Cannibal ferox
Cannibal ferox
Des étudiants en anthropologie se rendent en Amazonie pour étudier les moeurs des tribus cannibales. Sur place, ils rencontrent Mike et Joe, deux Américains trafiquants de diamants et de cocaïne, ayant réduit les indigènes à l'esclavage. A la suite du viol et du meurtre d'une fille de la tribu, les cannibales se révoltent contre leurs tortionnaires...
L'AVIS :
En 1980, Ruggero Deodato frappe un grand coup en réalisant "Cannibal Holocaust", l'un des films les plus controversés et les plus chocs jamais réalisé ! Son confrère Umberto Lenzi s'était lui aussi lancé dans le film de cannibales et ce, dès 1972 avec "Cannibalis : au pays de l'Exorcisme", puis en 1980 avec "La secte des Cannibales". Il récidive en 1981 avec "Cannibal Ferox", qui deviendra l'un des fleurons du genre avec le film de Deodato.
Interdit de diffusion dans 31 pays lors de sa sortie, "Cannibal Ferox" contient tout ce qui fait le charme (!) des films de cannibales : aventure, exotisme, érotisme, faunes dangereuses (anaconda, araignées venimeuses, sangsues...), maladie tropicale, scènes gores répugnantes, sadisme, barbarie et pseudo discours intello (ici, "la violence engendre la violence"). Umberto Lenzi a également sacrifié à la pratique répréhensible de la mise à mort d'animaux pour apporter une touche de réalisme à son "enfer vert". Le meurtre d'un pauvre petit cochon n'est pas vraiment justifié et on félicitera l'acteur Giovanni Lombardo Radice d'avoir refusé de le faire, une doublure ayant fait le travail. Il en va autrement pour la séquence du repas dont le plat principal est une tortue puisque là, c'est la population locale qui s'en charge pour réellement se nourrir, idem pour l'alligator. La séquence où un anaconda étouffe un pauvre petit tapir sous l'oeil de la caméra fait aussi sensation. Bref, c'est bien là un des aspects les plus abjects du cinéma de cannibales.
Hormis cela, "Cannibal Ferox" est un bon film, bien rythmé, qui nous projette dans un univers inhospitalier qui ne donne pas vraiment envie d'aller s'y aventurer. Le casting est très bon, Giovanni Lombardo Radice campe un personnage détestable dans toute sa splendeur et sa prestation tient le film sur ses épaules tant son jeu est intense. Le flashback raconté par Joe à Gloria dans lequel on voit les exactions qu'il commet sur la peuplade primitive remplit amplement sa mission et on est presque content du sort que les cannibales lui font subir. Oeil pour oeil, dent pour dent ! Niveau gore, le film tient ses promesses sans toutefois être aussi excessif que sa réputation peut le laisser croire. On en a quand même pour notre argent avec une castration à coup de machette, une énucléation, une éviscération suivie d'une dégustation d'entrailles, un tranchage de main, un scalpage cranien avec dégustation du cerveau ou bien encore la scène culte de la pendaison de Zora Kerova par les seins à l'aide de crochets ! De quoi largement satisfaire l'amateur d'atrocités !
On appréciera également l'excellente partition musicale qui accompagne les images et surtout le thème principal composé par Roberto Donati et Fiamma Maglione, qui reste dans toutes les mémoires et confère au film une ambiance macabre et malsaine très efficace. Même s'il est inférieur au chef-d'oeuvre de Ruggero Deodato, car traité de manière beaucoup moins sérieuse, "Cannibal Ferox" ne démérite pas, se montre intéressant à plus d'un titre, plus fun aussi dans ses excès sanglants. Il a pour principal défaut ses séquences filmées à New York, avec cette enquête policière pour retrouver la trace de Mike, qui ne semble être là que pour allonger la durée du film. Du superflu pour ma part. Reste un pur film bis, divertissant et dépaysant, et qui comblera vraisemblablement les amateurs de "cannibal movies" !