Lords of salem - the
The lords of salem
Alors qu'elle passe un vinyle à l'antenne de la radio pour laquelle elle travaille, Heidi réveille un groupe de sorcières tuées au XVIIème siècle à Salem et ayant jurés de revenir se venger...
On n'a guère été surpris d'apprendre que Rob Zombie allait s'attaquer à une nouvelle histoire tournant autour des sorcières de Salem. La thématique de la chasse aux sorcières entrant parfaitement dans son univers. Une vision plus contemporaine, délaissant le passé historique (celui du 17ème siècle : bien qu'abordé via le sabbat et la persécution des sorcières par le révérend Hawthorne) pour mieux se concentrer sur le destin d'une simple fille qui va être l'objet d'attaques surnaturelles, mais dans quel but ? Le mystère est assez total jusqu'aux dernières images de ce road trip halluciné qui se place d'emblée de par son esthétisme dans le cinéma des années 70. Bien moins rock’n’roll que ses précédentes réalisations ("The Devils rejects", "Halloween 2007", "Halloween 2 (2009)"), son nouveau film joue plus la carte du mystère, délaissant les effets chocs gratuits. C'est un peu comme si le cinéma de Ken Russell ("Les diables") croisait la route de "Rosemary's baby". Car, ces Lords of Salem suintent de partout une délectable ambiance satanique. Porté essentiellement par un casting féminin des plus sympathiques.
Si l'on laisse de côté Sheri Moon Zombie (épouse et égérie du réalisateur), on y trouve des figures féminines fortes. A commencer par Meg Foster ("Invasion Los Angeles") sorcière émérite de son état, qui a été persécutée à la toute fin du 17ème siècle. L'épaulant dans le monde contemporain, trois sœurs (le fameux symbole de la trinité ou des trois sœurs voire des Trois Mères si chères à Dario Argento : "Suspiria", "Inferno", "Mother of tears") vont œuvrer dans les coulisses. L'occasion pour Rob Zombie de confirmer son sens de la famille en retrouvant Dee Wallace ("Hurlements", "Cujo", "Halloween 2007"), entourée de Judy Geeson ("Inseminoid") et de Patricia Quinn ("The Rocky Horror Picture Show"). Des comédiennes plus vraiment toutes jeunes, et qui sont le témoignage que Rob Zombie ne cherche pas à caresser le public dans le sens du marketing contemporain, mais à faire le film qu'il veut. Une probité qui a un coût financier.
Délaissant ses effets clips et chocs, Rob Zombie réussit à rendre un bel hommage aux films des seventies. Une sorte de volonté assez épurée, n'hésitant pas à tirer à la ligne certaines scènes (trop longues peut-être lors de l'émission de radio), pour mieux nimber son film d'images plus psychédéliques, s'attaquant entre autres à la Religion et à ses membres, dont l'image est ici à de nombreuses reprises mise à mal. Essentiellement dans une dernière partie qui essaie de nous transporter dans l'acceptation du retour des Sorcières venues accomplir leur tardive vengeance. Le cadre théâtral dans lequel se passe ce dernier acte est esthétiquement sublimé par des choix de mise en scène à nouveau audacieux et le recours au requiem de Mozart. Là encore, il y a recours à un élément classique, la musique. Qui est d'ailleurs très sobre durant tout le film.
Ce n'est pas de faire peur qui semble avoir attiré l'attention de Zombie, mais de montrer une certaine complaisance historique vis-à-vis de morts perpétrées au nom de la religion. Lui même critiqué par rapport à sa musique qualifiée elle aussi de sataniste par ses détracteurs, il peut ainsi faire un parallèle (un peu facile, mais ce n'est pas le plus brillant des scénaristes) entre la sorcellerie et la musique qui l'a rendu célèbre. The Lords of salem manque quand même de ce grain de folie qui a marqué le passé de son metteur en scène, et on peut le trouver très en retrait par rapport aux films auxquels il fait référence (ceux de Ken Russell entre autres). Cette apparente sagesse ne doit pas masquer le fait que l'on est en face d'un certain OVNI dans le paysage cinématographique et qu'il serait quand même peu judicieux de passer à côté et de donner sa chance au dernier rejeton (du diable) de Mr Zombie !