Revolte au penitencier de filles
Emanuelle fuga dall'inferno
Le vilain petit Bruno Mattei a encore mis ses mains sur une caméra. Cette fois encore ce film est difficilement identifiable pour la simple raison qu'il est connu sous 7 titres différents.
Emanuelle est prisonnière d'un pénitencier où seule la plus forte saurait survivre. Entre les écrouées vicieuses et coriaces et les gardiennes qui ne valent pas mieux, la vie se paye cher au sein de cette institution.
Une inflation considérable va avoir lieu à l'arrivée d'une bande de quatre malfrats échappés à la vigilance de la police lors d'un transfert de prison. Parmi eux, l'ignoble The Blade, un psychopathe obsédé par les lames de rasoirs et les nuques de jeunes femmes (deux ingrédients qui n'ont jamais fait bon ménage). Va alors commencer un siège de la prison où trois forces s'affrontent : les nouveaux venus, les jeunes femmes et les forces de l'ordre.
Voici la suite officieuse de "Pénitencier de femmes", précédente prétention de Bruno Mattei dans le monde du Women In Prison (W.I.P. pour les intimes). Force est de constater que le prince de la série Z, du film patchwork, du rafistolage de celluloïd, se débrouille à peu près bien pour mettre en scène cette prise d'otage particulièrement musclée. En fait une première partie de Women's Prison Massacre repose uniquement sur les affrontements entre les prisonnières. Bien sûr, comme il est de coutume dans de tels films, les scènes d'humiliation et de sévices par les gardiennes sont légions, de même que les scènes de douche ou de nu d'une façon générale.
Tout cela présenté de façon "épurée", sans aucune fioriture non plus que de réelle velléité artistique. Le but étant ce qu'il est – montrer des corps de femme, nus et luttant pour leur survie – le produit final n'est guère plus que de l'exploitation dans la plus pure tradition. Chaque scène, chaque plan, a un but purement utilitaire, il dessert un cahier des charges bien précis : il faut occuper le spectateur durant 90 minutes avec des seins et de la violence.
Mattei ira même jusqu'à offrir au spectateur l'incontournable scène d'amour lesbien sur un lavabo des douches communes… qui bien sûr se terminera en punition des deux contrevenantes au règlement intérieur : pas de plaisir..
Cependant le film ne se suffisait donc pas à lui même ; Bruno Mattei parachute donc une bande de gueules cassées tout juste échappées au contrôle de la police, tout droit dans le pénitencier. Les malfaiteurs vont donc prendre en otage la prison et l'utiliser pour se ménager une porte de sortie au frais du contribuable.
Le groupe de psychopathes ne servira en fait que de prétexte à nous montrer de nouvelles barbaries : viols des prisonnières comme des gardiennes, coups fourrés, tir à bout portant sur des sujets en uniformes… "Révolte au pénitencier de filles" fait ainsi un pas en avant dans le gore, la violence gratuite et la perversion. Ainsi chacun des gangsters se laissera guider par ses obsessions une fois arrivé dans la prison. Pour la majorité cela se soldera par des viols.
S'il ne révolutionne à aucun moment le genre (Bruno Mattei oblige), Emanuelle fuga dall'inferno demeure très correcte, et réussit pleinement son but : divertir le spectateur. Cela n'empêchera pourtant pas le bonhomme de signer, non pas de son nom, mais du pseudonyme très francophone, Gilbert Roussel. Probablement pour profiter encore plus du succès de la série érotique française "Emanuelle". En effet "Révolte au pénitencier de Filles" est trompeusement rattaché par son titre à la célèbre série dans trois pays au moins (l'Italie, l'Angleterre et les U.S.A.). Mais les liens ne s'arrêtent pas là, puisque l'actrice principale apparaît (pas toujours dans le rôle principal) dans nombre de déclinaison de la série originale, chacune plus ou moins officieuse ("Emanuelle et les derniers cannibales", "Black Emanuelle"…).
Encore une astuce pour vendre son film, sacré Bruno !
* Le film est aussi connu sous les noms de :
- Blade Violent
- Emanuelle Escapes From Hell
- Emanuelle in Prison
- Violenti, I
- Women's Prison Massacre
* Edité en DVD zone 1 par EI Independent Cinema
http://www.eicinema.com