WILLY'S WONDERLAND

WILLY'S WONDERLAND

Un homme solitaire accepte de nettoyer et de remettre à neuf le temps d’une fin de journée et d’une nuit une ancienne grande salle de jeux pour enfants, abandonnée depuis des années, en échange de réparations sur sa voiture.
Une fois dans l’établissement nommé « Willy’s Wonderland », il va contre toute attente se retrouver confronter à des anciennes mascottes qui comptent bien mettre fin à ses jours…

WILLY'S WONDERLAND | WILLY'S WONDERLAND | 2021

L'AVIS:

"The fun house" (alias "Massacres dans le train fantôme"), "Chucky 3", "Hell Fest", "Destination finale 3", "Ghoulies 2", "Terrifier 2" ou encore le long-métrage d’animation "Zombillénium" : nous plonger dans des parcs d’attractions ou des établissements pour enfants pour stimuler l’horreur n’est pas d’aujourd’hui et nous pouvons voir plusieurs films explorer ce type d’endroit depuis plusieurs décennies maintenant.

Et c’est le cas notamment de ce "Willy’s Wonderland" de Kevin Lewis qui ne joue pas uniquement avec les attractions et autres jeux qu’offre ce type d’établissement mais qui va plutôt mettre en avant de grosses mascottes robotisées.
Alors quand ces mascottes prennent vie et décident de s’en prendre aux malheureux humains qui franchissent le seuil de « Willy’s Wonderland », voilà de quoi nous donner un slasher movie (ou plutôt même un survival) original et quelque peu barré !

Même si j’avoue ne pas m’être trop documenté sur le sujet, nous avons ici une œuvre qui a tout du film de festival assurément ! Avec son humour décalé, son côté irréaliste et quelque peu outrancier et cet esprit peu familial, voilà bien un long-métrage qui a dû en éclater plus d’un dans les salles obscures lors de festivals de cinéma fantastique.

Avec ses dialogues débiles et grossiers (les mascottes qui demandent aux jeunes « Tu veux jouer pétasse ? » ou encore « Tu veux me baiser gros lard ? », sans oublier la proposition faite à Nicolas Cage « Hey mon beau, qu’est-ce que tu dirais d’un ménage à 3 ? »…), son rythme bien tenu (les affrontements sont multiples, le tout sous une bande son bien remuante) et son scénario WTF, le film de Kevin Lewis nous offre là un sympathique moment, certes non exempt de défauts (on aurait voulu encore aller plus loin dans certains passages et avoir un bodycount plus élevé principalement) mais dont le cahier des charges de ce type de projet semble respecté.

Les personnages sont quelque peu stéréotypés (le jeune couple d’écervelés en recherche de sensations, l’entrepreneur démoniaque et son acolyte, la jeune héroïne toute mimi qui manifestement sait plutôt bien se battre…) mais pas pour autant mauvais. La plupart manquent de profondeur mais dans ce genre de film ce n’est pas forcément ce qui est recherché et on comprend rapidement l’intérêt de chacun : soit nous avons les vilains méchants qui enferment les gens avec ces mascottes sanguinaires, soit nous avons ce que nous pouvons appeler de la chair à canon (autrement dit les proies des mascottes qui vont permettre de mettre un peu d’hémoglobine sur la caméra). C’est aussi simple que cela.
Toutefois, le scénario s’étoffe un peu plus au fil de l’histoire et nous en apprendrons plus sur « Willy’s Wonderland » et certains personnages au fil du scénario (notamment la shérif et la jeune héroïne, sans oublier nos mascottes).

Et au milieu de cette galerie de personnages, nous avons… Nicolas Cage !
Ah, on n’en finit plus de le voir dans toutes ces séries B fantastiques, que ce soit pour le pire ou pour le meilleur d’ailleurs… L’acteur ayant eu par le passé quelques pépins financiers (il est loin le temps des "Volte face", "Sailor et Lula", "Leaving Las Vegas", "60 secondes chrono", "Rock", "Snake Eyes", "Les ailes de l’enfer", "Lord of war" et autres Benjamin Gates et Ghost Rider), ce dernier a accepté certains rôles qui lui ont valu quelques moqueries dans le milieu du cinéma fantastique (que dire de l’infâme "Pay the ghost" ?) mais également quelques films surprenants ayant fortement divisé le public (je pense bien évidemment à "Mandy" de Panos Cosmatos et "Prisoners of the Ghostland" de Sono Sion).

Dans ce "Willy’s Wonderland", l’acteur est vraiment très bon. Peu bavard (pas un mot ne sort de sa bouche durant les 1h25 de métrage), tout est dans l’attitude et la gestuel et franchement quel personnage atypique il incarne ici !
Vagabond solitaire, ce dernier semble peu préoccupé par ce qui se passe autour de lui. En témoigne (et pas que) la première attaque de mascotte, une énorme autruche, qui ne semble ni l’effrayer ni le surprendre (rien de plus normal…) : il ne bronche pas et la tabasse avant de mettre le corps dans un sac poubelle comme un vulgaire détritus.
Surréaliste mais tellement jouissif !
Malgré la menace omniprésente, il continue le ménage, joue au flipper, boit des bières… De temps en temps il tabasse de la mascotte, remplit les sacs poubelles et change de tee-shirt à l’effigie de l’établissement après chaque giclée de sang… Comme si de rien n’était !

On verra en lui un bon soldat qui exécute la tâche qui lui a été confiée. Ce dernier ne fait d’ailleurs pas dans le sentimentaliste (on ne va pas lui demander d’être peiné pour les quelques jeunes morts sous ses yeux), à la manière d’un Léon incarné dans les années 90 par un excellent Jean Reno.
Un homme qui respecte la moindre ligne du contrat : « Les pauses c’est vital » lui a dit le gérant de l’établissement avant de partir alors il les fait et même dans les moments les moins bien choisis (sa montre, qui le prévient des heures de pauses, retentit juste avant un combat avec une mascotte, laissant alors cette dernière derrière lui pour aller rejoindre son flipper et sa bière). J’adore !

On parlait de surréaliste juste avant : il faut le voir se déhancher, claquer des mains, lever le poing vers le ciel et secouer la tête dans tous les sens en faisant des pas de danse devant le flipper une fois son record battu visiblement (oui il n’est pas tout net notre homme).

Mais quand il s’agit de se battre, attention il est là et il cogne : il assène de coups les mascottes, les fait valdinguer… Et toujours avec une touche d’humour bienvenue dans ce type de métrage un brin barré : avant la confrontation il prépare parfois ses poings façon Guile dans le jeu Street Fighter, il se sert d’une ventouse à chiottes pour repousser un énorme gorille qui lui tombe dessus dans les toilettes avant de lui exploser le crâne contre un urinoir, frappe une autre mascotte avec deux pieds de chaise dans une main et un sac rempli de canettes de bière dans l’autre…

Et l’huile moteur de ces robots éclabousse les murs et le visage ténébreux de notre vagabond : mâchoire arrachée, nuque brisée, tête fracassée ou arrachée au choix… Nicolas Cage ne fait pas dans la dentelle et ne veut pas se laisser polluer et ralentir par ces guignols robotisés : il a du ménage à finir bon sang !!

Le bilan humain n’est pas en reste non plus (éventration, décapitation, corps sectionné en deux, nuque brisée…) même si l’on aurait apprécié un peu moins de hors-champs par moments et quelques meurtres supplémentaires et non uniquement des photos de crimes à un moment donné.

Au final, "Willy’s Wonderland" est une sympathique série B bien barrée non avare en action qui ravira les fans de cinéma décomplexé.
Avec sa référence évidente à la poupée Chucky (un rite satanique perpétré par des serial killers avec pour objectif un transfert d’âme et d’énergie dans quelque chose d’inanimé, ici des mascottes robotisées d’un établissement pour enfants), le film de Kevin Lewis s’en sort plutôt bien dans le genre WTF, même si l’on aurait peut-être voulu encore plus de meurtres et de grains de folie dans ce scénario qui en contient certes déjà pas mal (la faute peut-être à un budget quelque peu serré qui se ressent par moments).

WILLY'S WONDERLAND | WILLY'S WONDERLAND | 2021
WILLY'S WONDERLAND | WILLY'S WONDERLAND | 2021
WILLY'S WONDERLAND | WILLY'S WONDERLAND | 2021
Bande-annonce
Note
3
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David Maurice