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Maison des pleurs - la
Maison des pleurs - la
Quand Éléonore, Damien et Esther emménagent dans leur nouvelle maison, inondée deux ans plus tôt, ils aspirent à un nouveau départ. Mais c’est sans compter sur les disputes. Les comportements étranges. Les phénomènes inexplicables. La disparition. Et ces pleurs... Ces pleurs constants...
L'AVIS :
Suite à ma rencontre de l'autrice Meg Maine au Frissons Festival de Reims, j'ai acheté son premier roman, La Maison des Pleurs, histoire de découvrir son univers. Logiquement, on a affaire à une histoire de maison hantée et de fantômes. Un genre déjà pas mal balisé, notamment avec le Maison Hantée de Shirley Jackson publié en 1959 et qui a servi de base à l'excellent film de Robert Wise, "La maison du diable". Voyons donc ce que La Maison des Pleurs a dans le ventre.
Comme je ne suis pas écrivain, je vais couper court au suspense : j'ai adoré ! Énorme coup de cœur. Je mets néanmoins en garde les amateurs de purs romans fantastiques à base de spectres et autres poltergeist: le roman de Meg Maine joue avec le fantastique par petites touches subtiles, ciselées mais ce n'est pas l'élément principal du récit. Il intervient de façon presque anodine dans la vie des personnages, interfère avec eux, bouleverse leur perception et leur existence, certes, mais sans jamais être tape-à-l'oeil. Pas de scènes gores ici, on est dans un fantastique feutré, à l'image de ces pleurs qui résonnent dans la maison et dont on veut connaître l'origine.
Tel Stephen King, Meg Maine place donc du fantastique dans la vie quotidienne de ses personnages. Mais c'est bel et bien de ses personnages dont elle se préoccupe le plus. Et là, elle frappe fort parce que leur développement est vraiment travaillé et il est impossible de ne pas se sentir proche d'eux. On ressent une réelle empathie pour Eléonore et surtout pour la petite Esther, 8 ans, une petite fille qui va se retrouver eu centre des tensions qui naissent entre ses deux parents. Ce qui provoquera bien des émotions chez le lecteur quand il arrivera vers les derniers chapitres, particulièrement éprouvant dans ce qu'ils décrivent.
La grande force de ce premier roman est donc d'avoir réussi la tâche difficile de créer des personnages auxquels on croit, auxquels on peut s'identifier, des personnages qui nous font vivre des émotions, nous mettent mal à l'aise, des personnages qu'on voudrait aider à surmonter ces épreuves, tout simplement. Les drames auxquels ils vont être confrontés provoquent de véritables remous en notre for intérieur, remous amplifiés par l'écriture de l'autrice, qui peut paraître simple de prime abord mais qui est diablement efficace de par sa fluidité, ses choix de mots, ses structures de phrase, sa narration même, qui nous plongent dans une totale immersion au sein de ce drame familial bouleversant et déchirant.
Un drame familial qui résonne longtemps en nous après avoir lu le mot Fin et qui, cerise sur le gâteau, se pare donc d'éléments fantastiques qui parviennent à créer une atmosphère suffocante et inquiétante lors de certaines scènes stressantes. Bien sûr, les amateurs de cinéma fantastique verront quelques titres de films leur venir en tête au niveau des possibles inspirations de l'autrice. Moi j'en ai vu trois ou quatre au fil de ma lecture, des films que je ne citerai pas ici afin de ne pas vous mettre sur la voie et vous gâcher le plaisir. Reste que, même avec mes propres intuitions cinéphiliques, j'ai été surpris par le dénouement final, dont je n'avais deviné que quelques éléments.
La présence d'une double temporalité (avant et maintenant), nous présentant les événements et le pourquoi ils se sont développés au sein de la famille, est un excellent choix narratif, qui amplifie notre ressenti et notre immersion au sein de l'intrigue.
En ce qui me concerne, La Maison des Pleurs m'a réellement touché, a fait vibrer ma corde sensible, m'a happé sans difficulté aucune, les pages s'enfilant comme des perles, l'écriture était vraiment très addictive. Et malgré la noirceur des événements qui frappent cette famille, on y trouve de nombreux passages émouvants, voire même poétiques.
Une bien belle réussite donc pour ce premier roman, dont on espère qu'il ne sera pas le dernier. Une fois que j'aurai terminé les autres livres d'auteurs et d'autrices croisés au Frissons Festival, je m'empresserai d'acquérir les deux recueils de nouvelles horrifiques de Meg Maine, ça c'est certain ! En tout cas, n'hésitez pas à vous procurer La Maison des Pleurs, émotions +++ garanties !