Vore gore

Vore gore

De nombreuses phobies et fétiches ont été explorés et utilisés comme catalyseurs dans d'innombrables films d'horreur au fil des ans. Un nombre surprenant de personnes dans le monde souffrent d'une phobie ou s'adonnent, généralement en secret, à un fétiche qui répond à un certain besoin chez elles. Pour la toute première fois, le film d'horreur, Vore Gore, va mener une exploration sans faille dans le monde de la vorarephilia, ou vore pour faire court. Qu'est-ce que vore, demandez-vous? Eh bien, c'est une paraphilie rare à travers laquelle quelqu'un éprouve une excitation unique en s'imaginant manger ou être mangé par un autre être humain. Voici 8 sketchs qui mettent en lumière cette curieuse paraphilie...

Vore gore | Vore gore | 2020

L'AVIS :

C'est sous l'impulsion du talentueux réalisateur italien Domiziano Cristopharo que le projet Vore Gore s'est créé. L'idée est simple : Domiziano a invité ses amis réalisateurs spécialisés dans le cinéma underground ou extrême a imaginer des segments d'un film à sketch traitant de la voraphilie. On le sait, le souci principal des films à sketch, c'est que bien souvent, les divers segments ne sont pas de la même qualité et que l'ensemble a du mal à être homogène. C'était déjà le cas dans les années 70 avec les films à sketch de la firme Amicus par exemple et même le cinéma extrême n'y échappe pas, avec des anthologies comme "XXX : Dark Web" ou "XXX : Deep Web", qui proposent des segments de qualité et d'intérêt divers et variés. Et ce sera encore le cas avec Vore Gore, réalisé en 2020. Au menu, 8 segments et un fil conducteur en la personne d'une bouche maquillée de différente façon, qui vient nous annoncer le titre des sketchs proposés, un peu à la manière de la bouche du "Rocky Horror Picture Show" ! Ce fil conducteur est baptisé Mouth et a été mis en scène par Mikel Balerdi, le réalisateur de "Larva Mental".

La première histoire s'intitule Sweet as Honey (doux comme du miel) et on la doit à Emanuele Marchetto. Elle nous présente un apiculteur qui vient étudier ses ruches, place une abeille dans un bocal contenant un frelon puis s’imagine en train d’être dévoré par son propre double. Sympa, avec quelques effets sanglants à se mettre sous la dent. Le second segment se nomme Finger Licking Good et il est réalisé par Lorenzo Zanoni. C'est l'un des meilleurs segments de cette anthologie. On y suit un jeune garçon qui, après avoir vu des vidéos pornos montrant l’intimité d’un sexe féminin, se lance dans une frénésie corporelle destructrice, se prélevant un globe oculaire à la petite cuillère, mangeant deux de ses doigts, se coupant la langue avant de se couper l’intégralité de son appareil reproducteur. Il s’attaque ensuite à ses dents qu’il casse à l’aide d’une fourchette ! Gore et trash avec des images vraiment dégueulasses et répulsives. Beurk ! Le troisième segment, intitulé Please, not in my mouth, est mis en scène par une femme, Poison Rouge. Dans celui-ci, une femme prend son bain et écoute de la musique métal extrême, ce qui provoque en elle des visions. Elle se voit torturant et mutilant un homme à l’aide d’un tournevis. La fiction rejoint la réalité, du sang envahit l’eau du bain et elle tient dans sa main la langue de sa victime pour de vrai, qu'elle va acheminer vers son entrecuisse. Original et intéressant. Quatrième segment : Italian Ladies do it Better d'Irène Jones Baruffetti. Une très bonne histoire et une réalisation qui tient la route, avec cette dessinatrice de mode amateur qui reçoit l’appel d’une maison prestigieuse dans ce domaine lui demandant si elle peut créer un modèle issu de son imagination afin de voir si elle correspond vraiment à l’emploi recherché. En préparant sa machine à coudre, elle se coud malencontreusement deux doigts suite à une mauvaise manipulation. Une fois la robe terminée, elle envoie la photo au patron de la maison de couture mais celui-ci ne trouve pas le modèle à la hauteur et il demande une nouvelle création plus surprenante, qui reflète la personnalité de la couturière. Chaque nouvelle robe ne reçoit pas l’aval du patron et malgré ses efforts, elle n’obtient pas le job. Elle sombre alors dans la folie, ce qui va lui permettre de créer la robe ultime. Très sympa, bien interprété, avec un final efficace et original.

Histoire suivante : Infernal Gluttony 2 de Patrick Fortin. Du gore pur jus ici, avec ce cannibale qui dévore avidement des morceaux de chair humaine divers et variés avant de se dévorer lui-même (entrailles, pieds, mains, nez, peau du visage et même ses yeux, tout y passe...) Très fun et répugnant, avec des effets gores qui nous rappelle ceux du premier "Evil Dead", en plus bricolé quand même ! Mais les amateurs de barbaque et de tripailles apprécieront. Sixième sketch, celui avec lequel j'ai le plus de mal : Yummy Fur de White Gardenia. Les amateurs de cinéma underground connaissent bien ce dernier, c'est un performer extrême qui fait des petits courts-métrages sans trucage avec son amie. Dans l'un d'eux, il s'est carrément sectionné une phalange ! Dans Yummy Fur, on est en présence d'une autre performeuse, inspirée par les films extrêmes de Daniel Valient, connu donc sous le pseudonyme de White Gardenia. Elle décide de s’enfoncer un ciseau dans son intimité, de se masturber avec jusqu’au sang. Elle finira même pas se couper une des lèvres de son sexe. Personnellement, nous ne sommes plus dans l’univers du cinéma ici et j’avoue que je n’apprécie pas vraiment ces performances corporelles réelles. Je n’en vois pas l’intérêt et ça provoque plus un rejet de ma part qu’un quelconque attrait. Ah, le septième segment est celui que j'attendais le plus car il est réalisé par Domiziano Cristopharo lui-même. Il s'intitule Stretching et il est vraiment d'une grande originalité, même si je dois avouer que je n'ai pas saisi le rapport avec la voraphilie. Qu'importe, il nous présente une autre paraphilie des plus curieuses, celle du héros de l'histoire, qui voue une passion pour les... trous. Mais attention, je vous vois venir et le début du segment, dans lequel le héros se masturbe en regardant son téléphone portable peut nous le faire penser. Seulement, il ne regarde pas une vidéo porno mais des images de trous, provenant d'un cratère, de l'entrée d'une grotte ou de caverne ou même d'un trou dans l'étendu de l'univers. On le voit ensuite essayer de rentrer dans un carton trop petit pour lui puis être endormi dans une armoire, recroquevillé sur lui-même. On comprend alors qu'il a un étrange rapport avec les endroits exigus et qu'il veut s'y infiltrer par tous les moyens. Visuellement, c'est le segment le plus réussi et le plus travaillé. Il est étonnant et déroutant.

Dernière histoire : The Egg de Dario Almerighi. Un homme masqué plante un œuf dans une forêt. Plus tard, une jolie jeune femme en tenue vaporeuse se promène dans cette même forêt. On comprend que c'est une créature qui provient de l'oeuf. Elle se rend dans la cabane d’un inconnu, qui est le mystérieux homme masqué du début. Ce dernier la kidnappe et la mutile, prélevant ses entrailles pour les plonger dans un curieux breuvage, qu'il va ensuite répandre dans une piscine vide et abandonné. Un nouvel œuf apparaît de cette mixture et l'homme décide de le consommer, devenant alors une créature surnaturelle. La voraphilie est évoquée ici de manière métaphorique et fantastique. Voilà donc le contenu de Vore Gore, qui m'a laissé sur une impression mitigée. De bons segments en côtoient d'autres plus banals et dans son ensemble, cette anthologie ne m'a pas emballé plus que ça. Je retiendrai principalement Finger Licking Good, Stretching, Italian Ladies do it Better et Please, not in my mouth parmi ceux que j'ai le plus apprécié, avec une petite mention spéciale à l'ultra gore et bricolé Infernal Gluttony 2. En tout cas, Vore/Gore est un spectacle à réservé aux fans hardcore du cinéma extrême et underground à petit budget et n'est pas à mettre devant tous les yeux, le gore répugnant et l'érotisme étant assez présent.

Vore gore | Vore gore | 2020
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Bande-annonce
Note
3
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Stéphane Erbisti