas commode, on se presse dans un petit supermarché menacé de fermeture : un intrus s'est glissé parmi les rayons, décimant les employés avec une barbarie inouïe. Le grand pote de Sam Raimi (d'ailleurs présent dans le film et finissant ses jours au bout d'un croc de boucher !) ne trompera pas grand monde avec ses fausses pistes et son rythme en demi-teinte, mais impressionne lorsqu'il s'agit de faire rendre l'âme à ses protagonistes : une tête plantée sur une épingle, un quidam charclé à la scie électrique, un autre découvrant les joies d'une presse électrique...joyeux. Et les plans subjectifs totalement barges et gratuits (point de vue d'un téléphone, d'un balai, ou d'un caddie !) restent une signature dès plus cocasse.









La Maison (1989) Peter Rader: Notre Belle Famille


Un petit air de Grimm ce "Grandmother's house" : deux enfants sont placés sous la garde de leur grand parents après la mort de leur père. Mais le cadet se sent mal à l'aise, troublé par des cauchemars où il voit son grand-père fomenter d'étranges plans dans la cave ; trop curieux, le garçon descend dans le sous-sol et y libère une jeune femme alors emprisonnée ! Mais le danger ne vient pas exactement de là ou il l'attendait...


Les carences du rythme et de la réalisation (des éclats de violence partiellement loupés et des incohérences) sont balayés par l'ambiance à la fois tendue et solaire (la "campagne" de L.A) et des situations bien tordues (le twist final sèche bien). Imparfait, mais singulier.









American Gothic (1987) / Incubus (1980) : Double-Programme John Hough


Solides et éprouvantes, voilà ce que sont les deux séries B de ce faiseur de Hough (La maison des damnées et Les cicatrices de Dracula quand même !), bien que leur sujet n'entretiennent aucun rapport entre eux (le thriller démoniaque contre le survival/slasher rural) : le climat malsain lui, est garanti ! On laissera de côté les séquences d'enquêtes peu passionnantes d'Incubus pour se pencher sur les scènes horrifiques, peu graphiques, mais d'une brutalité redoutable (un monstre sanguinaire et queutard terrorise une petite ville), évitant d'étaler au grand jour la fameuse créature titre jusqu'à l'inquiétante révélation finale. Plus proche de "Mother's day" ou de "La colline a des yeux", American Gothic (référence volontaire et explicite au célèbre tableau) nous trimballe dans les sous bois d'une île perdue, où un groupe de jeunes gens (pas de teens ringards pour une fois) ont eu la mauvaise idée de se paumer, tombant nez à nez avec une famille de bigot sadiques ! Rod Steiger et Lorraine de Carlo sont bluffants en fanatique du dimanche, et même si là encore Hough est peu intéressé par le gore, le détournement d'objets inoffensifs (balançoire, corde à sauter ou bassine) en armes redoutables réservent quelques surprises. L'un dans l'autre, les deux titres jouissent d'un noirceur impitoyable. A redécouvrir !







la bete d'Amour (1981) Alfred Sole : Mon Mari Joe


Il est bon de rappeler qu'Alfred Sole, le réalisateur du très malsain "Alice Sweet Alice" (où on écrasait des nuques de chat avant d'éclater des dents à coup de brique) a débuté sa carrière dans la fesse, avant de la poursuivre puis de la conclure (une pierre, deux coups) avec ce "Tanya's island". Pour une fois d'ailleurs, on lui préférera le titre français, plus trouble et plus racoleur, et qui a au moins l'idée de ne pas nous vendre un nouveau sous Emmanuelle. Si pour le coup, l'oeuvre est assez chiche en pratiques sexuelles (désolé...), son triangle amoureux intrigue grandement: un peintre barbu en totale régression animale, sa très belle compagne (Vanity, ex de Prince, ici filmée sous tous les angles) et...un gorille aux yeux bleus, alors amoureux de la belle (et dont le costume est signé par le Mr Ape de la profession : Rick Baker). Le spitch, sans doute pas assez jusqu'au boutiste (on est pas dans "La bête" de Borowczyk !), joue sur la corde raide du fantasme semi-malsain, du King Kong déréglé. Au delà de ça, il y a quelque chose d'assez émouvant dans cette bluette pas nette, comme la dernière image où la tv passe l'image d'un Monsieur Joe cherchant désespérément du regard sa belle. Et la musique de Jean Musy, sublime, s'en charge d'en faire des tonnes. C'est beau en fait.







Gothic (1986) Ken Russell : L'empire des Sens


Décadence et romantisme du 19ème par Ken Russell : quoi de plus excitant. Bien qu'en toute franchise, le résultat ne soit pas totalement à la hauteur des espérances (n'est pas "The devils" qui veut), cette occasion pour Russell de revenir en terre natale après avoir déchaîner les foudres de la censure aux States n'est pas dénuée d'intérêt loin s'en faut. Près du lac Leman, les passions s'entrechoquent dans le manoir de Lord Byron où, entre deux orgies, on se raconte des histoires terrifiantes. Emportés dans leurs délires, les invités et leur hôte voient spectres et monstres déchirer la nuit orageuse. Le lendemain de cette soirée infernale, Mary Shelley écrira son fameux Frankenstein...


Tonitruant, pénible, séduisant, incontrôlable : les non avertis risquent de se perdre dans ce dédale de traumas et de pulsions dégénérées. L'histoire (vraie) qui l'inspire, en fera autant pour deux autres films beaucoup plus sages : "Rowind in the wind" et "Un été en enfer".







Re-Animator Hospital (1989) Brett Leonard : L'Hôpital et ses Zombies


Bien que le retirage français le laisse supposer, pas de Herbert West dans ce film tenant en effet de l'erzatz de Re-Animator : on y retrouve ainsi un savant fou, des zombies, un asile psychiatrique, une jolie héroïne (dévoilant sa belle poitrine dans une scène de rêve humide totalement gratuite). Pas très fin ce recyclage. Ce qui n'empêche qu'on passe un drôle de moment devant ce dtv lorgnant sans retenu vers le Z craspec, avec un lâché de morts-vivants et des scènes de mutilations excessives comme il faut. Con mais bon.









There Was a Little Girl (1981) Oliver Assonitis / Nightmares de John D. Lamond : Les héroïnes du mal [INÉDIT]


On ne sait pas si l'un a inspiré l'autre, mais il est clair que la formule adoptée par ces deux thrillers est identique : ce ne sont ni plus ni moins que des giallos déguisés en slasher (voire inversement), ce qui donne des résultats aussi soignés que bourrins. Devançant de quelques années le "Bloody Bird" de Soavi, Nightmares (ou "Stage Fright", d'où le rapprochement) applique la logique du trauma materno-sexuelle à une créature qu'on verrait plus au bout du rasoir que derrière. Schizophrène au dernier degré, la pauvre petite massacre les comédiens chauds lapins d'une pièce de théâtre dans laquelle elle joue également, traumatisée par la vie de débauche de sa mère et l'accident qui la tua sur le coup. Malgré un montage heurté maladroit, cette série b australienne n'y va pas avec le dos de la cuillère puisque son anti-heroïne assassine systématiquement ses victimes à coups de morceaux de verre, et de préférence quand celles-ci n'ont plus rien sur le dos. Théâtre oblige, ça vire très vite au grand-guignol !


Chez Assonitis, ça pompe allègrement "Soeurs de sang", ici remis au goût du jour avec une freaks enragée bien décidée à ruiner la vie de sa belle frangine. De la hache sanglante, en passant par un toutou se faisant vriller la tête ou une gamine se faisant éclater le visage à coup de pierre, on en a décidément pour nos frais. Le comble des deux films, certes assez bancals, tient non seulement dans leur violence graphique très poussée mais aussi via un scope d'une tenue remarquable, chose drôlement rare pour des productions de cet acabit. Et ça, tout de suite, ça fait drôlement la différence...









La Malédiction de l'Île (1983) John Laing / Les Yeux de Feu (1983) Avery Crounse : Bad Trip


Loin de la tornade Jackson (qu'on citera toujours dès qu'on parle Nouvelle-Zélande, et tant pis pour ses détracteurs), le film de John Laing s'apparente avec brio au cinéma fantastique australien, qui a bien fait de rebuter les plus impatients. La recherche d'un anthropologiste mène ici vers un voyage moite et sans issue sur une île perdue : le tout débouche sur une véritable étrangeté, entre terreur tribale et angoisse de l'inconnu. Encore plus bizarre mais peut-être plus cheap, Les yeux de feu cache non pas une nouvelle adaptation de Charlie, mais à un conte étrange, un trip louchant dangereusement vers l'expérimental, curieux voyage au coeur d'une forêt peuplée de démons où des pionniers ont eu la mauvaise idée de s'établir. Pas très adroit certes, mais suffisamment décalé pour chatouiller les mangeurs d'objets filmiques non identifiés.











Sweet Home (1989) Kiyoshi Kurosawa : Ombres japonaises [INÉDIT]


Ce petit cachotier de Kurosawa aurait donc oeuvré dans un cinéma horrifique en totale contradiction avec celui dont lequel il se trouve plongé de nos jours ! A l'épouvante cérébrale et suggestive s'oppose ici à une petite série b d'horreur de famille, où un groupe de quidams a la mauvaise idée de tourner un reportage dans une manoir hanté planqué au fin fond de la campagne nippone. Le gothique européen se heurte au folflore japonais (les indispensables cheveux longs noirs) pour un petit film ne payant pas de mines, surtout au niveau des fx, confectionnés par un Dick Smith de passage ! On appréciera le calvaire de cette pauvre jeune femme faisant la rencontre avec les esprits de la demeure, de gigantesques ombres se déplaçant alors lentement dans les couloirs; quelques sueurs (et un homme tranché en deux...toujours vivant !) plus loin, la victime finira ses jours sous la lame d'une gigantesque hache posée peu délicatement sur un mur.









Eternal Evil(1983) George Mihalka : Envole Moi


Si le slasher minier de George Mihalka a sû marquer les esprits (et c'est encore mieux en version uncut, voilà !), , on ne peut pas en dire autant de sa tentative dans le fantastique atmosphérique. Un théme assez peu abordé au cinéma, ici la projection astrale : un père de famille voit son esprit quitter son corps à chaque fois qu'il rejoint le royaume de Morphée. Pas pratique, surtout quand son psychiatre est retrouvé mort, les organes internes totalement broyés. Bizarre vous avez dit bizarre ? Si l'ensemble traîne un peu, la noirceur du récit, la présence de Karen Black et les scènes aériennes sublimées par la musique de martin Dolgay valent étonnement le coup d'oeil.









Le Miel du Diable(1986) Lucio Fulci / Le Visiteur (1987) Arthur Allan Seidelman : Huis-Clos


Après le giallo, le post-nuke, l'heroic fantasy...le thriller érotique ! Ce qui aurait pu tomber entre les mains d'un Joe d'Amato vicelard (auquel le film fait penser indubitablement) atterri entre les griffes du poète du macabre avant son escalade dans une multitude de projets douteux misant sur le gore putride et ringue. Rien de proprement fantastique à l'horizon pour ce qui ressemble étrangement à cette multitude de films sm peuplant le cinéma d'exploitation japonais (une jeune femme en deuil enchaîne le chirurgien ayant causé la mort de son compagnon). Sous couvert de vengeance et de sexe moribond, Fulci compose un inquiétant face à face, à l'érotisme animal et poisseux, au climat souffreteux. Un dernier pour la route...


Toujours dans le thriller vénéneux, "The caller" n'a rien d'un dérivé de "Terreur sur la ligne" mais confronte également, et à sa manière, une jeune femme à un inconnu (aux intentions forcément troubles et c'est normal, puisque c'est Malcom McDowell qui le campe) dans une baraque paumée. D'une situation théâtrale, cette série b se joue totalement en marge des autres titres de la firme Empire (dont il fait parti), évacuant le racolage graphique pour un suspens d'une grande sobriété, où l'on ne sait jamais réellement qui est le chat et qui est la souris. La révélation finale risque, à coup sûr, d'en faire tomber plus d'un sur le carreau.









Voyage au bout de l'horreur (1988) Terence H.Winkless / Mutations (1987) Juan Piquer Simon : La mort qui rampe


Bien qu'ils ne marquent pas réellement une date dans l'histoire du cinéma d'horreur animalier (les deux films se réclament énormément du fameux "Squirm"), ces deux fleurons feront sans doute passer un bon moment aux habitués...et un véritable enfer à ceux craignant les créatures vedettes : d'abord des cafards dans "The nest", et des limaces (autrement plus méchantes que les escargots du piteux "Aenigma") dans "Slugs". C'est carré et sans grandes surprises dans l'un comme dans l'autre, mais les attaques elles, risquent d'écorcher les yeux les plus chastes : du côté de l'espagnol Juan Piquer Simon, une demoiselle tombe entièrement nue dans une mare de limaces voraces et plus loin, un quidam voit son visage exploser dans un restaurant chicos, faisant jaillir malgré lui la vermine flasque des plaies purulentes ; par contre chez Corman (producteur only), ça grouille tout aussi sec et ça se permet même l'intervention d'hybrides fort curieux. Succulent donc.







La Fissure (1987) / Lectures Diaboliques (1989) : Takacs attack


Honnête artisan aujourd'hui reconverti dans des monsters-flicks de vidéo-club, Tibor Takacs n'a jamais été un esthète loin de là, mais son diptyque force encore la sympathie aujourd'hui. Malgré ses protagonistes horripilants, "The gate" ne sait jamais à quel public il se destine (films de trouilles pour gosse ou série b puérile ?) et taquine nos traumatismes d'enfance, dans ce qui s'apparente vaguement à un "Poltergeist" démoniaque. La qualité remarquable des fx (tableau de désolation, oeil poussant dans la paume d'une main, multiplications de gnomes...) comme cette créature lovecraftienne en stop-motion et les visions parfois inquiétantes (un cadavre surgissant d'un mur) donne une saveur assez réjouissante à ce combat acharné entre des mioches et des démons aux intentions forcément peu louables. Le constat est quasi-identique pour "I Madman", qui ne méritait absolument pas le grand prix à Avoriaz en son temps (faut pas déconner !) mais s'apprécie aussi bien pour la présence de Jenny Wright (la beauté fragile et diaphane de "Aux frontières de l'aube") que pour les deux créatures du film : un assassin sanguinaire se remodelant le visage à loisir avec ses victimes (pire qu'un Michael Jackson et plus désordonné que le monstre de Frankenstein donc) et un homme chacal animé par la magie de la stop motion (encore donc).









Superstition (1982) James W.Roberson : Entre ses Griffes


Recompensé à l'époque du prix des effets spéciaux au Festival international de Paris du film fantastique avant de rejoindre la fameuse collection Scherzo parrainée par Christopher Gans, "Superstition" a ce petit charme bien à lui, hélas amoindri par un paquet de dialogues explicatifs. A la lisière de "Amytiville" et de "Poltergeist", nanti d'une touche de satanisme, "Superstition" nous ressace le mythe de la maison hantée à la mode slasher, faisant tomber son casting de la manière la plus dégénérée possible (un peu comme "Intruder" vu plus haut). Une réalisation carré et une belle photographie (le dvd d'Anchor Bay est vivement conseillé) au service de mises à morts d'une cruauté démentielle : corps sectionné en deux par une fenêtre, tête cloutée sur le sol, quidam exposé au rayon d'un micro-ondes ou cette scie circulaire se faisant subitement scie sauteuse...au sens propre !







Night of The Demon (1980) James C.Wasson : Le sang de la bête [INEDIT]


Fauché, laid, assez mou, mal joué : là comme ça, "Night of the demon" ne se distingue pas vraiment du tout venant. Là où il marque des points, c'est qu'il reste à ce jour la variation la plus ouvertement dégueulasse du mythe (un poil barbant) du Bigfoot, ce grand singe qui fait peur aux chasseurs ricains. Pas de cadeaux ici ; la bébête arrache, découpe, viole (à l'occasion) et éviscère comme un Jason Vorhees sous ecsta. En quelques séquences, "Night of the demon" réussit l'exploit à envoyer ad patres les abominations du joueur de hockey débilo, se vautrant avec complaisance dans le gore le plus crade. Outre un final en slow motion venu d'ailleurs, citons une empoignade forcée par le monstre entre deux campeuses, se découpant mutuellement l'une et l'autre de force (!!!?) ou un campeur surpris dans son sac de couchage découvrant les joies du 360 degrés. Ebouriffant.







A Night To Dismember (1982) Doris Wisman : La cité de la peur [INEDIT]


Vétérante (eh oui !) du bis connue avant tout pour son généreux dytique Super nichon contre mafia/Mamel's story (no comment), Doris Wishman a frappé plus fort que tout, au point de ne pas se relever avant le 21ème siècle, avec ce Night to dismember, qui risque de faire passer votre collection d'Eurociné et de Ed Wood pour des chefs d'oeuvres du septième art. La petite histoire veut que le film fut remonté et reshooté en catastrophe sur plusieurs années et sachant que le film original ne devait pas être bien folichon, on vous laisse imaginer le résultat. Et bien vous aurez du mal à y croire, mais c'est impossible à imaginer en réalité. Si si, à ce point...


Une telle transcendance de la nanartitude vous retournera comme une crêpe (ou comme un camion, au choix), tant l'ensemble déborde de maladresse et d'incompétence suprême : scénario louche, post-syncro dégeulasse, effets gores au rabais, bruitages douteux (décalages en pagaille et sons bruités à la bouche !), bande-son psychotique (des séquences de musiques entières sans aucun rapport avec le film se chevauchent violemment à l'écran !!), mise en scène apocalyptique, montage extrêmement hasardeux, acteurs totalement ailleurs... En parler c'est bien, le voir c'est autre chose : plus qu'un monument, une clef vers un autre monde. Séquelles mentales garanties.