Feast

Feast

Tout semble paisible dans ce petit bar paumé au fin fond du Texas jusqu'à ce qu'un type armé fasse son entrée, couvert de sang de la tête au pied. Une bande de créatures mutantes hideuses l'ont en effet pris en chasse après que ce dernier ait tué par mégarde l'un des leurs.

Féroces et prêtes à tout pour grignoter un peu de chair humaine, ces créatures tout droit venues des Enfers vont assiéger le petit bar en vue de dévorer les malheureux clients les uns après les autres. Le repas peut commencer!

FEAST | FEAST | 2005

"Feast" est un petit film qui est sorti de l'anonymat principalement grâce à son quatuor de producteurs exécutifs en les personnes de Wes Craven, Matt Damon, Ben Affleck et Chris Moore. Petit direct-to-dvd sorti en 2005, ce premier film de John Gulager mêle divers registres tels que la comédie (voire même parfois le grotesque), le gore, le survival et le film de monstres, le tout dans la joie et la bonne humeur.

Film de monstres comico-gore, "feast" ne déroge pas à la règle quasi commune dans ce genre de registre et nous gratifie d'un scénario aux bases vues et revues, simples au possible (des créatures prennent d'assaut un établissement où les assiégés vont tenter de survivre, barricadés dans leur abri de détresse). Mais ce fil conducteur fort simpliste s'avère au final plutôt généreux en effets de surprises et en séquences originales, toutes plus déjantées les unes que les autres.

" Feast" est en effet un film à ne surtout pas prendre au premier degré. Situations grotesques (aussi bien du côté des monstres que des victimes), dialogues parfois bêtes et puérils, personnages stéréotypés au possible et surtout pathétiques : le film de John Gulager est une série B tout ce qu'il y a de plus décomplexée, ne cherchant pas à se prendre la tête avec un scénario difficile d'accroche ou encore avec des séquences de dialogues à rallonge. Pas de place pour les intellectuels du septième art : "feast" est un condensé ultra rythmé (dès le début ça dézingue à tout va! Sans oublier la musique rock…) de séquences de franches rigolades, d'humour parfois très pipi-caca, de scènes totalement déjantées et de passages saignants à souhait.

Du côté des personnages, rien n'a été laissé au hasard et nous avons droit à une galerie des plus représentatives de ce genre de registre. Stéréotypés parfois à l'excès (le vilain boss qui se tape l'une de ses employées et gueule après tout le monde, la vieille pochtronne accoudée au comptoir durant une longue partie du film, le "héros" survitaminé, courageux et musclé, la blonde de service qui n'en rate pas une pour nous montrer que ce n'est pas une coloration, le serveur qui vide plus de verres qu'il n'en sert à ses clients…), les personnages collent parfaitement à l'ambiance général du film de John Gulager.
Répliques enfantines, cassages en veux-tu en voilà et dialogues souvent idiots, notre petit groupe de survivants est pathétique à souhait et semble déjà prédestiné à finir dans la gueule grande ouverte de nos monstres tellement qu'il semble peu probable qu'une idée de génie pour se débarrasser de ces bestioles puisse germer dans la cervelle de l'un de ces imbéciles.

On appréciera aussi l'originalité dans la présentation des personnages qui consiste à nous donner une rapide description textuelle (nom, profession…) de chaque squatteur du bar, à la manière de la présentation de candidats dans un jeu télévisé. Description qui va d'ailleurs jusqu'à nous donner l'espérance de vie de chaque personnage (osé non?), le tout avec une bonne grosse pincée d'humour n'hésitant pas à faire dans le ridicule, voire le très lourd…

Malgré un casting sorti tout droit de séries américaines du moment, on aurait pu penser que nous allions avoir droit à un teenage movie de plus et c'est avec grand plaisir que l'on se rend rapidement compte que ce n'est pas le cas et que nous avons bien devant nous un bon petit film comico-gore comme on n'en fait que trop rarement. Et ce n'est pas notre groupe de monstres qui nous fera dire le contraire : certaines de leurs apparitions valent véritablement le coup d'œil (papa monstre prenant maman monstre en levrette sur le capot d'une voiture, le pénis de l'un des monstres se retrouvant coincé dans une porte…) et nous gratifient de bien nombreuses scènes distrayantes tantôt saignantes (tête éclatée, arrachée ou dévorée, jambe sectionnée…) tantôt dégueulasses (la gerbe verdâtre des monstres, le vomi d'asticots…).

Et pourtant, malgré toutes ces éloges que j'ai pu faire tout au long des paragraphes précédents et tout le bien que je peux penser de ce film, force est de constater que tout n'est pas parfait, loin de là même…

A commencer par le plus frustrant : les scènes d'action et d'attaques des créatures sont trop approximatives, la faute à des images qui défilent très vite et sont souvent saccadées (il est bien difficile parfois de voir ce qui se passe réellement tellement la bougeotte du caméraman rend certaines séquences irregardables) : un défaut qui revient couramment dans le film et semble avoir pour unique but de cacher un budget trop faible.

Un manque de budget qui se ressent aussi dans le fait que l'on ne voie quasi pas les créatures, celles-ci étant souvent plongées dans l'ombre… Aucun plan ne montre une image précise de l'un de ces monstres, chose assez frustrante qui pourra en décevoir plus d'un.

On notera enfin comme troisième point faible un rythme parfois inégal (certains passages sont bien longuets) et une fin qui arrive soudainement et sans grande originalité.

Au final, "feast" est un honnête direct-to-dvd mêlant avec plus ou moins d'efficacité humour, gore et monstres. Voilà une série B plutôt bien distrayante, malgré quelques défauts non négligeables (surtout cette façon de filmer de manière saccadée et parkinsonienne les attaques des créatures), à placer aux côtés de titres tels que "une nuit en enfer" et "tremors" auxquels le film de John Gulager fait quelques clins d'œil par-ci par-là.

FEAST | FEAST | 2005
FEAST | FEAST | 2005
FEAST | FEAST | 2005
Note
4
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David Maurice