Ghoul school
Ghoul school
Pour sa cinquième sortie, le distributeur Camp Motion Picture propose un petit nanar, dans une grande édition. Près à un retour au film d'horreur des années 80 ?
Que peut-il arriver lorsque deux petites frappes déversent accidentellement un produit toxique dans les réserves d'eau d'un lycée ? Très logiquement les buveurs d'eau et l'équipe de natation de l'établissement se transforment en schtroumpfs cannibales aux dents acérées et au féroce appétit pour la chair humaine.
Bien sûr pas de surhomme sous la main. C'est donc à deux nerds que revient la lourde tâche de sauver le lycée tout entier du massacre. Pour les aider, un groupe de Hair-Metal qui répétait là pour un concours de jeunes talents musicaux. La partie n'est pas gagnée d'avance, car les goules ont été dopés aux stéroïdes et se retrouvent à courir comme des dératés dans les couloirs du grand bâtiment...
Bien qu'affichant 1990 comme date de finition, Ghoul School est lourdement ancré dans les années 80. Alors si vous êtes allergiques aux moumoutes peroxydées, aux pattes d'eph' et au rock progressivement électronique, alors passez votre chemin, vous pourriez ne pas y survivre. Pour les autres, ceux qui restent, rangez votre cerveau soigneusement pour quelques 70 minutes. Vous n'en aurez pas besoin, au contraire, il risquerait d'être de trop.
En effet Ghoul School se limite à des courses poursuites dans les couloirs du lycée, et quelques dialogues tellement crétins qu'ils ne peuvent pas ne pas avoir été délibérés. Les deux maîtres nageurs cerclés par l'équipe de natation transformée en mangeurs de chair : "Je pense qu'il y a trop de chlore dans la piscine."
Ajoutez à cela deux frustrés, overdosés aux films d'horreur de bas étages (Stéphane me regarde bizarrement, l'air de dire "c'est pas les seuls !"). Les deux protagonistes semblent tout droit sortis du génial "Napoleon Dynamite", jamais à leur place nulle part, évoluant dans un monde qui n'est pas le leur – un monde qu'ils ne comprennent pas et qui ne les comprend pas, comme le dirait la Poste. De ce fait, quand la situation tourne à leur avantage, ils en profitent pour régler quelques comptes. Le premier à en faire les frais est le professeur d'Education Physique et Sportive, à qui ils s'adressent en l'appelant systématiquement "dick" (équivalent de "trouduc'").
Il ne fait aucun doute que Ghoul School est un film d'adolescent attardé : spontané et simpliste. La mise en scène est à l'image du scénario dépouillé et un peu bâclé. Le format "vidéo usagée" n'y est sûrement pas étranger. Que ceux qui pestent contre les métrages réalisés en DV jettent un coup d'œil à celui-ci.
Cependant, pas de quoi se pendre avec la bande de votre vieille VHS de "Massacre à la Tronçonneuse". Le métrage de Timothy O'Rawe se laisse très aisément regarder, surtout avec un peu de maïs explosé et de boisson dont l'abus est dangereux pour la santé. En fait Ghoul School tombe à pic pour ceux d'entre nous qui n'ont pas eu la chance d'avoir quinze ou vingt ans dans les années 80. Il s'agit en quelque sorte d'une séance de rattrapage, liant l'utile à l'agréable.
Il est vrai que le métrage prête beaucoup à rire. Parfois parce qu'un gag a été volontairement – mais jamais subtilement – glissé là. Le plus souvent, parce que le kitsch à l'extrême a un effet hilarant. Que faire sinon rire, lors de la scène dans la salle de concert ? Le guitariste du groupe en pleine répétition se jette à genou et entame un solo endiablé alors qu'aucune guitare ne s'isole dans la bande son. De toutes façons les musiciens ne faisaient que (très mal) mimer.
Pour être sûr d'achever le spectateur, des acteurs en maillots de bain (bleus) peints de la tête au pied (en bleu), avec de grandes dents et l'air (presque) féroce, ont été lâchés dans le lycée. Le résultat est plutôt cocasse, même si certains pourront y préférer un "Atomic College" bien plus déluré.
La jaquette du DVD annonce trois caméos. Deux des trois apparitions passerons inaperçues de ce côté de l'atlantique puisqu'il s'agit de personnalités médiatiques, un animateur de Sirius Radio (Jackie Martling) et un présentateur télé, (Joe Franklin). En revanche le troisième d'entre eux est Ivan Sergei, connu pour son rôle dans Charmed.
Bien que n'étant pas annoncé sur la pochette, il y a une apparition supplémentaire, dans les premières minutes du film. Il s'agit de John P. Fedele, l'acteur bondissant de Pop Cinema ("Bite me !", "Kinky Kong"…), ici post adolescent aux cheveux longs. Son nom se retrouve aussi au poste de producteur associé. Comme quoi sa passion pour le cinéma ne date pas d'hier. Et ce n'est sûrement pas un hasard s'il a atterri chez Pop Cinema (anciennement EI Cinema), puisque le directeur de la photographie sur Ghoul School est Michael L. Raso. Celui là même qui est aujourd'hui à la tête de Pop Cinema.
Les deux compères ont donc parcouru un sacré bout de chemin. Pour autant, le parcours est parfaitement cohérent : toujours indépendants, toujours dans le cinéma de genre. Voilà donc deux personnes à qui il ne pourra être reproché de ne pas aimer ce qu'ils font. Comme en plus ils ont suffisamment de talent pour nous faire aimer ce qu'ils créent, alors il n'y a aucune raison de se plaindre.
Et pour ceux qui désireraient une dose intensive supplémentaire d'années 80, l'édition qu'offre Camp Motion Picture est parfaite, donnant une bonne leçon aux éditions "collectors" des gros blockbuster. Ainsi en plus du film proprement dit, il y a 140 minutes de bonus divers et (a)variés, au rang desquels une flopé de courts métrages, originaux et amusants, mais qui ont mal supporté le passage aux nineties. Il y a en outre trois documentaires en rapport direct avec Ghoul School ainsi que trois pistes de documentaire audio.
Quoiqu'il en soit, voilà une galette de qualité, bourrée de bonus, qui pour une fois valent le coup d'être vus. Un petit coup de cœur pour le très rapide documentaire sur la séance photo pour la création de la jaquette. En effet le poster que présente le DVD a été créé pour l'occasion, avec comme modèle, la superbe Erika Smith.
Les petits gars de Camp Motion Picture ont à cœur de délivrer à leur public des superbes produits, bourrés de suppléments, le tout pour un prix dérisoire. Alors, elle est pas belle la vie dans les années 80 ?