V/H/S Viral

V/H/S : Viral

Faisant suite aux deux précédents opus de 2012 et 2013 ("V/H/S" et "V/H/S/2"), ce V/H/S Viral, comme pour le second film, voit son équipe totalement renouvelée, à l’exception des producteurs ayant supervisé les trois projets. A l’instar de ses prédécesseurs, ce long-métrage de 2014 est un film d'horreur anthologique. Il montre ainsi une série de sketches tournés façon found footage écrits et réalisés par Nacho Vigalondo (connu pour avoir dirigé un segment de "The ABCs of Death" et surtout "Timecrimes"), Marcel Sarmiento (ayant également réalisé un court pour "The ABCs of Death", mais aussi "Deadgirl"), Gregg Bishop (ayant produit et réalisé "Dance of the dead"), ainsi qu’Aaron Scott Moorhead et Justin Benson, ayant pour point commun de ne pas avoir réalisé, ni écrit quoi que ce soit de notable antérieurement.

V/H/S VIRAL | V/H/S : VIRAL | 2014

Ainsi, le numéro trois de cette franchise d'anthologie de l’horreur est, comme d'habitude, un amalgame hybride du début à la fin. Et comme à chaque fois, toutes les histoires sont liées à celle qui débute et qui termine le long-métrage, à savoir le récit servant de fil conducteur. De fait, dans l’histoire servant de cadre titrée « Vicious circles » (de Marcel Sarmiento), on se retrouve à Los Angeles, où l’on suit deux jeunes amoureux, Iris et Zach. Ce dernier semble obsédé par l’utilisation quasi permanente de son caméscope. Un jour, alors qu’une course-poursuite effrénée a lieu en ville entre un camion vendant des glaces et une voiture de police, Zach voit là l’opportunité d’être célèbre en filmant la scène afin de mettre la vidéo sur Internet. Mais voilà, sa petite amie se fait kidnapper alors qu’il semble ne plus être le seul à éprouver cette frénésie de filmer des événements d’horreur avec sa caméra vidéo. En effet, les gens affluent dans les rues munis de leurs caméscopes et autres téléphones portables afin de capter l’innommable. Sera-t-il prêt à aller jusqu’au bout pour être connu ou va-t-il essayé de la sauver ?

Cette histoire, elle-même divisée en quatre petits segments, dont certains très brefs, conclura le film, autrement dit fermera le cercle. Alors certes, il y a un peu de gore, ça va vite et on n’a pas trop le temps de s’ennuyer, Iris est magnifique à regarder, la neuvième symphonie de Beethoven c’est sympa en fond sonore (quoiqu’il y a aussi un score classique dans "Orange mécanique"…de 1971 !), mais voilà, il n’y a aucune cohérence. Il est alors difficile de s’impliquer dans l’histoire tant il y a un flux d’événements supposés se connecter entre eux et qui s’enchaînent de manière vague et surtout la fin, avec son message ridicule, vous laissera un goût d’inachevé sur la rétine. Seul intérêt à mon sens : l’intrusion de l’horreur pure sous forme de vidéos virales qui apparaissent sur les écrans des téléphones mobiles des protagonistes et servant de lien avec la suite, puisque l’on va visionner lesdites vidéos à notre tour.

« Dante the great » est ainsi la deuxième histoire (première des vidéos virales), réalisée par Gregg Bishop. Ce segment s’apparente à un faux documentaire façon found footage, même s’il comprend aussi de nombreux entretiens vidéo. Il raconte l'histoire de Dante, un looser qui a toujours rêvé d'être un grand magicien et qui réussit à y parvenir le jour où il découvre une mystérieuse cape ayant appartenue à Houdini lui-même ! La prodigieuse pèlerine lui donne alors les pouvoirs les plus merveilleux et imaginables, si bien qu’il est en passe de devenir le plus grand magicien de tous les temps. Mais la célébrité a un coût : Dante devient de plus en plus avide de pouvoir et commence à tuer des gens. Pourra-t-il être arrêté ?

Cette histoire est certes, la moins gore de tout l’ensemble, mais elle est très bien exécutée, hyper bien scénarisée et créative au possible si bien qu’elle constitue, à mon sens, la meilleure de toute la franchise. Les personnages sont également très bons, Justin Welborn (vu, entre autres, dans "The signal", "The crazies", "Destination finale 4" et "Halloween 2 (2009)") incarnant Dante, en tête. Les effets spéciaux sont magnifiques et l’humour distillé est très bien vu. J’ai aimé également le fait que des entrevues soient insérées au milieu du court, rendant la situation encore plus réaliste. D’aucuns pourraient cependant arguer que le court-métrage se fourvoie et que l’on s’égare du concept des VHS virales car il abandonne, à un moment donné, la forme du found footage pour opter pour un mode de tournage plus traditionnel, mais bon ce serait vraiment chicaner pour pas grand-chose tant on passe vraiment un bon moment.

Vient ensuite « Parallel monsters » de Nacho Vigalondo, également très bon. Tourné en langue espagnole, il raconte l'histoire d'un scientifique qui, dans sa cave, ouvre une porte sur un univers parallèle dans lequel il découvre une autre version de lui-même, qui a construit exactement la même machine ! Quand les deux homologues décident de changer de côté pendant quinze minutes, caméra à la main, le spectateur va découvrir qu'il existe en fait quelques différences entre leurs univers, ce qui va rendre l’expérience de moins en moins ludique…

Encore une idée intéressante et novatrice pour ce segment, dans lequel le climat est très oppressant au fur et à mesure que le héros progresse « de l’autre côté du miroir » et débarque alors dans le domaine de l’horreur pure. Original, drôle et cruel, ce court expose son concept avec intelligence et laisse pas mal de choses inexpliquées ce qui, en définitive, n’est pas une mauvaise chose du tout. Imprévisibilité et frayeur seront donc les maîtres mots pour ce segment étant assurément l’un des meilleurs de la franchise, rien que ça.

Et puis vient « Bonestorm » (de Justin Benson et Aaron Moorhead), le vilain petit canard du lot. On y suit une bande de jeunes skateurs américains qui partent à Tijuana afin de passer du bon temps là-bas. Arrivés sur place, ils y trouvent une sorte de secte qui semble célébrer un culte pas très catholique. Nos jeunes ados vont-ils survivre à leur périple mexicain ?

Voici pour moi la pire histoire de cette anthologie après celle servant de lien. C’est long, les personnages sont antipathiques au possible et pour eux, rien de plus normal que de continuer leurs pérégrinations à un endroit où les gens sont étranges et où un pentacle est dessiné au sol prêt à accueillir une quelconque cérémonie diabolique ! Non, eux, ils décident de se battre avec leur skate contre des personnes semblant « zombifiées » et autres tas d’os ambulants. Et le tout est filmé avec une caméra GoPro fixée sur leur casque : il faut bien justifier la relation avec la franchise qui met en avant le found footage ! En dehors de quelques frayeurs et de deux, trois scènes gore, il n’y a vraiment rien à sauver dans ce court tant les protagonistes (qui jouent terriblement mal, il faut le dire) sont ennuyeux, pathétiques et insupportables. C’est à un point tel d’irritation qu’on attend qu’une chose : qu’ils meurent tous dans d’atroces souffrances et ce, le plus vite possible, c’est déjà ça !

Dans l’ensemble, V/H/S Viral est assez inégal, deux segments sur quatre étant vraiment bien. De plus, certains pourraient inférer également du fait qu’il y a moins de gore qu’avant et que, pour les sketches les moins bons, l’accent n’a pas été assez axé sur la profondeur psychologique des personnages, si bien qu’on a le sentiment d’assister parfois à un défilement d’événements sans réelle trame. Pourtant, on sait que c’est inévitable, dans un film omnibus, d’avoir du bon et du moins bon. Et puis, le segment avec le magicien étant le moins fantastique est véritablement captivant alors que le suivant qui mélange science-fiction et horreur est vraiment intriguant avec son ambiance pesante et sa tension constante. On peut donc bien oublier la dernière partie plus « second degré » avec ce délire potache d’adolescents et l’histoire fil rouge avec sa morale ridicule, tant ce que l’on a visionné avant valait le coup d’œil !

V/H/S VIRAL | V/H/S : VIRAL | 2014
V/H/S VIRAL | V/H/S : VIRAL | 2014
V/H/S VIRAL | V/H/S : VIRAL | 2014

Notons que le film original prévoyait d'avoir quatre histoires et une histoire cadre, mais de courte durée « Vortex Gorgeous » de Todd Lincoln mais que celle-ci a été coupée au montage à la dernière minute pour des raisons inconnues, entraînant une coupe de dix-sept minutes environ.

Note
3
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Vincent Duménil