Affiche française
PURGATORY | PURGATORY | 2006
Affiche originale
PURGATORY | PURGATORY | 2006
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Purgatory

Purgatory

Parfois, quinze minutes suffisent à un réalisateur talentueux pour convaincre son public, et le rallier à sa cause. C'est précisément ce que le Québécois Eric Falardeau fait au travers de Purgatory.

L'histoire est simple, simpliste diront certains : un homme est confronté à son purgatoire. Entre hallucination, souffrance et remise en question, le personnage principal, qui n'a donc pas de nom, sera violemment malmené tout au long de ce sublime court métrage.
Dans la bouche du réalisateur "Purgatory est un métrage atmosphérique traitant de la haine de soi, au travers d'automutilations graphiques, d'un homme devant faire face à son propre purgatoire." Nul besoin d'en dire plus, Eric Falardeau résume là, d'une phrase, son court métrage.

PURGATORY | PURGATORY | 2006

Il s'agit là pour le réalisateur Québécois de son second métrage. Le précédent, "La petite Mort" présageait déjà le talent du réalisateur puisqu'il obtint le prix du Meilleur réalisateur, et Meilleur Film d'Horreur à l'édition 2006 du festival SPASM.

Purgatory a mûri pendant près de 5 ans, avant de pouvoir enfin être vu par le public, ce pour notre plus grand plaisir. En effet, Purgatory est une sacrée claque dans la face. Une de celle dont seul le cinéma indépendant est encore capable. Il ne fait aucun doute que le réalisateur Québécois a mis ses tripes dans ses courts métrages. Le résultat est malsain et viscéral, et comme bien souvent, outrageusement poétique. .

Filmé dans la cave d'un vidéoclub de la rue Sainte-Catherine à Montréal, Purgatory est génialement poisseux. L'environnement délabré reflète la psychologie du personnage, sa dérive psychologique autant que physique. C'est donc sans surprise que le spectateur assiste à de longues scènes d'automutilations, halluciné. Le grain du 8mm contribue à rendre l'atmosphère pesante, agressive même et reflète elle aussi l'état physique du personnage. La bande, représente le corps du métrage, son expression physique, en ce qu'elle a de délabré. Le 8mm offre effectivement un grain sale, et une image aux couleurs difformes, à l'image imparfaite, à l'image de l'acteur qui se mutile, se détruit.
Effectivement, le choix du réalisateur pour le 8mm est parfaitement délibéré, et n'intervient aucunement pour des contraintes matérielles et budgétaire. "Le film y gagne beaucoup avec cette image glauque, poussiéreuse et instable, cela fait penser à un snuff et aux grands classiques de l'horreur.".

L'environnement sonore joue lui aussi un rôle de premier plan dans l'immersion du spectateur. Là, tout s'est passé en post production puisque le tournage a été fait principalement sans aucun son. L'intention du réalisateur était d'obtenir "une bande son la plus proche possible de ce qui se déroule à l'écran." Ainsi, grâce à des borborygmes et autres bruits humides, la bande sonore à elle seule nous happe pour mieux nous digérer.
Comme un chuchotement à l'oreille, c'est de façon intimiste que nous est communiquée la douleur et l'égarement du seul et unique protagoniste. Seuls sont présents ces bruits, aucun dialogue ne vient perturber l'atmosphère. De toutes façons ils seraient inutiles, et amoindriraient l'impact du métrage tant les images parlent d'elles-mêmes.
La musique qui accompagne le tout est minimaliste, et convient donc parfaitement à ce court. Une symbiose parfaite entre image et son donc.

Je m'abstiendrais de faire une biographie du jeune réalisateur québécois. Sachez juste qu'il a fait ce film avec ses tripes, au sens figuré certes, mais aussi au sens propre. En effet, Purgatory est autoproduit et autofinancé, un bel effort d'indépendantisme total. Sachez aussi qu'il écrit en ce moment même son premier long métrage. Souhaitons lui donc bonne chance, gageons que ce sera une réussite artistique et espérons, un succès auprès de son public.

PURGATORY | PURGATORY | 2006
PURGATORY | PURGATORY | 2006
PURGATORY | PURGATORY | 2006

* Un grand merci à Eric Falardeau et aux productions OUTOFNOWHERE pour avoir permis cette critique.

Note
5
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Colin Vettier