Always watching : a Marble Hornets story

Always Watching: A Marble Hornets Story

Le caméraman Milo, son ex petite amie et journaliste Sara, accompagnés de Charlie font un reportage sur les procédures de saisie immobilière. Ils suivent ainsi des personnes habilitées par la loi à ouvrir des propriétés récemment saisies par un créancier. Rapidement, ils découvrent une demeure vide, dont les propriétaires n’ont même pas pris la peine de récupérer leurs effets personnels. Mieux, ils vont trouver, dans un placard, une boîte remplie de bandes vidéo sur lesquelles un personnage sans visage et habillé d'un costume sombre semble venir rendre visite aux membres de la famille partie comme subitement. Après avoir visionné quelques VHS, nos journalistes vont eux-mêmes commencer à voir des choses bien étranges…

Always watching : a Marble Hornets story |Always Watching: A Marble Hornets Story  | 2015

Depuis le début des années 2010, malgré une déferlante de films sortant, le « found footage movie » est un genre fatigué et vieux, à moins d’avoir une idée ultra novatrice. Ici, le scénariste surfe sur le phénomène des « creepypastas », c’est-à-dire des mythes urbains diffusés sur Internet et largement relayés par les réseaux sociaux. Parmi les plus célèbres d’entre eux, on note les récits tournant autour de « Momo », de « Sad Satan », du « Midnight Man Game » et bien sûr, du plus connu, le « Slender Man ». La création de ce dernier remonterait ainsi aux alentours de l’année 2009, sur la web-série « Marble Hornets », dans laquelle un étudiant en cinéma (Joseph DeLage) échange des vidéos avec un ami (Troy Wagner), puis avec des internautes sur cette silhouette d’homme mince, sorte de créature humanoïde avec des bras anormalement longs, un visage blanc sans trait ni relief, vêtu d'un costume noir et parfois d'une cravate rouge. Le succès est immédiat et il n’en fallait pas plus pour qu’une adaptation en long-métrage voie le jour en 2015.

Mais autant le dire de suite, ce « found footage movie » ne révolutionnera pas le genre. D’une part, parce que l'histoire ne casse pas des briques, et qu’en plus, on a vraiment affaire à du déjà-vu, sorte de mélange entre l’univers de la franchise "Paranormal activity" pour le côté « je filme ma maison pour attendre des plombes et voir ce qu'il s'y passe » et un film comme "The Poughkeepsie tapes" (chef-d’œuvre dans le genre, il faut le dire) dans lequel on retrouve des cassettes qui nous dévoileront une partie du mystère. Et d’autre part, parce qu’en ce qui concerne les apparitions du « Slender Man », ces dernières sont beaucoup trop fréquentes à notre goût et finalement toujours amenées de la même manière : l'image se brouille quelques instants, le son grésille et hop, on sait que le croquemitaine va faire une apparition ! De fait, le film perd énormément en effet de surprise car à force de trop répéter ce procédé, on se lasse rapidement ! C’est d’autant plus dommage car on en apprend pourtant un peu plus sur le monstre filiforme et blanchâtre qui ici, observe les gens près d’un bosquet et se rapproche petit à petit d’eux jusqu’à les rendre fous et les pousser au suicide, mais sans jamais se salir les mains qu’il a pourtant gigantesques ! Il semble, de plus, les marquer, comme du bétail, d’un étrange symbole circulaire barré en son centre comme gravé à même la peau…

Pour ce qui est du casting, on retiendra et ce, de façon anecdotique car l’interprétation est somme toute assez froide, la présence de la sublime Alexandra Breckenridge ("American horror story"), du pas désagréable Chris Marquette ("Night of the living Deb") et du non moins célèbre Angus Scrimm, le fameux « Tall Man » de la franchise "Phantasm" de Don Coscarelli, autre croquemitaine à la taille démesurée, dans un petit caméo relativement sympathique. On notera également la performance de Doug Jones dans le rôle du « Slender man ». Rappelons encore une fois que cet acteur est un habitué des rôles avec costume et maquillage et qu’on peut aussi le voir dans : "Le labyrinthe de Pan", "Les 4 Fantastiques et le Surfeur d'Argent", "Hellboy" ou encore "The bye bye man".

Malgré ses nombreux défauts, ce film aura tout de même le mérite de prendre naissance dans un contexte politique et social assez marqué, celui de la « crise des subprimes » de 2007 ayant forcé des familles américaines de classe moyenne ayant tout perdu à la suite d’une crise financière touchant le secteur des prêts hypothécaires à risque (donc non remboursables !) et forcées de déménager en quittant des villes devenues fantômes et dont le malheur est surtout exploité à la télévision dans des émissions racoleuses ! Quid ainsi du droit à l’image ?

Nonobstant cette mauvaise adaptation du phénomène issu de la Toile, le "Slender man" fera pourtant des émules avec un film éponyme sorti en 2018, assez mauvais car ressassant les mêmes poncifs et autres jump scares éculés afin de tenter d'effrayer les adolescents en manque de sensations. Il ressemble également à « Pretzel Jack », un étrange clown contorsionniste vu dans la saison 4 de Channel zero, une très bonne série de Nick Antosca se basant justement sur le phénomène des « creepypastas ». Le bilan sera donc mitigé, en attendant un long-métrage digne de la personnalité voir de l’aura de ce boogeyman mutique né sur Internet !

Ce métrage pourtant attractif de prime abord n’est qu’un énième pétard mouillé. En effet, ici le scénariste et le réalisateur ne nous donnent rien de plus que nous n'ayons déjà vu avant, trop souvent et surtout de bien meilleure qualité pour certains ! Ils pensaient peut-être qu'avec les mêmes jump scares et autres protagonistes agaçants prenant toujours la mauvaise décision et les mêmes effets de caméra tremblante (la désormais célèbre « shaky cam » !) avec un tout nouveau monstre, ils auraient l'idée du siècle !? Eh bien ils se trompaient carrément ! Car même si le croquemitaine du Slender Man inspiré de la creepypasta du même nom était intéressant comme choix, encore fallait-il avoir du respect pour ce matériau issu de la toile ! Ce qui n’était pas le cas ici puisque ses apparitions étaient téléphonées car des grésillements auditifs et autres sauts d’image nous annonçaient sa présence à l’avance ! Quel intérêt alors !? C’est d’autant plus navrant que les effets spéciaux n'étaient pas légion et que surtout, les personnages ne suscitaient que très peu d’empathie donc que leur sort ne nous intéressait pas plus que ça ! Bref, un film à oublier, d’ailleurs c’est déjà mon cas !

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Bande-annonce
Note
2
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Vincent Duménil