Momie : la tombe de l empereur dragon - la
The mummy : tomb of the dragon emperor
Il y a 2 000 ans, l'Empereur Han, surnommé "l'Empereur Dragon", semait la terreur sur les plaines chinoises et anéantissait tous les villages qui se trouvaient sur son passage. Mais après avoir tué le compagnon d'une sorcière, l'ignoble empereur reçut un sort de celle-ci qui les transforma, lui et son armée entière, en statues en terre cuite.
20 siècles plus tard, Alex, le fils de l'aventurier-archéologue Rick O'Connel, découvre le tombeau où sont enfermées les statues en terre cuite et réveille par la même occasion l'Empereur Han qui va alors tenter de percer le secret de l'immortalité et de redonner vie à ses garnisons qui ont été, à elles seules, l'une des plus grosses plaies que l'Asie ait connue. Afin d'empêcher la momie de l'Empereur Han d'arriver à ses fins, Alex va devoir compter sur l'aide de ses parents et de son oncle Jonathan, déjà victorieux à deux reprises des confrontations avec des momies par le passé.
Après le succès de "la momie" de Stephen Sommers ("un cri dans l'océan") en 1999, une suite intitulée "le retour de la momie" avait vu le jour 2 ans plus tard, toujours sous la direction du réalisateur américain. Un deuxième opus certes plus dynamique que le premier mais qui au final avait quelque peu frustré les fans du premier volet qui trouvèrent cet épisode un brin enfantin. Alors que l'on pensait la saga close (notamment suite à la sortie d'un coffret dvds regroupant les deux opus accompagnés d'un autre film, "le roi scorpion", qui formait, avec les deux autres, une sorte de trilogie égyptienne qui semblait satisfaire le public), c'est six ans plus tard que l'on apprend avec surprise la préparation d'un troisième véritable opus de la saga de "la momie" débutée en 1999. Le film sort l'année suivante, soit en 2008, sous le titre "la momie : la tombe de l'Empereur Dragon". Réalisé par Rob Cohen, connu entre autres pour ses films d'action survitaminés ("fast and furious", "xxx"…) mais également pour l'hommage qu'il avait rendu à Bruce Lee dans le brillant "Dragon, l'histoire de Bruce Lee" en 1993, le troisième opus de la saga de "la momie" compte bien se frayer un chemin durant cet été 2008 où bon nombre de films d'action/aventure fantastiques s'accumulent dans les salles obscures ("l'incroyable Hulk", "Le monde de Narnia chapitre 2", "the dark knight, le chevalier noir", "voyage au centre de la terre"…). Voyons donc de plus près ce que vaut réellement cet opus…
Si il y a bien une chose que l'on peut tout de suite dire de "la momie : la tombe de l'Empereur Dragon", c'est que le scénario tranche radicalement avec ses deux aînés. En effet, Stephen Sommers n'est plus aux commandes et cela se sent cruellement lors de la projection du long-métrage de Rob Cohen. Le monsieur est réputé pour ses films d'action visant plus particulièrement les adolescents et le troisième épisode de "la momie" ne fera pas exception. Ainsi, dès le début du film, nous sommes plongés en pleine guerre opposant l'Empereur Han aux peuples qui ont le malheur de se trouver sur son passage. Massacres, pillages, barbarie : le film commence sur les chapeaux de roues et nous narre l'épopée conquérante de l'Empereur Dragon à travers les contrées chinoises jusqu'à ce qu'il reçoive le sort maléfique d'une sorcière qui le transforme en statue en terre cuite. Passé l'introduction, quelques scènes ralentiront un peu le rythme accéléré des premières minutes de film pour ensuite redémarrer tambours battants, dès le réveil de la momie de l'Empereur Han, jusqu'à la fin du film pour ainsi dire. Courses-poursuites, confrontations, face à face, batailles, avalanches, attaques de monstres etc… le film ne semble pas vouloir retrouver une cadence plus tranquille et l'histoire est alors simplifiée à son maximum afin de ne pas gêner les scènes d'action par des dialogues longs et visiblement sans intérêts pour le réalisateur. On nous guide alors d'objectifs en objectifs en conservant le minimum syndical d'informations, le but semblant être de nous en mettre plein les mirettes sans nous faire réfléchir une demie seconde. Des scènes d'action en veux-tu en voilà mais qui pour la plupart s'étendent beaucoup trop en longueur (la faute à une absence de dialogues qui suscite des trous qu'il faut combler?) et perdent cruellement de leur efficacité (je pense plus particulièrement à la scène de course-poursuite en bolides en ville dans la première partie du film).
Certes, les scènes d'action sont pour la plupart réussies (même si les puristes reprocheront peut-être l'apparition des arts martiaux asiatiques dans cet opus) mais un brin de scénario n'aurait pas été de refus pour cette grosse production hollywoodienne qui au final déçoit cruellement pour son histoire au ras des pâquerettes et bien souvent hors sujet vis-à-vis de la saga initiée par Stephen Sommers. En effet, nous n'avons pas l'impression d'avoir affaire ici à une momie mais plutôt à une sorte de méchant issu tout droit des univers Marvel et autres (notre pseudo-momie n'a pas de sarcophage, elle crache du feu, n'a pas de bandelettes…). De même, nous perdons ce qui fait l'une des spécificités des momies : son environnement! Exit l'Egypte et ses mers de sables qui s'étendent à perte de vue, exit les temples dédiés à diverses figures de la mythologie égyptienne, exit le jaune prépondérant typique des paysages égyptiens (le jeune du sable, le jaune des temples et le jaune du soleil flamboyant)… Même si Rob Cohen a tenu à conserver certains aspects des opus précédents (les pièges dans les temples, les armées de morts vivants, les virées en avion…), le fait d'avoir planté son récit au beau milieu de l'Asie discrédite totalement le mythe de la momie que l'on se fait et renforce un peu plus cette frustration naissante. Ne parlons pas de l'apparition, au beau milieu du long-métrage, de yétis qui ne semblent là que pour donner encore un peu plus d'action au film, le scénario ne tenant de toute façon plus qu'à un fil à ce moment de la pellicule…
Continuons notre analyse en nous penchant sur le casting. C'est avec grand plaisir que l'on se rend compte que certains acteurs sont restés depuis le premier volet : c'est le cas de Brendan Fraser ("Gods and monsters", "radio rebels", "George de la jungle", "endiablé", "Monkeybone", "les Looney Tunes passent à l'action", "voyage au centre de la terre"…) dans le rôle de l'intrépide et attachant explorateur Rick O'Connel ainsi que de John Hannah ("pandemonium", "la dernière légion"…) dans la peau de Jonathan, le beau-frère moqueur et malchanceux de Rick. Alors que l'on est plutôt satisfait de retrouver nos deux acteurs fétiches de la saga, on est par contre déçu quant à leurs interprétations : finies les petites moqueries entre eux deux, finies les réflexions amusantes de Jonathan qui faisaient bien souvent mouche… Même Brendan Fraser n'a plus cette image qu'on lui collait volontiers à la peau : celle d'un aventurier constamment dépassé par les évènements mais qui restait fort attachant malgré tout, un peu à la manière d'un Allan Quatermain. Dans cet opus, Rick O'Connel semble s'être assagi, n'a plus la niaque qu'il avait dans les opus précédents, semble plus "love", plus tendre et donc forcément moins dynamique et moins surprenant. Pire, notre acteur emblématique de la saga de "la momie" ne fait plus rire et peine même à nous faire sourire lors de passages censés être amusants…
Pour jouer le rôle d'Evelyn, la compagne de Rick, l'actrice Rachel Weisz a cette fois-ci cédé sa place à Maria Bello ("payback", "coyote girls", "fenêtre secrète", "a history of violence", "World Trade Center"…), une actrice américaine qui ma fois ne s'en sort pas trop mal même si cette nouvelle Evelyn manque un peu de cette petite touche de fantaisie que l'on aimait tant dans le personnage interprété par Rachel Weisz… Autre grand rôle, celui de l'Empereur Han (l'Empereur Dragon) joué par l'acteur Jet Li que l'on ne présente plus ("l'arme fatale 4", "Roméo doit mourir", "en sursis", "hero", "le baiser mortel du dragon", "Danny the dog"…) : un rôle pas forcément évident à tenir quand on connait principalement l'acteur pour ses rôles de grands timides courageux… Nous sommes bien loin de l'interprétation remarquable d'Arnold Vosloo qui jouait le rôle du terrible Imhotep des deux premiers opus, un rôle fait sur mesure pour l'acteur américain originaire d'Afrique du Sud, ce qui n'est pas le cas de notre pauvre Jet Li qui se retrouve dans la peau d'un sanguinaire Empereur prêt à tout pour conquérir de nouvelles provinces…
Un Jet Li peu convaincant dans son rôle de brute, une Rachel Weisz manquant à l'appel, un Brendan Fraser et un John Hannah pas au meilleur de leurs formes : tout semble aller pour le pire pour cet épisode de la saga de "la momie"…
Ne restons cependant pas négatifs et notons toutefois certains bons points et notamment les quelques paysages asiatiques assez dépaysant reconnaissons-le (la muraille, les rizières, les champs d'orge…) et également ce qui restera la pièce majeure de cet épisode : les effets visuels! Car s'il y a bien une chose qui sauve peut-être le film de la noyade, c'est bien les effets spéciaux dont certains sont de toute beauté (les transformations de l'Empereur en monstres dont un dragon à trois têtes ; la modélisation des yétis, la course-poursuite en ville, les squelettes guerriers…). Retenons plus particulièrement la séquence où l'on voit les squelettes reprendre vie sous terre ainsi que celle où ils avancent à grands pas sur le champ de bataille, à la manière d'un certain "evil dead 3". L'occasion pour Rob Cohen de réintégrer certains éléments du premier opus qui avaient fait mouche auprès du public, c'est le cas des maladresses des squelettes qui se détruisent entre eux involontairement, peut-être la scène la plus amusante du film, bien que cela reste du déjà-vu du premier volet.
On est également ravi que la musique n'ait pas trop changé : celle-ci colle parfaitement avec les différentes ambiances du film. Une musique que l'on pourrait parfois apparenter à celle des "Indiana Jones" : un petit côté aventure donné par des airs de violons et de pianos, avec tout ce qu'il faut comme instruments à percussions pour donner le rythme des batailles et autres scènes de combats.
En résumé, ce troisième opus de la saga de "la momie", bien qu'il présente d'indéniables qualités visuelles, sombre lamentablement dans la facilité et la simplicité. La faute à un scénario bien trop peu fignolé et pourvu d'incohérences des plus étonnantes (mention spéciale à cette fausse momie et à ces yétis qui viennent d'on ne sait où…) mais également à un trop plein de scènes d'action qui s'étendent bien trop souvent en longueur et qui deviennent vite ennuyeuses et n'apportent au final que peu de réjouissances…
"La momie : la tombe de l'Empereur Dragon" se voulait un pur produit de divertissement? Je doute même qu'il en soit un… Les plus jeunes trouveront certainement beaucoup de plaisir à voir des cascades et des courses-poursuites à tout va, mais les autres préfèreront passer leur chemin...
Une déception, pas d'autre mot.