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DE CHAIR ET DE SANG | DE CHAIR ET DE SANG | 2013
Auteur
Editeur
Date de parution (France)
Pages

218

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Oui
Langue

Français

De chair et de sang

De chair et de sang

Ils s'appellent Freddy, Jason, Chucky, Carrie, Damien, Hannibal. On les surnomme Leatherface, Pinhead, Predator, Candyman, Ghostface, Jigsaw...
Ce sont des humains, des aliens, des esprits, des requins, des chiens et même une voiture. Ils sont les nouveaux visages de la terreur contemporaine et des icônes de la culture populaire. De Norman Bates (Psychose) à Tristana Medeiros (Rec), voici le portrait haut en couleurs des 50 plus grandes figures du cinéma d'horreur moderne...

L'AVIS

Des dossiers ou des écrits sur les grandes figures du cinéma fantastique, il y en a toujours eu. Les monstres, les boogeymens, les « méchants » en clair, représentent l’ingrédient principal de tout bon film d’horreur et certains sont mêmes devenus de véritables « stars » à l’instar des héros célèbres. Freddy Krueger est aussi connu qu’Indiana Jones, Jason Voorhees a autant de fans que Zorro. Normal donc que le bestiaire du cinéma fantastique, de par son éclectisme (monstres marins, fantômes, extra-terrestres, psychopathes, zombies, vampires, loups-garous, mutants, monstres mythologiques et j’en passe…), fascine toujours autant et qu’on continue inlassablement à écrire dessus. Arnaud Bordas, ex-rédacteur de Mad Movies et spécialiste du sujet, a décidé de nous offrir un nouvel ouvrage sur les grandes figures du cinéma d’horreur. « Cinéma d’horreur » et pas « cinéma fantastique », la différence est importante, voire capitale. Exit la créature de Frankenstein, Dracula, la créature du lac Noir, les Métaluniens, la Momie ou le Fantôme de l’Opéra. Des figures imposantes et importantes du genre, essentielles même, mais qui ne rentrent pas en compte dans la ligne éditorial d’Arnaud Bordas et pour cause : comme dit ci-dessus, l’auteur se concentre sur « le cinéma d’horreur ».

Le cinéma d’horreur, et l’auteur du présent livre le confirmera, s’est démarqué de ce qu’on appelait auparavant « le cinéma d’épouvante » en 1960. Une année clé en effet puisque Sir Alfred Hitchcock nous fait faire la connaissance d’un certain Norman Bates, star du film culte "Psychose". Un personnage tout à fait normal en apparence, qui pourrait être votre voisin de palier. Mais derrière ce faciès angélique et cette gentillesse sincère se cache un psychopathe complètement dérangé, un meurtrier en puissance. Norman Bates n’est ni un vampire, ni une créature fantasmagorique issue de la littérature fantastique (bien qu’issu du roman de Robert Bloch). C’est un être de chair et de sang, un simple « humain » animé de pulsions meurtrières incontrôlables dues à sa folie mentale. Si déjà en 1959 George Franju nous proposait "Les Yeux sans visage", œuvre phare également qui se différenciait fortement des films d’épouvante de l’époque de par son côté réaliste, il est clair que "Psychose" a tout de l’œuvre fondamentale qui a chamboulé à jamais le cinéma horrifique tel qu’on le connaissait auparavant. Arnaud Bordas a donc fait de l’année 1960 sa référence de départ pour choisir ses 50 grandes figures du cinéma d’horreur. Il va ensuite avancer dans les décennies pour retenir les personnages cultes qui ont marqué la mémoire des aficionados. Evidemment, comme dans tout livre de ce genre, il faut à un moment faire un choix et préférer tel personnage plutôt qu’un autre, quitte à provoquer le courroux de certains fans indignés de ne pas retrouver leur « entité horrifique » favorite au sein de ces pages.

Disons-le de suite, l’ouvrage est réellement superbe. Les nombreuses photos (noir et blanc ou couleurs) sont magnifiquement reproduites, certaines en pleine page, pour un résultat visuel enchanteur. Un vrai régal pour les yeux de ce point de vue. Pour signer la préface, Arnaud Bordas a cédé la parole au talentueux Alexandre Aja qui nous rappelle combien « le monstre » du cinéma d’horreur est bel et bien une véritable institution qui nous renvoie à notre face obscure et cristallise notre intérêt pour ce type de cinéma. Arnaud Bordas reprend ensuite la parole et nous présente de façon clair et précise pourquoi il a eu envie de rédiger cet ouvrage, tout en faisant un petit historique du monstre au cinéma. Vient ensuite le gros du pavé, à savoir la présentation de ces cinquante figures du cinéma d’horreur.

Chaque « personnage » a droit à sa photo évidemment, voir à plusieurs dans certains cas. En fonction de sa notoriété ou du nombre de fois où il est apparu sur les écrans, le texte le concernant est rédigé sur une page, le plus souvent sur plusieurs. Un historique du personnage est présent, ainsi que le résumé assez détaillé du film le mettant en scène pour la première fois. [Petite aparté : Arnaud Bordas, dans ces résumés, dévoilent parfois certains twists ou pot-aux-roses, tel le final de Psychose par exemple. Que les néophytes fassent attention à certains spoilers s’ils n’ont pas vu les films en question.] Vient ensuite l’étude du personnage, son originalité, ce qui le rend charismatique, ce en quoi il diffère des autres et ainsi de suite ; avec une écriture fort agréable, Arnaud Bordas retrace le parcours de chaque personnage avec un souci du détail évident, nous livre des anecdotes de tournage parfois, nous présente les personnages « réels » qui ont inspiré certains monstres présents ici (Ed Gein, Henry Lee Lucas…), aborde les suites / préquelles / remakes / reboots s’il y en a eu. Bref, il nous livre les secrets inavouables de ces « héros anti-héros » adulés de par le monde entier, et page après page, on redécouvre des personnages qui ont marqué notre cinéphilie et qu’on a l’impression de connaître depuis longtemps : outre Norman Bates, on appréciera de retrouver Leatherface et sa tronçonneuse, Michael Myers et son masque d’Halloween, Freddy Krueger et ses bons jeux de mot, Pinhead et sa boîte infernale, la poupée Chucky, le Tall Man et ses sphères perforatrices de crâne ou encore l’increvable Jason Voorhees et son célèbre masque de hockey.

Mais Arnaud Bordas ne s’est pas contenté de nous parler de ces « classiques » indémodables. Dans « De chair et de sang », on trouve des petits nouveaux qui ne demandent qu’à devenir aussi célèbres que leurs confrères précités. Certains le sont déjà d’ailleurs : le Mick Taylor de "Wolf Creek", Tristana Medeiros de la trilogie "Rec", le Ghostface de "Scream", le Creeper de la saga "Jeepers Creepers", le déjà célèbre Captain Spaulding, Jigsaw bien sûr. On retrouve aussi des personnages qui ont marqué leur époque comme Matt Cordel de la série "Maniac Cop", Herbert West, le Leprechaun, Hannibal Lecter, Frank Zito, Jack Torrance, Damien Thorn ou le Candyman. Même la Mort à droit à sa page ! Logique, elle représente quand même LE méchant de cinéma ultime ! C’est d’ailleurs la seule figure à avoir cinq étoiles dans toutes les catégories. Car oui, à la fin de chaque texte se trouve une petite cotation représentant la force, la ténacité, la résistance, l’intelligence et l’amoralité de chaque personnage. Je vous rassure, Jason Voorhees à bien une seule étoile dans la catégorie « intelligence » quand le John Doe de « Seven » en récolte cinq ! L’auteur connaît bien ses « amis » monstrueux !

Bref, De chair et de sang est un vrai bonheur pour cinéphiles amateurs de cinéma d’horreur. Présentation luxueuse, iconographie aux petits oignons, texte sincère et généreux. En somme, un cadeau idéal pour Noël pour tout fan du genre ! Les néophytes en apprendront des tonnes quand les spécialistes se replongeront avec délice et nostalgie dans la biographie de ceux qui ont marqué au fer blanc leur premier cauchemar…

Note
5
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Stéphane Erbisti