MOTHER LAND

NEVER LET GO

June, une mère esseulée, a élevé et protégé ses fils Samuel et Nolan, en les maintenant confinés dans une maison isolée qu'ils ne quittent que pour chasser et chercher de quoi survivre dans la forêt voisine. Les deux garçons, dont un manifeste de plus en plus des envies de bouger ailleurs, sont constamment reliés à leur cabane par une corde que leur génitrice leur demande de ne surtout jamais lâcher sous peine d'être attirés par le « Mal » qui règne sur Terre depuis que le monde a été détruit. Mais un beau jour, la corde est rompue...

MOTHER LAND | NEVER LET GO | 2024

L'AVIS :

Depuis ses premiers pas avec "Furia" et "Haute tension", en passant par ses remakes ou films hommages comme "La colline a des yeux 2006", "Piranha 3D" ou encore "Maniac 2012", Alexandre Aja est devenu le réalisateur français de cinéma de genre ayant le mieux réussi à s'exporter aux États-Unis et donc un artisan reconnu au-delà de notre cher hexagone. Toutefois, il faut bien admettre que ça fait pas mal de temps qu'une de ses œuvres ne nous a pas enthousiasmés outre mesure ! Certes, La neuvième vie de Louis Drax, "Crawl" et Oxygène se sont révélés assez sympathiques, mais pas non plus incontournables, contrairement à "Horns", son dernier bon long-métrage... datant déjà de 2013 ! Mother Land allait-il donc inverser cette tendance et redorer le blason du fils d’Alexandre Arcady à la ville ?

Malheureusement non car Mother Land (aka Never Let Go en version originale, titre un peu moins parlant, quoique…) n’est rien d’autre qu’un thriller paranoïaque, pseudo huis clos puisque celui-ci se déroule presque intégralement aux abords d’une vétuste demeure perdue au beau milieu de la forêt et dans lequel il n’y a pas la moindre frayeur à l’horizon ! C’est bien simple, on a affaire là à un film d’horreur psychologique dont le seul intérêt est de savoir si la mère est folle ou si elle a raison de garder ses enfants quasiment en captivité !

Au début, le film intrigue, puis on s’en désintéresse assez rapidement car c’est tout de même d’un calme sidérant, si bien qu’au bout de la première demi-heure, on commence à s'ennuyer ferme. L’ensemble s’avère malheureusement prévisible et terriblement confus à la fois, voire même ambigu, notamment la fin. Il semblerait que les scénaristes aient manqué de suite dans les idées si bien qu’on est un peu perdu quant au(x) message(s) du métrage. Faut-il voir dans ce film une allégorie sur les traumatismes de la violence psychologique infligée par les parents aux enfants lors de leur éducation ? Pendant qu’on est dans la métaphore, Mother Land ne raconterait-il pas également l’émancipation d’adolescents sur le point de couper le cordon ombilical représenté par la corde, néfaste pour leur santé à la fois mentale et physique ? Fâcheusement, les deux frères ne parviendront pas à répondre véritablement à ces interrogations et si le but de Mother Land était de perdre le spectateur, eh bien c’est réussi !

Pourtant, le décorum sublimé par une photographie magnifique est fascinant, notamment la maison, tout comme la forêt et cette sorte d’ombre semblant tapie aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Les acteurs jouent vraiment bien (Halle Berry comme les deux garçons) bien qu'ils participent tout de même à notre incompréhension et à notre lassitude car même si l’on devine que la mère a de toute évidence été élevée dans un milieu religieux et qu’elle a un passé trouble, tout cela est juste évoqué brièvement sans aucun développement. De plus, la corde (qu'on a déjà vue intervenir dans une mini-série du même nom sortie en 2022, elle-même adaptée du roman éponyme de Stefan aus dem Siepen) est un bon accessoire symbolique pour représenter la protection ou l’emprise de la maman, c’est selon, à l’égard de ses enfants. Mais tout cela est tout de même bien pauvre et n’empêchera pas cette œuvre mineure d’Alexandre Aja de ronronner avec deux, trois jumpscares ne provoquant même pas d’effroi et ce, jusqu’à un final ne cassant pas trois pattes à un canard !

« Inoffensif », voici le premier mot qui vient à l’esprit après le visionnage de ce film ! On aura l’impression d’avoir vu du sous Shyamalan avec un scénario vraiment trop simpliste, des scènes prévisibles et une tension qui diminue progressivement. Certes, les acteurs sont bons, notamment les deux garçons, mais ça ne fait peur à aucun moment ! Il aurait vraiment fallu qu’Alexandre Aja dispose d’un script plus fouillé avec plus de background en ce qui concerne ses protagonistes et un minimum d’explications sur la mère ! Bref, un beau ratage doublé d’une belle déception de la part d’un réalisateur pourtant talentueux !

MOTHER LAND | NEVER LET GO | 2024
MOTHER LAND | NEVER LET GO | 2024
Bande-annonce
Note
2
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Vincent Duménil