Pandémie : 13 histoires de vie

Pandemic anthology

Au cours des premiers mois de la quarantaine mondiale due au COVID-19 et face à l'incertitude croissante quant à l'avenir, le Fantaspoa Film Festival (le plus gros festival de films de genre d’Amérique Latine) a lancé un concours pour les cinéastes du monde entier afin de créer et de diffuser leurs histoires liées à la pandémie chez eux, avec les ressources dont ils disposaient. Cette anthologie rassemble ainsi les 13 courts métrages les plus représentatifs et les plus créatifs produits, capturant ce moment dans le temps qui, si l'humanité a de la chance, ne devrait jamais se répéter ! Mais bon, on parle bien évidemment au conditionnel…

Pandémie : 13 histoires de vie | Pandemic anthology – The | 2022

L'AVIS :

Si les courts de Pandémie : 13 histoires de vie vu le contexte de leur création en 2020 prennent forcément une tournure dystopique, ils ne se contentent toutefois pas de noyer le spectateur sous une avalanche de récits déprimants tous plus horribles les uns que les autres. Ainsi, certains segments se concentrent sur la dépression associée à l'isolement ou à la perte, certains invoquent même l'humour en choisissant des narrateurs improbables ou bien alors présentent une approche satirique du matériel, tandis que d'autres réalisateurs montrent quelque chose de complètement différent. Certes, la tension et la peur existent tout au long de l’anthologie, mais le déroulement général du film laisse espérer un meilleur avenir pour le cinéma. En effet, même lorsqu'ils possèdent des accessoires, des décors et des contacts humains limités, les amateurs d'horreur trouvent toujours un moyen de produire leur art et les histoires montrées ici représentent l'ingéniosité et la créativité trouvées dans le genre.

On commencera ainsi notre périple mondial avec Endless quarantine (« Quarantaine sans fin ») et ses deux amants devant faire face aux problèmes de leur relation alors qu'ils sont séparés par le confinement. Ce court brésilien ne présente que peu d’intérêt avec cette jeune femme qui pète un câble et descend dans la rue tout en discutant encore avec son mec en ligne car elle n’en peut plus d’être isolée, à ses risques et périls…

On poursuit avec The last day (« Le dernier jour ») dans lequel deux adolescents à qui l'on annonce par radio que le confinement est terminé, décident de sortir et de grimper sur le toit de leur immeuble. Cette brève histoire en provenance d’Uruguay ne vaut que pour ce que les gamins vont rencontrer au sommet de leur bâtiment et qui est complètement inattendu !

Le voyage continue avec Stupidemic (jonction des deux mots « Stupide » et « Epidémie »), court brésilien dans lequel un couple doit faire face à la propagation de l'infection via Internet. Mal joué, mal filmé, acteurs pas très beaux, non vraiment voir une fille se battre avec son mec contaminé dans leur appartement était un vrai calvaire, au suivant et vite !

C’est au tour de l’argentin Baldomero de prendre le relais avec le récit comique d’une femme qui rencontre enfin l'homme de ses rêves sur Internet, mais ne réalise pas qui il est vraiment. Et nous, on le saura à la toute fin, bien surprenante mais imprévisible donc très sympa !

Puis, dans Jerome : A Christmas Carol (« Jerôme : un chant de Noël »), un chat solitaire affamé a recourt à des méthodes peu orthodoxes pour se nourrir. Superbe segment brésilien dans lequel un matou malicieux fera des messes noires pour avoir des copains et plus de bouffe !

L’argentin Hatching out (« Eclosion ») montre, peu de temps après, un quatuor concentré sur ce qu'il veut faire une fois le confinement terminé mais qui devra faire face à un animal mystérieux dans les environs. Bordélique, incompréhensible et conceptuel, voilà ce qu’on retiendra de ce récit misérable avec son pigeon, son mec fou et sa yogiste amatrice de stupéfiants en pleine lévitation !

Avec Stain on the wall (« Tache sur le mur ») on se téléporte ensuite au Brésil avec une femme recluse qui semble avoir des visions à propos d'une tache de forme humaine sur son mur et qui ne cesse d'apparaître et de disparaître. Vraiment pas mal ce court sur la paranoïa dans lequel la solitude devient une entité incarnée qui prive une femme de son sommeil et de sa santé mentale ! Et la fin, même si elle est prévisible, fait froid dans le dos !

Dans Macabre hide and seek (« Cache-cache macabre »), on est toujours au Brésil avec un homme esseulé accomplissant une sorte de rituel sur un baigneur reçu par colis. Inintéressant au possible, mal fait, poupée tueuse résistante mais risible car actionnée par l’acteur principal, non vraiment, on n’y croit pas une seconde, on passe donc allégrement notre tour !

Ah, on fait enfin un petit crochet en dehors de l’Amérique Latine, ici aux Etats-Unis, avec Roach (« Cafard ») décrivant le quotidien d’un type en pleine pandémie mettant en vente des articles essentiels sur un site de ventes aux enchères en ligne, mais qui tombe sur un enchérisseur indésirable. Ou comment le gars vendant du papier toilette ultra cher sur le Net va se faire repérer par des gars du Darkweb et va le regretter amèrement ! Belle morale pour ce court en noir et blanc somme toute sympathique, mais pas non plus inoubliable car filmé bizarrement avec des effets de caméra peu courants !

Retour chez les brésiliens avec Sometimes she comes back (« Parfois elle revient ») dans lequel une jeune femme s’occupe de l’infection de sa sœur ou de sa meilleure amie, peu importe ! Communiquant via une appli au péril de leur vie, l’avenir de ces filles nous indiffère tellement c’est plat, déjà-vu et pitoyable, au-revoir !

Arrive ensuite un court en provenance du Royaume-Uni s’il vous plait, le bien nommé Unearthed (« Déterminé »), racontant l’histoire d’un quadragénaire qui trouve des bandes magnétiques audio dans un sous-sol pendant qu’il fait des travaux et qui prend le risque de les écouter… Vous vous doutez bien qu’il n’aurait jamais dû récupérer ces bobines enfouies et qu’il aurait dû se limiter à sa simple activité de bricolage domestique, mais bon c’était plus fort que lui cette curiosité ! Et il va forcément le déplorer, mais pas nous car on va assurément apprécier ce qui lui arrivera ! Bien fait !

On revient, pour la suite des festivités, dans la patrie des « auriverde » avec Psychopompo (« Psychopompe » étant, en mythologie, un adjectif désignant un dieu accompagnant l’âme des morts vers leur dernière demeure) où un ingénieur du son surveille diverses transmissions audio. Voir un gars qui enregistre des bruits pour le montage d’un film et qui semble percevoir un son en provenance d’une divinité égyptienne n’était follement pas incroyable, mais heureusement, c’était assez succinct !

On conclura cette anthologie avec le court-métrage chypriote Strain roulette (« Roulette souche ») où un groupe d'amis joue à un jeu de médias sociaux en ligne appelé « Strain roulette » et dans lequel ils ont cinq minutes pour déterminer qui a le virus. Comme pour le segment précédant, voir quatre amis jouer via un écran splitté à un soi-disant jeu de contamination non mortel n’était vraiment pas folichon et ce court n’aura vraiment d’original que la nationalité de son réalisateur !

Notons qu’une version plus longue de Pandémie : 13 histoires de vie diffusée sur Amazon Prime Video en octobre 2022 existe avec l’ajout d’un court non visionné par votre serviteur au moment de sa critique. Ce segment qui s’intitule Disneyloka 2023 est toujours réalisé au Brésil et narre les mésaventures d’un homme qui, à travers sa collection de films et de souvenirs de quatre pandémies ayant décimé une bonne partie de la population mondiale, fait le point sur sa vie…

L’idée derrière Pandémie : 13 histoires de vie est noble : raconter de petites histoires se concentrant sur des thèmes particuliers fortement liés à la vie en quarantaine qui fut mondiale suite à la soudaineté du COVID-19. Ainsi, tous les courts-métrages couvrent différents aspects de la dépendance à la technologie, de la séparation d'avec ses proches, de l’isolement ou de la cohabitation forcée qui en résultent et de l'incertitude quant à l'avenir, mais chacun apporte une approche différente du sujet. Toutefois, comme dans tous les films anthologiques d’horreur, c’est inégal d’un segment à l’autre et forcément, sur 13 récits, certains seront assurément moins bons que d’autres car soit la fin est bâclée, soit c’est du déjà-vu ou bien alors c’est inintéressant. On regrettera également que tous les pays ne soient pas représentés dans ce film omnibus car hormis un court en provenance de Chypre, un du Royaume-Uni et un autre des Etats-Unis, tous les autres viennent d’Amérique du Sud et notamment du Brésil. Difficile donc de se faire une vision globale d’un phénomène censé être mondial ! Au titre des réussites cependant, on retiendra tout de même quatre courts sur l’ensemble : « Baldomero », « Jérôme : A Christmas Carol », « Stain on the wall », puis « Unhearthed ». En conclusion, c’est bien trop peu pour satisfaire pleinement tout cinéphile de films d’horreur qui se respecte !

Pandémie : 13 histoires de vie | Pandemic anthology – The | 2022
Pandémie : 13 histoires de vie | Pandemic anthology – The | 2022
Pandémie : 13 histoires de vie | Pandemic anthology – The | 2022
Bande-annonce
Note
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Vincent Duménil