Affiche française
K-SHOP | K-SHOP | 2016
Affiche originale
K-SHOP | K-SHOP | 2016
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K-shop

K-shop

La vie de Salah bascule le jour où son paternel, patron d’un Kebab, meurt des suites d’une altercation avec des jeunes gens ivres errant dans les rues.
Bien décidé à reprendre le business de son défunt père, le jeune homme va alors tenter de redresser l’affaire familiale qui était alors en chute libre en termes de finances. Mais après une dispute avec un client virulent, Salah va accidentellement commettre l’irréparable et aura alors l’idée folle de découper le corps de sa victime et d’en hacher/broyer la chair pour en faire de la viande à kebab. Une bien originale façon de dissimuler le corps mais Salah ne va malheureusement pas s’arrêter à cet accident : très vite, le jeune restaurateur va rentrer dans une folie meurtrière, assassinant les clients mal élevés qui pénètrent dans son fast-food...

K-SHOP | K-SHOP | 2016

L'AVIS:

"K-shop" : ce titre ne vous dit peut-être rien et pourtant ce film anglais est passé dans deux festivals de films fantastiques français en 2016, à savoir au Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg (FEFFS) et au Festival International du Film Fantastique de Paris (PIFFF), avant de sortir en dvd chez nous de manière très discrète (seul Mad Movies fera de la publicité à ce film en le proposant dans sa collection de dvds).

Reparti de ces deux festivals français sans la moindre récompense et surtout tombé dans l’oubli pendant plusieurs mois après sa projection dans ces deux manifestations (assez peu de sites spécialisés parlent du film de Dan Pringle), "K-shop" n’est pas pour autant un mauvais film, loin de là, et propose une histoire simple mêlant thriller, film de tueur fou et cannibalisme sous fond de critique de la société britannique et plus particulièrement de la jeunesse anglaise.

En effet, "K-shop" est une production indépendante qui nous dépeint avec beaucoup de pessimisme une bonne partie de la classe populaire. Une œuvre très tournée sur l’aspect sociétal/sociologique qui n’est pas sans nous rappeler certaines mesures qui avaient été discutées au début des années 2010 au sein du Gouvernement britannique pour lutter contre les « comportements antisociaux » et les troubles à l’Ordre Public.

Car depuis pas mal d’années maintenant, le Royaume-Uni est en proie à un véritable problème de société connu sous le nom d’alcorexie. Ce phénomène, qui se retrouve principalement chez les 18-24 ans outre-Manche, se traduit par une habitude à sauter le repas avant de boire de l’alcool afin que l’éthanol présent dans les boissons atteigne au plus vite le système sanguin, d’où une ivresse rapide chez ces personnes.

Entre les gens ivres dans les rues, les drogués ou encore les mendiants agressifs, la sécurité est mise à mal dans certains quartiers londoniens une fois la nuit tombée, d’après ce que nous pouvons parfois lire dans la presse anglaise. Un phénomène sur lequel revient notamment le film "K-shop" de Dan Pringle.

Alors qu’une enquête policière est lancée suite à la disparition de plusieurs personnes dans le quartier où est implanté notre fameux fast-food (des investigations de la Police qui nous sont relayées de temps à autres par les Médias), nous suivons en parallèle les péripéties de notre cher Salah qui, lors de ses meurtres en série, s’est rendu compte qu’un important trafic de drogues sévissait dans son quartier. Un trafic semblant trouver son origine dans un club ouvert il y a quelques temps maintenant pas très loin de son Kebab et que le jeune homme va essayer d’infiltrer pour lutter contre cette organisation secrète.

C’est donc dans un Londres en proie à ses excès nocturnes que notre histoire se déroule, une face sombre de la capitale anglaise qui nous est dépeinte ici (la dépravation -pour ne pas dire la décadence- d’une jeunesse londonienne marquée par des bagarres et des trafic de drogues à tous les coins de rues, des abus sexuels... ), laissant que très peu de place à l’humour noir (deux-trois idiots accoudés au comptoir du fast-food qui déblatèrent sous fond de machisme et de racisme) et offrant là un cadre des moins enchanteurs pour nous plonger dans ce nouveau quotidien de Salah, entre enquête clandestine dans le milieu de la nuit et meurtres en pagaille.

Un personnage de Salah multi-facette vraiment très intéressant. Sur la première marche de ce casting de bonne facture, Ziad Abaza nous livre en effet ici un personnage détraqué, animé par une soif de vengeance (venger la mort de son père en tuant ces presque-délinquants qui peuplent les rues une fois le soleil couché, ces mêmes personnes qui ont tué son paternel quelques temps auparavant) mais également par une nécessité absolue de parvenir à relancer les chiffres du fast-food pour pérenniser le travail de son défunt père.
Envahi par son personnage, Ziad Abaza nous livre ici une sorte de justicier (malgré lui au départ) qui va nettoyer le quartier et en assurer la sécurité en s’attaquant notamment au trafic de drogue et à la petite délinquance.

Noyau dur du récit car à la fois repère de Salah (situé au cœur de ces quartiers ciblés par une délinquance juvénile et des trafics naissant), héritage familial important aux yeux du jeune homme (l’établissement représente en quelque sorte la tombe d’un père défunt que des personnes alcoolisées viennent profaner chaque soir et qu’il faut donc protéger) et moyen d’éliminer et faire disparaitre les corps de ces dealers et racailles qui dégradent le quartier, le fast-food dont le kebab est ici la spécialité de la maison a également une connotation religieuse et socio-politique évidente dans le récit livré par Dan Pringle. Le racisme (paroles de soulards, injures d’une population blanche à l’encontre de Salah) et l’immigration (notre restaurateur est un libanais ayant fui son pays pour l’Eldorado anglais) sont pointés du doigt par de protagonistes de temps à autres dans "K-shop", offrant alors au film d’autres messages sociologiques que ceux relatifs à l’insécurité dans les rues et à la dépravation d’une jeunesse britannique en proie aux festivités nocturnes un brin trop arrosées.

Le cannibalisme quant à lui est ici quelque chose de non souhaité par les mangeurs de chair humaine qui sont trompés sur la « marchandise » (aucun consommateur ne sait que la viande garnissant son kebab provient de victimes de Salah). Cette thématique du cannibalisme –qui montre à elle-seule toute la cruauté de cette œuvre britannique et la classe de ce fait volontiers dans le cinéma fantastique- est utilisée ici comme élément moteur de cet engrenage dans lequel est tombé Salah. Le cannibalisme est ici à la fois une façon de se débarrasser des corps de ces victimes mais également un moyen de relancer les finances du Kebab (car la viande obtenue remporte un franc succès auprès des consommateurs, comme en témoignent la récompense de « meilleur fast-food » décernée à Salah ou encore les félicitations de certains clients)

Outre ses scènes relatives au cannibalisme (le découpage du premier corps et l’initiation à la préparation de viande de kebab humaine : des séquences sanglantes très graphiques), "K-shop" nous gratifie également de moments poignants (la séquestration lente et éprouvante d’un dealer, une première confrontation rythmée entre Salah et le chef des trafiquants...) qui viennent ponctuer le film quand ce dernier semble parfois commencer un peu à trainer en longueur.
Car oui, "K-shop" n’est pas exempt de défauts et l’un des principaux réside justement dans ces petites baisses de rythme (des dialogues dispensables notamment) et ce côté quelque peu répétitif par moments (1h55 c’est tout de même assez long). Nous pouvons citer également quelques raccourcis et facilités scénaristiques (des rencontres bien hasardeuses, une simplicité à se libérer d’une chaise sur laquelle on est accroché, un final possédant une temporalité des évènements qui ne colle pas...) heureusement sans grandes conséquences sur la bonne lecture de notre histoire et que l’on pardonnera du fait de leur nombre très restreint.

Tout en pointant du doigt certains phénomènes de société (ivresse chez les jeunes une fois la nuit tombée, mais également racisme, violence, sexe, drogue...) comme pour porter un message dénonciateur sur l’aspect sociologique/sociétal de son pays, Dan Pringle nous livre également avec "K-shop" un bon petit thriller très sombre, à l’ambiance souvent pesante (l’insécurité règne ici et ce n’est pas la Police locale qui viendra mettre un peu d’ordre, cette dernière étant aux quasi-abonnés absents ou arrivant tardivement quand nous avons besoin d’elle) et ne manquant pas de séquences poignantes, entre préparations de viandes de kebab humaines et séquestrations de « malheureuses » victimes.

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Note
4
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David Maurice