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VISIONS OF SUFFERING : FINAL DIRECTOR'S CUT | VISIONS OF SUFFERING : FINAL DIRECTOR'S CUT | 2016
Affiche originale
VISIONS OF SUFFERING : FINAL DIRECTOR'S CUT | VISIONS OF SUFFERING : FINAL DIRECTOR'S CUT | 2016
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Visions of suffering : Final director's cut

Visions of suffering : Final director's cut

Après une rupture avec sa petite amie causée par son obsession de la nécrophilie et du morbide, Sasha sombre dans le désespoir. Il souffre de terribles cauchemars durant lesquels il se promène dans la forêt morte d'un autre monde remplie de brouillard et de créatures étranges. Mais le rêve et le réel se mélangent lorsqu'il rencontre un chamane démoniaque et qu'un mystérieux réparateur de téléphone vient lui réparer sa ligne défectueuse au beau milieu de la nuit...

VISIONS OF SUFFERING : FINAL DIRECTOR'S CUT | VISIONS OF SUFFERING : FINAL DIRECTOR'S CUT | 2016

L'AVIS:

Andrey Iskanov fait indiscutablement partie des grands maîtres du cinéma underground. L'étrangeté de "Nails", la violence traumatisante de l'inoubliable "Philosophy of a knife" et l'expérimentation du cauchemardesque "Visions of suffering" (2003) ont pu lui permettre de trouver une place dans les hauteurs auprès des plus grands cinéastes indépendants spécialisés dans le cinéma extrême.

Treize ans après la réalisation d'un des meilleurs films expérimentaux jamais conçus, Andrey Iskanov revisite, ré-imagine et procède à un remodelage quasi-complet de son œuvre sur plusieurs années à cause d'une incompréhensible insatisfaction de sa part.

Si le maître russe souhaite oublier complètement l’œuvre originale, les personnes ayant vu son chef d’œuvre, eux, ne pourront certainement pas oublier à quel point ces 2 heures hallucinatoires et carrément psychédéliques sont dignes de faire partie des plus grand cauchemars cinématographiques de l'histoire, en plus d'être certainement inclues également parmi les meilleurs films expérimentaux... Ce qui n'empêchera pas l'apparition de ce renouveau !

Après tant d'attente, l'histoire de vampire la plus étrange refait surface sous une nouvelle forme... Remake ? Suite ? Version Extended ? AUCUNEMENT ! Oubliez toutes comparaisons avec la version de 2006 car nous avons ici un tout autre film.

L'expérimentation remplacée par une véritable descente aux enfers, suppression totale de la boîte de nuit, histoire plus limpide et structurée, raccourcissement de 45 minutes environ, univers plus érotique, effets de drogue remplacés par la persécution de succubes aussi sensuelles que terrifiantes... Tout l'univers a été refaçonné à une sauce plus sombre, plus luciférienne et plus oppressante.

Ce changement total de direction va permettre à Andrey Iskanov de proposer à ses fans une toute nouvelle retranscription de la souffrance de l'homme et de ses hantises contenues dans son subconscient. Une souffrance vampirique qui va absorber sa perception de la réalité illusoire pour le conduire dans un rêve véritable. Là où le plan astral et le plan physique fusionnent et conservent l'homme à l'intérieur de sa coquille pour le préparer à plonger dans son inconscient comme une terrifiante exploration du monde qlipothique. Là où nos peurs nous empêchent de passer l'étape de la Nigredo.

Contrairement à l’œuvre originale, "Visions of Suffering: Final director's cut" reste focalisé sur Sasha (interprété par Alexander Shevchenko) qui se fera constamment persécuté par des entités démoniaques. Ces dernières se dévoilent souvent sous forme de succubes séduisantes tellement sublimes mais pourtant tellement sanguinaires et inquiétantes; dont une en particulier qui, avec sa splendeur et son sourire carnassier, procure une sensation de fascination et d'angoisse particulièrement inconfortable. Les effets visuels frénétiques sont toujours au rendez-vous et la teinte turquoise conservera toute l'harmonie des séquences parfois très chaotiques. Mais évidemment beaucoup moins abstraites, moins épileptiques et moins hermétiques que la version de 2003 et ses trips hallucinatoires à en faire jalouser Gaspar Noé.

On ne se retrouve plus devant un film expérimental, mais plutôt devant un film onirique et quasi-mystique.

Peut-être les dialogues sont-ils cependant trop vulgaires (peut-être à cause d'une traduction anglaise trop brute) et laissent échapper quelques fois la part d'étrangeté qui soutient toute la puissance de cette œuvre, mais l'ahurissant travail d'Iskanov sur les effets visuels et sonores offre une efficacité redoutable dans l'art d'émerveiller et de terroriser.

Aucun doute, ce film vampirique et pictural est très clairement un chef d’œuvre fantasmagorique unique et incontournable...

On n'oubliera pas non plus cet impressionnant générique de début mêlant images (réelles) de scènes cadavériques et chirurgicales, de guerres désastreuses, de scènes pornographiques ainsi qu'un véritable exorcisme; la souffrance à l'état pur mariée au plaisir charnel sous une musique de noise martiale avant l'apparition classieuse du titre cristallisé.

Malgré une fin peut-être un peu expéditive, on ne ressort pas indifférent de cette merveille obscure (comme c'est le cas à chaque visionnage d'un film d'Iskanov). En plus de maîtriser la photographie à la perfection, le cinéaste prouve une nouvelle fois qu'il est l'un des plus talentueux réalisateurs de son milieu. Un langage cinématographique propre qu'à lui seul, une énergie d'enfer dans ses montages et ses effets stylisés, un travail colossal sur plusieurs années pour un condensé d'imageries dantesques inoubliables.

Rassurez-vous, le DVD édition 2-disc sortira en Septembre/Octobre 2018 chez l'éditeur Last Exit Entertainment (qui nous a déjà distribué une version remasterisée de "Nails" et une réédition de "Philosophy of a knife" avec ses quelques scènes en couleur dans les suppléments). On attendra ensuite patiemment que le maître nous livre ses prochaines œuvres démentielles ("Breaking Uroboros", "Ingression" et "G-Spot").

Film vu lors de l’édition 2018 du Sadique Master Festival

VISIONS OF SUFFERING : FINAL DIRECTOR'S CUT | VISIONS OF SUFFERING : FINAL DIRECTOR'S CUT | 2016
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Note
5
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Nicolas Beaudeux