Monsters
Monsters
En 2010, des échantillons extra-terrestres sont accidentellement détruits au-dessus du Mexique et très vite une nouvelle forme de vie apparaît, obligeant la mise en quarantaine d'une partie de l'Amérique Centrale jusqu'aux frontières des Etats Unis. Quelques années plus tard, alors que le problème semble s'étendre, un photographe en reportage est contraint de ramener la fille de son patron à travers la zone "contaminée"...
Quand le cinéma indépendant rencontre le grand spectacle, ça peut donner ce "Monsters" ; film clairement fauché qui joue habilement sur l'ambiance pour cacher son petit budget. On navigue donc pendant 1h30 entre le drame intimiste et la SF "Spielbergienne" (on pense notamment à "La Guerre des mondes") avec réussite sans toutefois jamais vraiment savoir quel est le but recherché. On ne peut cependant qu'applaudir devant la mise en place d'une atmosphère originale et délicate dont l'aspect contemplatif est toujours relevé par le style reportage réaliste apporté par une réalisation caméra à l'épaule. Ainsi, malgré son apparente lenteur qui lui confère une touche auteurisante volontaire, le rythme est soutenu tout du long et fonctionne parfaitement. On est donc très loin du "District 9" auquel le film a été bêtement comparé, sans doute uniquement à cause du sous-texte politique pourtant inhérent aux films de SF (apartheid d'un côté, immigration de l'autre) et du confinement des extra-terrestres, éléments qui restent beaucoup plus secondaires dans "Monsters".
On suit donc ce couple de fortune, joliment interprété et attachant pendant un périple qui relève autant du road-movie que du survival. Au premier abord caricatural car reprenant les codes habituels - le journaliste désabusé qui veut son reportage (la touche "action") et la jeune fille un peu perdue qui traine son spleen (la touche "indé") - ces caractères vont se développer petit à petit jusqu'à se confondre totalement. Si le procédé n'est pas nouveau, la manière dont le style du film colle à l'évolution des protagonistes dans un effet de miroir, lui donne ce petit plus nécessaire à la réussite de l'ensemble.
Pas sûr pour autant que "Monsters" convainc totalement son (ses?) public(s) car la tension palpable et le danger latent qui règnent pendant tout le métrage, renforcés évidemment par le fait que l'on ne voit rien des créatures ou presque, créent une attente chez le spectateur, tant au niveau de l'action que de l'horreur. Or force est de constater que le choix poétique inattendu, s'il s'avère appréciable (nous offrant une superbe scène quasi onirique et rapprochant de fait le film d'une œuvre comme "Abyss" jusque dans le visuel extra-terrestre), apporte aussi une certaine frustration. Toutefois, ce parti pris que l'on devine en parti dû au problème budgétaire, est aussi l'atout du film, l'élevant bien au-dessus de la série B classique, de même que le fatalisme que l'on ressentait sur le visage de l'héroïne trouvera sa raison d'être dans le final très noir...
Gareth Edwards signe donc un très sympathique premier film, pas complètement abouti mais suffisamment réussi et maîtrisé pour que l'on suive ses prochaines productions avec intérêt !