Affiche française
BRUTAL | BRUTAL | 2018
Affiche originale
BRUTAL | BRUTAL | 2018
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Brutal

Brutal

Un meurtrier sauvage est à l'affût au Japon. Une à une, ses victimes tombent mais que cherche-t-il ? Justement, une meurtrière cherche la même chose... Nous recherchons tous cet amour spécial dans nos vies et parfois, nous sommes prêts à tuer tout le monde pour trouver quelqu'un de spécial. C'est l'histoire de deux personnes qui se sont rencontrées de la manière la plus vicieuse possible...

BRUTAL | BRUTAL | 2018

L'AVIS :

On a tous connu la lourdeur de cette fameuse citation visant à descendre une oeuvre cinématographique: "Ce film porte bien son titre !", cette phrase permettant de détourner l'appellation d'un film dans un sens péjoratif afin de le pousser dans l'humiliation.
Au vu du pays auquel appartient celui qui est chroniqué dans cet article, on pourrait par exemple se rappeler du mal-aimé "Grotesque" (Gurotesuku) de Koji Shiraishi; ce petit torture-porn délicieusement trashouillet ayant injustement reçu son lot de jugements négatifs de la part de ceux qui ne s'attendaient pas à un final aussi grand-guignolesque et qui justifierait pourtant le choix de son titre.

Dans le même genre, "Brutal" (à ne pas confondre avec le très mauvais slasher d'Ethan Wiley, aussi mensonger dans son titre que dans son affiche) est là pour affiche un gros lot de... brutalité, oui. Et rien d'autre ne sera mis en avant si ce n'est que l'amusante justification du dénouement final suite à l'enchaînement de violence purement gratuite sur 3 chapitres.

Donc comme on peut s'en douter, le film de Takashi Hirose est UNIQUEMENT réservé aux amateurs d'hémoglobine et d'extrême violence déballée au-dessus du vide scénaristique.
Dès les premières secondes, la bestialité s'impose à l'écran et frappe d'un coup sec à plusieurs reprises dans la gueule des victimes féminines maltraitées par un homme anonyme. Ce dernier les battant à mort à coup de patates (et d'armes blanches quand ces demoiselles décident d'être un peu trop insolentes), on notera juste son manque de charisme atténuant tout danger qu'est censé exprimer son regard sadique.

C'est après une scène de découpage à la "Dard Divorce" que le deuxième chapitre recommencera soudainement sa férocité (n'importe quel synonyme de "brutal" fonctionnera de toute manière...) en inversant les deux sex; une femme anonyme cette fois-ci plantera méchamment quelques hommes pour une raison une nouvelle fois inconnue.
Avec une telle avalanche de violence gratuite, qu'est-ce qui peut pourtant bien faire de ce "Brutal" un bon film malgré tout ?

Tout d'abord on écartera la faute de goût concernant l'ajout franchement inutile de la granulation à l'ancienne. A vouloir toujours se rapprocher des vieux classiques en endommageant volontairement l'image avec du grains numérique, on ne fait qu'épuiser l'intérêt de ce choix artistique en plus du gâchis visuel qui n'apporte que salissure au film.
Toutefois, si le filtre spécial pseudo-Grindhouse est dans la mauvaise direction, le rythme du montage et la frénésie de l'action s'orientent vers une phase d'appréciation bien plus positive que prévue.

Accompagnées d'une bande sonore énergique, les incessantes mutilations aux couteaux sont sévèrement efficaces et la dureté des coups tranchants est étonnement violente.
Multipliant les gros plans et les plaies dans la chair sur n'importe quelle partie du corps (membres, tronc, visage, entre-jambe), la sauvagerie ne lâche ni ses protagonistes, ni son spectateur et les entraîne dans un festival de brutalité ni ennuyant, ni insipide.
Mais que se cache-t-il dans le dernier acte ?

Ce troisième chapitre lèvera le voile sur l'état psychosexuel qui relie les deux bourreaux. Une frustration charnelle dû à un problème anatomique aussi amusant pour certains que dérangeant pour d'autres selon le degré de visionnage. Certes, cette justification ne respire pas l'originalité mais la tournure que prend la situation entre les deux personnages principaux prouve au moins qu'il y a eu un minimum de recherche de profondeur pour éviter toute conclusion négligée et vite expédiée.

Après avoir longuement compensé leur manque dans le meurtre de personnes incompatibles à leur complication anatomique, les deux meurtriers impulsifs se rencontreront, s'affronteront et se découvriront avant de tomber dans la tragédie romancière suffisamment crédible pour extraire une petite pincée d'émotion avant d'oublier que l'intérêt principal du film ne réside au final que dans son esprit bourrin.

Car c'est dans le degré de pétage de bouche et dans le plantage de chair que "Brutal" se révélera à la hauteur de toute attente. Des coups portés dans tout les sens, du sang et du gore qui surgissent avec une si belle maîtrise de camera et de montage, c'est honorable.

Takashi Hirose peut être félicité pour l'habileté de sa réalisation et la quantité de violence barrée et fulgurante qu'il livre sur 1h05, le tout enveloppé dans une psychologie freudienne à deux francs six sous certes, mais à la tournure un minimum intéressante et surtout divertissante pour tout amateur de gore initié au cinéma extrême (celui qui va au-delà de la recherche narrative et qui sait se concentrer sur l'intérêt purement démonstratif d'un thème minimaliste du cinéma d'horreur).

Bref, avec son premier long-métrage, Takashi Hirose a réussi non seulement à surprendre Stephen Biro et à le pousser à la distribution du film sans hésitation sur un format DVD et Blu-ray chez Unearthed Films, mais il risque d'intriguer le milieu du cinéma extrême underground, car même si le contenu de "Brutal" ne titille pas l'inventivité, il n'empêchera pas de pointer du doigts le potentiel de son créateur pleine de bonnes et cruelles intentions.

BRUTAL | BRUTAL | 2018
BRUTAL | BRUTAL | 2018
BRUTAL | BRUTAL | 2018

* Dispo en DVD et BT chez Unearthed Films

Note
4
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Nicolas Beaudeux