intruders

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L’espagnol Juan et l’anglaise Mia sont deux enfants qui a priori ne vivent pas au même endroit, quant à l’époque, on ne sait pas. Pourtant, chaque nuit et dans leur chambre, tous deux sont régulièrement en proie aux visites d’un individu encapuchonné qui semble sans visage. Les venues de cette présence quasi spectrale se font de plus en plus fréquentes et violentes, comme si cette ombre terrifiante cherchait à prendre possession de leur être. Est-ce que ces apparitions sont le fruit de l’imagination débordante des enfants ? Ou bien est-ce qu’une entité malfaisante cherche à leur nuire ?

INTRUDERS | INTRUDERS | 2011

Juan Carlos Fresnadillo, réalisateur des très bons "Intacto" et "28 semaines plus tard" nous revient ici avec un film d'épouvante sur les terreurs nocturnes. Avec Intruders, le réalisateur ibérique titille les meurtrissures de l'enfance (la crainte de l’obscurité et la prégnance des contres pour enfants dans leur quotidien, notamment) pour les muer en peurs monstrueuses. Et elles sont sacrément coriaces les bougresses ! A vous empêcher de fermer l'œil de la nuit et à vous laisser des méga cernes sous les yeux au réveil ! Et ces frayeurs sont ici provoquées par le Hollow Face, un nouveau venu chez les croquemitaines, vague cousin germain de Freddy Krueger, l’humour cynique en moins. Ainsi, se déroulant dans deux lieux distincts (Londres et Madrid), Intruders alterne assez adroitement deux histoires comparables qui n’ont, au premier abord, aucun lien entre elles et dans lesquelles le même « monstre nocturne » hante les nuits de deux enfants. D'un côté on a un petit garçon aimant bien se raconter des histoires effrayantes qui voit cette ombre terrifiante pénétrer chaque nuit dans sa chambre, et de l'autre, une jeune fille un peu plus âgée, férue de lecture et d'écriture, qui lutte elle aussi contre le même monstre dans des cauchemars de plus en plus récurrents. Seul point commun aux deux histoires : un parent protecteur (la maman pour Juan et le papa pour Mia) bien présent et cherchant par tous moyens à éradiquer ce qui trouble autant le sommeil de sa descendance.

Si la trame narrative et l'histoire en elle-même sont déjà vues, Fresnadillo, en tant que bon artisan du cinéma de genre, joue adroitement de son montage en alternance pour raconter parallèlement deux histoires finalement très différentes en utilisant nos peurs primales les plus enfouies : celle du noir, une fois la lampe de chevet éteinte et celle des contes pour enfants détenant toujours une part de vérité. Sa mise en scène, plutôt habile dans les épisodes de nuit, ne verse jamais dans la facilité des films d'horreur standards et pourrait surprendre…à condition de ne pas avoir visionné de films fantastiques depuis une vingtaine d’années ! En effet, malgré une bonne dose de volonté, Intruders ne fonctionne pas. Qu’il marie ainsi les influences cinématographiques hispaniques et britanniques, le film peine à s’imposer à chacun de ses essais. La peur, devant quand même être au centre du récit, est ici aux abonnés absents pour le spectateur. Juan Carlos Fresnadillo s’enlise avec un scénario instable qui à du mal à démarrer et dont la construction désoriente le spectateur. On aurait ainsi aimé ressentir un peu plus d'intensité au travers de ces cauchemars éveillés et autres visions imaginaires devenus répétitifs et finalement sans grand intérêt. Et quand vient la révélation finale, on ne peut pas vraiment dire que Intruders fait dans l’originalité. Car, même sans rien savoir du twist ultime, il faut quand même y mettre de la mauvaise volonté pour ne pas comprendre de quoi il en retourne et quel est le lien – au-delà du monstre – qui réunit les deux intrigues ou alors il ne faut jamais avoir vu de film d’horreur de sa vie ! D’ailleurs, il s’agit ici plus d’un thriller que d’un film d’épouvante contrairement à ce que les distributeurs ont essayé de nous vendre…

Ainsi, d’aucuns pourraient éprouver un sentiment d’ennui dès la mise en place des intrigues parallèles dans la mesure où les scènes soi-disant horrifiques qui scandent le récit sont loin de faire peur hormis un ou deux passages. En revanche, on peut frissonner d’effroi quant à ce monstre sans forme ni visage qui emplit l'esprit des enfants (et des grands…) le jour et hante leurs nuits au point de ne leur laisser aucun repos et/ou répit. En ce sens, le Hollow Face est alors vraiment très bien fichu, dommage que son exploitation sur pellicule soit moindre.

Niveau casting, c’est assez inégal. On a Clive Owen ("Les fils de l’homme"), qui, comme très souvent est impeccable dans son rôle de père angoissé pour sa progéniture, puis de jeunes acteurs incarnant les enfants fragilisés par l’apparition soudaine d’un fantôme venant les hanter tous les soirs, étant également très bons, notamment Ella Purnell, très convaincante en Mia, arrivant juste par son regard à transmettre toutes ses craintes. En revanche, pour le reste, Carice Van Houten ("Black Book", "Black Death"), Kerry Fox ("La sagesse des crocodiles") ou encore Daniel Brühl ("Inglorious Basterds") sont sous-exploités au possible car manquant cruellement de relief et de background suffisant. Pour ainsi dire, leurs interprétations (une mère, une psy et un prêtre) ne resteront pas dans les mémoires des cinéphiles, sauf peut-être celle de la belle Carice dont on aperçoit brièvement la paire de seins, et encore…

Ainsi, Fresnadillo, sans renouer avec le savoir-faire de ses films précédents, nous pond un métrage plutôt classique dans sa facture, en même temps qu’il s’amuse avec les peurs enfantines et ce, de façon relativement correcte pour ceux qui ne sont pas difficiles. Mais même s'il a pris le parti d’éviter de basculer dans l'épouvante, Intruders contient trop peu de moments de tension à faire froid dans le dos et ne parvient donc pas à maintenir en haleine malgré son assez oppressante mise en scène de nuit. De fait, là où "Insidious" (finalement pas assez reconnu à sa juste valeur…) distillait un suspense terrifiant et une terreur progressive, le film de Juan Carlos Fresnadillo s'enlise avec un script balourd et finalement trop conventionnel pour les initiés. Et au milieu de tout cela, on a un casting en pilotage automatique avec certains acteurs qui surnagent et d’autres qui flottent à peine… Bref, une déception !

INTRUDERS | INTRUDERS | 2011
INTRUDERS | INTRUDERS | 2011
INTRUDERS | INTRUDERS | 2011
Note
2
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Vincent Duménil