Abîme de l'enfer - l'
Ostatnia Wieczerza
Pologne, 1987. Un policier infiltre un monastère pour enquêter sur la disparition de jeunes femmes…
L'AVIS:
"L’abîme de l’enfer" est une production Netflix qui nous vient tout droit de Pologne. Un film qui a fait une entrée en fanfare sur la plateforme il y a quelques temps maintenant en se hissant dans le top5 des films les plus vus par les téléspectateurs pendant quelques jours.
Ayant découvert le film un peu tardivement, en se baladant sur le catalogue de films proposés et produits par Netflix, votre cher compagnon de route - le temps de cette chronique - ne regrette en rien son visionnage.
Car oui, "L’abîme de l’enfer" est une vraie bonne surprise, comme le furent par exemple des films estampillés Netflix tels que l’angoissant "Old people", l’excellent "Le bon apôtre", l’immersif "Le rituel" ou encore bien évidemment le très bon et original "La plateforme" (sans oublier également la petite saga bien sympathique des "Fear street" pour ne citer que ces titres).
Ce film polonais possède en effet une intrigue réellement passionnante avec des révélations au sein de cette enquête policière (menée par un policier infiltré et reconverti en moine pour l’occasion) qui parfois font froid dans le dos et nous éclairent petit à petit sur les mystères qui entourent ce monastère.
Avec ses rebondissements bienvenus qui tiennent en haleine sans grand problème le spectateur, "l’abîme de l’enfer" possède un scénario pas bien complexe quand on y regarde de plus près mais réellement prenant.
Notons par ailleurs un final renversant (c’est le cas de le dire, comprendront celles et ceux ayant vu le film) et ténébreux au possible qui vient clôturer ce film d’une bien belle manière.
Cannibalisme, satanisme, tortures… le film de Bartosz M. Kowalski ne fait pas dans la dentelle tout en faisant attention à ne pas tomber dans une certaine facilité qui consisterait à choquer gratuitement son public en balançant une bonne dose de séquences ragoutantes, des scènes de blasphèmes à outrance, des effets spéciaux à tout va… Non, le film reste suffisamment sage pour plutôt miser sur le côté angoissant et ténébreux.
Exit également les jumpscares à en faire une indigestion ou encore des scènes paranormales en veux-tu en voilà pour nous rappeler ici que nous sommes dans un film à connotation religieuse et traitant de démons notamment.
Non, vous n’aurez rien de tout cela : ici nous restons dans le cadre du réalisme, même si certains passages surnaturels nous rappellent toutefois de temps à autres où nous avons mis les pieds.
Mais ce qui marque effectivement le plus, c’est cette ambiance anxiogène qui émane de "l’abîme de l’enfer". Nait de ce métrage très rapidement un sentiment d’insécurité, une sensation d’être toujours épié par ces moines dont l’on ne perçoit pas toujours distinctement les traits du visage, assombri par la capuche de leur robe. Un côté très « film de secte » se dégage ici et l’impression d’isolement est elle aussi bien retranscrite (un monastère isolé de tout, l’absence d’électricité et de téléphone…).
Bénéficiant d’un cadre réaliste et sombre à souhait, montrant tour à tour un monastère lugubre avec sa pièce sinistre dédié aux exorcismes, son cimetière au rendu saisissant (avec sa scène qui rappellera un certain "la malédiction" de Richard Donner), ses chambres glauques, en passant par des souterrains froids et humides ou encore le fond d’un vieux puits au sol jonchés de crânes et ossements, "l’abîme de l’enfer" possède également un fort bon travail sur les sons (des gouttes d’eau qui m’ont presque fait croire à un moment que j’avais une fuite chez moi lol, sans oublier les crépitements et autres bourdonnements d’insectes volants…).
Le casting n’est pas en reste non plus avec ses moines intrigants (certains d’entre eux n’inspirent en rien confiance). Le côté « film de secte » mentionné plus haut dans la chronique prend tout son sens quand on se pose sur nos hommes religieux avec leur « gourou » et ses façons de manipuler son entourage
Il est vrai ici que l’Eglise ici n’est pas montrée sous sa plus belle image…
Seul petit bémol à mes yeux dans le film de Bartosz M. Kowalski : le fait que notre policier déguisé en moine parvienne, sans grand mal et sans réellement être retenu par qui que ce soit, à fouiller un peu partout dans le monastère pendant la nuit alors qu’on le sait surveillé par ses hôtes et qu’il fait parfois un peu de bruit… Heureusement, il va finir par se faire remarquer et cela vient en quelque sorte enfin gommer cette petite incohérence qui commençait réellement à me gêner pendant le visionnage.
Au final, "l’abîme de l’enfer" est un très bon film pour qui aime les ambiances de vieux monastères (on peut penser à "la nonne" par moment, film qui ne se distingue malheureusement que par son cadre bien lugubre) mais surtout ce mélange entre enquête et film de secte qui se marient à la perfection ici.
Et pourtant, l’introduction très cliché sur laquelle on devine aisément ce qui va se passer n’augurait rien de bien terrible… Comme quoi il ne faut pas hésiter à entrer une fois la porte ouverte !
Un film à découvrir si cela n’est pas déjà fait.