Affiche française
SCHLOCK | SCHLOCK | 1973
Affiche originale
SCHLOCK | SCHLOCK | 1973
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Schlock

Schlock

Depuis trois semaines, la ville de Canyon Valley est le théâtre d’une série de meurtres sanglants. Surnommé le « tueur à la banane », le dangereux criminel est en réalité un gorille âgé de vingt millions d’années, le Schlockthropus. Pourchassé par la police, Schlock va découvrir l’amour en la personne de Mindy, une jeune aveugle qui le prend pour un chien…

SCHLOCK | SCHLOCK | 1973

L'AVIS :

C'est en voyant au cinéma "Le Septième Voyage de Sinbad" à l'âge de huit ans que le petit John Landis décide de son futur : il sera réalisateur de films ! Après avoir travaillé sur divers postes au sein de l'industrie cinématographie (coursier, assistant réalisateur...), et furieux qu'on lui refuse sa place à la Guilde des Directeurs d'Amérique alors qu'il a terminé premier au concours (tout ça parce qu'il a arrêté l'école à seize ans et qu'il n'a pas de diplôme universitaire, critère indispensable pour pouvoir entrer dans la Guilde), John Landis décide de se débrouiller par lui-même et parvient, avec beaucoup de débrouillardise, à réunir 60 000$ et une équipe pour tourner son premier film, et ce, à l'âge de 21 ans ! Ce sera donc "Schlock", réalisé en 1973, une oeuvre qu'on pourrait considérer comme mineure dans la filmographie de Landis mais qui contient déjà beaucoup de sa personnalité et, bien sûr, possède beaucoup d'humour, un élément qu'on retrouvera tout au long de sa carrière. Faut-il rappeler que John Landis est le réalisateur de comédies farfelues telles "Hamburger Film Sandwich" (1977), "American College" (1978), "Les Blues Brothers" (1980), "Un Fauteuil pour Deux" (1983), "Drôles d'espions" (1985), "Un Prince à New York" (1988), "L'embrouille est dans le sac" (1991) ou "Blues Brothers 2000" (1998) ?

Même lorsqu'il aborde le genre fantastique ("Le Loup-Garou de Londres" en 1981, "Innocent Blood" en 1992) ou le polar ("Série Noire pour une Nuit Blanche" en 1985, "Le Flic de Beverly Hills 3" en 1994), l'aspect humoristique est bien présent et répond à l'appel. Pas étonnant donc que pour son premier film, le réalisateur du plus grand clip vidéo au monde ("Thriller" de Michael Jackson évidemment) ait choisi de mettre en scène une comédie fantastique, dans laquelle une sorte de yéti, âgé de vingt millions d'années, fait surface dans une petite ville et sème la zizanie, le tout dans une avalanche de gags loufoques qui fonctionnent plus ou moins bien. Outre cette bonne dose d'humour, on retrouve également dans "Schlock" la "culture ciné" de John Landis, le réalisateur étant une véritable encyclopédie vivante dans ce domaine. Même s'il vénère des auteurs comme Fellini, Kurosawa, Ford ou Hitchcock entre autres, il voue un amour particulier pour les petites séries B fantastiques mettant en scène des monstres de toutes sortes et il le prouve ici, avec le personnage de Schlock bien sûr (cet homme-singe peut aussi bien rendre hommage au "King Kong" de 1933 qu'au nanar "Trog" de 1970) mais aussi à travers divers clins d'oeil, comme lors de la scène dans le cinéma, où, assis à côté de Forrest J. Ackerman (le créateur de la célèbre revue Famous Monsters on Filmland et collectionneur invétéré du cinéma fantastique), notre homme-singe regarde tantôt des séquences de "Les Monstres de l'île en Feu" (1960), tantôt des scènes de "Blob, Danger Planétaire" (1958). Même le "Frankenstein" (1931) de James Whale est cité à travers la scène où notre monstre simiesque joue avec une petite fille au bord d'un lac. Sympa ! Impossible de ne pas sourire également devant la scène qui rend hommage au "2001 l'Odyssée de l'Espace" de Kubrick, le monolithe noir étant remplacé ici par une... banane !

On le voit, "Schlock" ne se prend jamais au sérieux et John Landis assume l'aspect parodique de son film jusqu'au bout, balançant des gags potaches qui font souvent sourire, à défaut de nous faire hurler de rire. Les personnages sont pour la plupart des débiles profonds (la palme revenant à l'inspecteur de police et ses équipiers qui auraient très bien pu postuler pour jouer dans la saga des "Police Academy") et le comique surgit de situations ou comportements improbables, comme lorsque le monstre se balade au milieu de la foule sans que personne ne semble s'en inquiéter le moins du monde, alors qu'il est quand même l'auteur de plus de 279 morts violentes, rien que ça ! La scène qui ouvre le film est à ce titre un monument du n'importe quoi jubilatoire, avec ce présentateur télé qui relate le carnage qui vient d'avoir lieu et qui en profite pour proposer aux spectateurs de la chaîne un jeu concours, le gagnant étant celui qui trouvera combien de corps sont entassés dans des sacs poubelles ! Avec un casting composé principalement d'inconnus qui cabotinent à fond la caisse, avec des dialogues savoureux de ringardise, "Schlock" n'a pas peur d'en faire trop et se révèle au final drôle et divertissant derrière son aspect nanaresque.

Un aspect revendiqué par John Landis lui-même, qui s'excuse d'ailleurs auprès des spectateurs de leur proposer un spectacle "calamiteux mais aussi loufoque". Calamiteux, le mot est, de mon point de vue, bien trop fort pour ce divertissement pas prise de tête qui s"assume totalement. Car si "Schlock" possède effectivement des défauts, pour un premier film et avec un budget aussi réduit, le résultat final est loin d'être déshonorant, bien au contraire. Surtout que l'ami John Landis a su s'adjoindre le talent d'un certain Rick Baker pour la confection du costume et surtout du masque de Schlock et le résultat est vraiment épatant, notre homme-singe possédant des expressions faciales assez étonnantes. Pour l'anecdote, c'est John Landis lui-même qui est dans le costume de Schlock et avec un tournage caniculaire de onze ou douze jours, on se doute que ça n'a pas du être une partie de plaisir. Landis et Baker auront à nouveau l'occasion de tourner ensemble sur Le Loup-Garou de Londres et sur Thriller. Bref, si vous voulez vous amusez ou vous détendre devant le premier film de John Landis, qu'on a souvent tendance à occulter de sa filmographie, n'hésitez pas et enclenchez "Schlock" dans votre lecteur DVD ou Blu-Ray. Ce n'est certes pas le film du siècle mais si vous êtes amateur d'absurde et de loufoquerie, ça passe comme une lettre à la poste !

SCHLOCK | SCHLOCK | 1973
SCHLOCK | SCHLOCK | 1973
SCHLOCK | SCHLOCK | 1973

* Disponible en DVD et BR chez CARLOTTA

LE BR :
Avec une nouvelle restauration 4K approuvée par John Landis lui-même, Schlock débarque pour la première fois en BR (et DVD) chez Carlotta qui nous propose donc une copie assez bluffante, avec un beau grain cinéma. N'ayant jamais vu le film auparavant, c'est avec une bien belle image que j'ai donc pu le découvrir. Le film est proposé en VF ou VOSTF. Parmi les bonus, on trouve une interview de 41 minutes de John Landis qui revient sur les débuts de sa carrière et sur comment il a été amené à réalisé Schlock. Une interview passionnante et dans laquelle Landis clame son amour de Massacre à la Tronçonneuse de Tobe Hooper ! Ce dernier étant le film préféré de votre serviteur, je ne peux donc que vénérer John Landis ! Autre bonus, une courte interview de Bob Collins, directeur de la photographie (8 min.) Ensuite, John Landis commente la bande-annonce remontée de Schlock, qui devient pour l'occasion Banana Monster ! Des bandes-annonces et sports radio, ainsi qu'un commentaire audio de Landis et Baker viennent compléter cette bien belle édition qui va permettre à Schlock de retrouver une seconde jeunesse et de sortir de l'oubli.

Note
4
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Stéphane Erbisti