Affiche française
PENNY DREADFUL (SAISON 1) | PENNY DREADFUL | 2014
Affiche originale
PENNY DREADFUL (SAISON 1) | PENNY DREADFUL | 2014
Saison
1
Scénario
French release date
Genre
Musique de

Penny dreadful (saison 1)

Penny Dreadful

PENNY DREADFUL (SAISON 1) | PENNY DREADFUL | 2014

Dans le Londres de l'époque Victorienne, Vanessa Ives, une jeune femme puissante aux pouvoirs hypnotiques, allie ses forces à celles d'Ethan, un garçon rebelle et violent aux allures de cowboy, et de Sir Malcolm, un vieil homme riche aux ressources inépuisables. Ensemble, ils combattent un ennemi inconnu, presque invisible, qui ne semble pas humain et qui massacre la population...

L'AVIS :

Au pays de la série tv horrifique, les choses bougent lentement, mais sûrement : alors que la série de Guillermo Del Toro, The Strain, compte mettre les pieds dans le plat cet été et qu'American Horror Story continue sa belle progression, True Blood s'enterre. Après (l'horrible) conclusion de Dexter et un très lointain Masters of Horror, on se demandait ce que la chaîne Showtime allait mijoter de son côté : c'est donc avec une certaine discrétion que se dévoile Penny Dreadful, entretenue par John Logan, producteur et scénariste prisé (Eastwood, Scorsese, Burton, Mendes, Spielberg...). Dans le fond, on pense à l'acte manqué d'Eli Roth avec Hemlock Grove, un Twin Peaks horrifique où se réunissait vampire et loup-garou. Plutôt que de moderniser, Logan remonte à la source : quelque part, dans les rues malfamées et brumeuses de Londres, dans la crasse et le mystère...

Compte tenu de l'époque et des personnages choisis, le concept louche vers une variation « creepy » de La Ligue des Gentlemen extraordinaires : soit une réunion de mythes littéraires, qui devront lier leur destin et leur histoire. Jugez plutôt : l'explorateur Sir Malcom Murray tente de retrouver par tous les moyens sa fille (une certaine Mina Harker...) et réunit alors trois personnalités aux temporairement opposés : Ethan Chandler, (un Josh Harnett étonnant) un pistolero américain courageux mais secret; Vanessa Ives, une medium au passé tumultueux, et le savant Victor Frankenstein, qui planche évidemment sur sa chère créature.

Bien entendu, les croisements ne s'arrêtent pas là : Dorian Gray ou Van Helsing sont également de la partie, Logan se livrant à un melting-pot référentiel diablement cohérent, où l'on parle encore de Jack l’éventreur dans les ruelles sombres, et où l'on va se divertir au théâtre du Grand-Guignol. Quant au titre de la série même, il renvoi à ses petites histoires d'horreur façon pulps avant l'heure, qui iront s'intégrer au récit en dénigrant bien entendu tout l'aspect fictionnel de leur contenu.

Bien dans l'air du temps, ce dépoussiérage en règle se fait alors sous le signe de l’excès, avec une emphase attendue sur le sexe (possession lubrique et orgie bisexuelle) et la violence gore. Mais ce qui pourrait être bêtement racoleur offre surtout la possibilité de se réinvestir dans des thèmes usés jusqu'à la corde, non sans succès. Ainsi, toute la relecture de Frankenstein est par exemple l'une des plus belles adaptation de Shelley jamais vu à l'écran : ce que confirme très vite les dernières images du pilote, lorsque la Prométhée post-moderne apparaît à son créateur, faisant naître l'émotion et l'horreur en quelques poignées de regards. Rory Kinnear y fait d'ailleurs des merveilles en monstre bafoué et shakespearien, dont les traits blêmes et le charisme bizarre semblent jaillir d'un film de Murnau.

Filmé avec grande classe (Juan Antonio Bayona s'est occupé des deux premiers épisodes), Penny Dreadful perd en efficacité ce qu'il gagne en profondeur : trop lente, la série patauge de temps à autre et ne passionne pas toujours. Difficile pourtant de renier cette intensité (volontairement?) théâtrale et le grand soin apporté au personnage : comme avec cet épisode entièrement consacré à Vanessa, figure maudite dont les souvenirs ressemblent à du Emily Bronté trash. Liant des scènes de possessions impressionnantes au traitement de l'hystérie établies à l'époque, la majeure partie des séquences mettant en scène Eva Green lui donne l'occasion de livrer une performance enfiévrée et hallucinante, qui justifie à elle seule la vision de la série.

De belles promesses et des saillies de qualité quelques peu ternies par un dernier acte bâclé (reprenant sans effort certaines péripéties du pilote), sans doute menacé par le futur incertain de la série. Mais l'enfant monstrueux de John Logan étant reconduit pour une seconde saison, on reste impatient de savoir quels autres mythes seront exhumés et ramenés sur le droit chemin.

EPISODES

1- Night Work
2- Seance
3- Ressurection
4- Demimonde
5- Closer than sisters
6- What Death Can Join Together
7- Possession
8- Grand Guignol

PENNY DREADFUL (SAISON 1) | PENNY DREADFUL | 2014
PENNY DREADFUL (SAISON 1) | PENNY DREADFUL | 2014
Note
4
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Jérémie Marchetti