Affiche française
HAINE | HAINE | 1980
Affiche originale
HAINE | HAINE | 1980
Un film de
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oui
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Haine

Haine

On ne sait qui il est, ni d'où il vient. Vêtu d'une combinaison blanche, il sillonne les routes de campagne sur sa moto. Le destin le conduit dans un village de la France profonde fraîchement marqué par la mort d'une enfant, fauchée par un deux-roues. Très vite, l'étranger ressent l'indifférence, puis le mépris et bientôt la haine de ces villageois confinés dans leurs préjugés. Seule Madeleine, mère célibataire, accepte de lui venir en aide. Mais tous les hommes du village, jusqu'au maire, ont trouvé en l'étranger leur bouc émissaire...

HAINE | HAINE | 1980

L'AVIS :

Sortie dans un quasi anonymat le 9 janvier 1980 sur les écrans français, la faute à une interdiction aux moins de 18 ans totalement injustifiée, Haine est le cinquième et dernier film du réalisateur français Dominique Goult. C'est également son unique film non pornographique, ses quatre œuvres précédentes, réalisées sous le pseudonyme de Richard Stephen, relevant de ce domaine. Avec Haine, Dominique Goult a de l'ambition : faire un film de chasse à l'homme pour délivrer un message sur l'intolérance des gens et leur peur de l'étranger. Pour ce faire, il décide de raconter l'histoire d'un motard, interprété par Klaus Kinski, excusez du peu, qui devient le bouc-émissaire des habitants d'un petit village, ces derniers voulant venger la mort d'une fillette fauchée justement par un motard. Sans la moindre preuve, juste par bêtise et haine, le motard va donc devenir une cible toute désignée et va subir le courroux de quelques habitants, qui bénéficient de l'aval du maire et des parents de la fillette décédée. Seul le prêtre du village tentera, timidement, d'arrêter la folie meurtrière de ses paroissiens.

Cette thématique n'est pas nouvelle au cinéma, on pense à Furie de Fritz Lang, à L'étrange Incident de William Wellman, à La poursuite Impitoyable d'Arthur Penn et bien sûr à Scènes de chasse en Bavière, quatre exemples dans lesquels la population se fait sa propre vindicte, oubliant tout jugement morale pour laisser libre cours à ses instincts les plus vils. Pour mettre en exergue sa réflexion, Dominique Goult va même aller jusqu'à donner une dimension christique au motard, qu'il habille tout de blanc (contrairement au motard responsable de la mort de la fillette, entièrement vêtu de noir) et qu'il fait quasiment crucifier en l'attachant, bras en croix, sur un module haute tension. Le fait que la seule "alliée" du personnage joué par Kinski se nomme Madeleine n'est pas une coïncidence non plus. Interprétée par Maria Schneider, la star du Dernier Tango à Paris, (Marie) Madeleine est une traînée aux yeux de la population qui ne désire que son départ. La rencontre entre ces deux êtres rejetés de tous était donc inévitable. Le sujet de Haine est donc un thème d'actualité et le film aurait très bien pu être tourné en 2019, la peur et le rejet de l'étranger n'ayant pas évolués dans les mentalités malheureusement. Concernant le film lui-même, on peut dire qu'il est attachant mais qu'il pourra décevoir les spectateurs s'attendant à un déferlement de violence ou d'action. Dominique Goult a préféré imposer un rythme lent, contemplatif, tout en mettant en avant une violence plus psychologique que frontale. Le motard comprend petit à petit qu'il n'est pas le bienvenu aux yeux de la population, qui ne lui témoigne pas le moindre signe de sympathie. L'acteur Patrice Melennec, très bon dans le film, joue le camionneur et sera le plus antipathique des habitants du village et celui par qui le drame arrivera. Sa haine, sa soif de vengeance l'aveugle totalement et il mettra tout en action pour faire du motard une bête traquée.

L'affiche française du film nous fait penser au film de Spielberg, Duel, et effectivement, lors de la dernière demi-heure, on assiste bien à une course-poursuite entre le motard et le camionneur, le camion noir de ce dernier devenant à l'écran une sorte d'entité maléfique qui va transformer la vie du motard en cauchemar sans fin. Une chasse à l'homme qui manque un peu de punch, certes, mais qui se montre au final assez réaliste, avec ces paysans qui bloquent la route du motard à l'aide de tracteurs et j'en passe. C'est probablement comme ça que ce genre de situation se déroulerait en campagne. Haine aurait sûrement mérité un réalisateur plus aguerri pour lui donner une dimension plus pêchue, plus maîtrisée. Certaines situations se répètent un peu trop et le film semble parfois tourné un peu en rond, comme le malheureux héros du film qui semble prisonnier de ce village, ne parvenant jamais à le quitter, toujours victime d'une avarie sur sa moto ou d'un accident qui le ramène irrémédiablement à son point de départ, comme s'il était pris au piège d'un labyrinthe dont la seule issue serait la mort. C'est en tout cas une oeuvre que je ne connaissais pas du tout et que j'ai pris plaisir à découvrir. La présence de Klaus Kinski est un plus indéniable, la mise en image de la thématique choisie est réussie et lorsque le générique de fin survient, on repense à la citation de Stendhal, issue de son roman Le Rouge et le Noir, qui ouvre le film : "j'ai vécu assez pour voir que différence engendre haine". Un film français à découvrir en tout cas.

HAINE | HAINE | 1980
HAINE | HAINE | 1980

* Disponible en combo DVD + BR chez LE CHAT QUI FUME
Présenté en première mondiale et dans une version entièrement restaurée, Haine bénéficie du soin toujours apporté aux éditions du Chat qui Fume : boitier digipack avec fourreau, image de qualité et bonus sont, comme d'habitude, au programme, avec :
• Piste musicale isolée
• LA HAINE par Patrice Melennec (31 min 30)
• Sur le tournage du film HAINE (4 min)

Note
4
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Stéphane Erbisti