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CA CHAPITRE 1 | IT CHAPTER 1 | 2017
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CA CHAPITRE 1 | IT CHAPTER 1 | 2017
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Ca chapitre 1

It chapter 1

Plusieurs disparitions d'enfants sont signalées dans la petite ville de Derry, dans le Maine. Au même moment, une bande d'adolescents doit affronter un clown maléfique et tueur, du nom de Pennywise, qui sévit depuis des siècles. Ils vont connaître leur plus grande terreur...

CA CHAPITRE 1 | IT CHAPTER 1 | 2017

L'AVIS :

La peur des clowns est devenue une mode entre adolescents depuis plusieurs années maintenant et de nombreux films exercent dans cette thématique dans le but d'exploiter cette pseudo-coulrophobie collective qui s'élève à un degré parfois usant.

Rares sont les films de clowns malfaisants à exploiter correctement les origines de cette peur se portant sur l'absence d'émotion d'un visage clownesque, la gestuelle comique et trompeuse pour attirer les enfants dans des intentions moins joviales, l'apparition du clown triste ou encore sur des faits sinistres comme l'histoire meurtrière du fameux clown tueur John Wayne Gacy.

Parmi ceux qui utilisent le véritable point important sur le paraître du clown innocent, on retrouve "Clownhouse", "All Hallows Eve" ou et bien évidemment le téléfilm "Ca" de Tommy Lee Wallace sorti en 1990 et adapté du célèbre roman éponyme du grand Stephen King.
Les autres films tournant autour des visages maquillés au nez rouge ont tendance à diaboliser à fond leurs bouffons malfaisants au point d'effacer toute ambigüité sur le premier coup d’œil que l'on peut porter sur eux. On citera par exemple "100 tears", "Burger kill", les "Killjoy", "dark clown" ("Stitches"), "31", "Clown" etc...

Et cette nouvelle adaptation de "Ca" se situe malheureusement dans la deuxième catégorie, ce qui écartera la réelle coulrophobie présumée étant donné que le nouveau Pennywise porte déjà la dangerosité sur son visage et dans ses apparitions, contrairement au Pennywise joué par Tim Curry dont les bouffonneries enfantines étaient l'essence même des traumatismes des jeunes spectateurs de son époque (bien que sa performance ne fonctionnerait aujourd'hui que sur des enfants de 10 ans au vu de l'absence de matière autour du personnage).

Si le téléfilm très sur-estimé n'a plus autant d'efficacité maintenant, on regrettera quand même son atmosphère faussement folâtre et malheureusement absente dans cette nouvelle adaptation où tout s'obscurcit pour un tour de train fantôme beaucoup plus sombre et plus poisseux que prévu.

Le clown initialement joyeux et trompeur devient à présent un simple clown monstrueusement cruel et de ce fait la peur originelle des clowns n'est plus qu'un prétexte pour servir une énième créature terrifiante...

En revanche, ça n'enlèvera pas l'efficacité de certaines séquences, dont celle de l'introduction mettant en scène la mort du fameux Georgie, ce petit garçon représentatif de l'innocence qui subira un châtiment sacrément brutal et particulièrement osé pour un film grand public. Car oui, cette modernisation 2017 contient un certains degré de violence et une grande quantité de sang contrairement à la timidité du film inoffensif de Tommy Lee Wallace.

Nouvelle adaptation, relecture, remake, peu importe... Qu'un film soit fidèle ou non à son prédécesseur ou à son squelette littéraire dont il est issu, sa qualité jouera sur le développement et la gestion de son univers et non pas sur sa comparaison avec les œuvres d'origines.

Muschietti construit son propre environnement, ses propres visions cauchemardesques et même sa propre version de la jeunesse d'époque beaucoup plus proche de la notre que celle du livre.

Si le groupe des "ratés" est composé de protagonistes attachants et sacrément bien joués par les jeunes acteurs, il n'en demeure pas moins qu'une certaine lourdeur pèse au niveau de leur vulgarité (excès d'insultes sur les mères et de vannes sur leurs parties génitales d'ados pré-pubères). Mais l'humour fonctionne tout de même et permet d'avoir une petite attractivité humoristique pendant la construction des liens qui les souderont. Cet assemblement qui les mènera vers l'affront d'une triangularité nuisible : la tyrannie des parents et des voyous, leurs différentes phobies enfantines et la menace de Pennywise qui règne sur la ville de Derry. Ce combat entre le monde extérieur et les peurs intérieurs sera suffisamment complet et condensé pour ne pas laisser le public sur sa faim.

Dans la forme, le film enchaîne les instants de frayeur à la manière d'un "A Nightmare on Elm Street"; plongeant constamment les enfants dans une dimension parallèle ou dans l'hallucination collective, Muschietti joue la carte de la mécanique frontale de la peur pour donner un résultat spectaculaire avec une direction artistique irréprochable.

Décors poisseux, enchaînement frénétique de séquences angoissantes, bande sonore extrêmement bruyante, multiplications d'images hallucinées, "Ca (2017)" ne connaît pas la subtilité et s'avère être un gros film d'épouvante particulièrement bourrin rempli d'effets spéciaux tantôt réussis, tantôt foireux.

Une telle générosité dans les différentes apparences de Pennywise, dans les changements de décors et dans la gestion de la bestialité montre que nous ne sommes pas devant un simple petit film d'épouvante lambda. Mais ce sera peut-être aussi la raison pour laquelle la peur ne fonctionne pas....
Pennywise est omniprésent, le nombre incalculable de tentatives de jump-scares est épuisant, l'humour est parfois là où il ne devrait pas être et le comportement des parents est parfois trop excessif. A vouloir en faire trop, Muschietti enlève toute efficacité pour au final déballer un gros divertissement explosif.

Y compris les déplacements du clown, souvent fais en accéléré sans aucune raison apparente. Une faute de goût qui fait preuve d'un mauvais usage de la créature pourtant charismatique et parfaitement interprétée par Bill Skarsgard.

Si l'horreur a tendance à être plus classieuse qu'effrayante, l'aspect dramatique, lui, manque d'approfondissement et de crédibilité. Entre l'abus des comportements nuisibles des parents, les séquences émotionnelles complètement niaises et le manque de développement psychologique du voyou Henri Bowers qui avait pourtant un sacré potentiel dans sa manière d'être transporté dans la noirceur absolue, la surenchère des événements trop brusques efface toute forme de réelle tension et nous conduit parfois plus au rire nerveux qu'au malaise.

On notera tout de même l'attachement pour le "club des ratés" et l'ambiance enthousiaste qui se dégage de leur cohésion et de leur détermination (affection particulière pour le petit grassouillet, aussi adorable que malchanceux).

En conclusion, ce premier chapitre de "Ca (2017)" uniquement focalisé sur l'enfance des personnages partagera les avis selon les attentes de chacun. Une déception pour les amateurs de l'épouvante subtil et minutieux, et un régal pour les amateurs d'horreur pop-corn.

Même si de nombreux points serviront à défendre le film, ça n'enlèvera pas l'échec de son exploitation de la coulrophobie.

Le retour de Pennywise reste toutefois bienvenu, un nouveau gros méchant s'inscrit dans l'histoire du cinéma d'horreur et fait déjà beaucoup parler de lui mais restera cependant, contrairement au clown joyeux du téléfilm, qu'une créature furieuse bonne qu'à foncer sans arrêt sur le cameraman pour exprimer à fond sa méchanceté au lieu de s'investir véritablement dans le rôle d'un clown trompeur.

Maintenant que nous connaissons le mécanisme, on verra bien si le chapitre 2 renouvellera les méthodes ou non...

CA CHAPITRE 1 | IT CHAPTER 1 | 2017
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Note
3
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Nicolas Beaudeux