Guinea pig 2
Flowers of Flesh and Blood / Za Ginipiggu 2 : Chiniku no Hana
Une jeune femme est enlevée en pleine rue et revient à elle quelques temps après, ligotée sur un lit, dans une salle lugubre aux murs tachés de sang. Devant elle se tient un homme coiffé d'un casque de samouraï, occupé à aiguiser divers ustensiles de découpe d'une manière passionnée, proche de la maniaquerie.
Très vite, la malheureuse va subir les pires atrocités que l'on puisse faire à un être humain. Accrochée à son lit de mort et droguée à un anti-douleur, elle va être la cible de multiples mutilations et démembrements perpétrés par cet homme qui ne semble trouver du plaisir et de la jouissance que dans la vision de flots d'hémoglobine et de séparation de membres qu'il assimile, de manière artistique, à des fleurs de sang et de chair.
Vous l'aurez aisément compris suite à la lecture de ce résumé, le segment de la série des Guinea Pig (voir la critique du premier opus, "devil's experiment", pour en savoir un peu plus) que nous analysons aujourd'hui est de loin le plus saignant de la saga japonaise.
Comme son aîné, "flower of flesh and blood" est basé sur le principe même du snuff movie qui implique que l'on filme une personne (ou un animal) en train de subir divers sévices corporels et mentaux. De même que pour "devil's experiment", ce second volet de Guinea Pig a fait parler de lui pour le réalisme de ses séquences et pour les suspicions qu'il a suscitées lors de ses apparitions dans certains vidéoclubs dans les années 80. L'anecdote la plus mémorable que l'on a tendance à le plus attendre quand on parle de Guinea Pig, et plus précisément de cet opus "flower of flesh and blood", est certainement la réaction de Charlie Sheen suite au visionnage de celui-ci. En effet, en 1991, l'acteur aurait fait appel au F.B.I., pensant être tombé sur un trafic de vidéos de véritables snuff movies. Il aura alors fallu attendre que la police ait entre les mains le making of du film pour innocenter le réalisateur et ses acolytes.
L'idée de tourner ce métrage serait venue au dessinateur japonais Hideshi Hibino (dont le diminutif est Hino) suite à la réception d'un paquet contenant un film 8mm authentique montrant une femme se faire démembrer par un maniaque pour le simple plaisir de compléter sa collection morbide de morceaux de corps humains. Une lettre narrant le crime horrible montré par la vidéo ainsi qu'une série de 54 photos étaient joints au film dans ce mystérieux paquet qu'aurait reçu Hideshi Hibino en avril 1985 à Tokyo. On ne sait pour quelles raisons mais, suite au visionnage de ce film malsain et extrême, le dessinateur décida de réaliser un semi-documentaire inspiré du contenu de la mystérieuse vidéo et de la lettre qui lui était associée. L'histoire de ce colis est-elle la vérité, une stratégie commerciale et publicitaire à buts médiatique et lucratif, ou tout simplement le produit d'une imagination tordue et morbide? On n'en sait rien, mais ce qui est sûr est qu'Hideshi Hibino ne recule devant rien pour nous montrer les atrocités sanguinaires pouvant être commises par un esprit malade. Démembrements, mutilations, éviscération, extraction des yeux : autant de séquences qui font de "flower of flesh and blood" le plus sanglant des épisodes de Guinea Pig que nous allons dès à présent décortiquer un peu.
Contrairement à son aîné, ce deuxième opus nous montre le kidnapping de la jeune femme. C'est d'ailleurs lors de ses premières images et notamment cette façon de filmer et de jouer avec les plans que l'on peut se rendre facilement compte que nous sommes face à une pure fiction et non la réalité. Alors que "devil's experiment" était filmé de manière amateur et saccadée et ne montrait que quelques plans bien choisis, cet opus est bien plus soigné en termes de réalisation et perd donc dès le début son aspect réaliste. Un aspect qui, toutefois, reviendra vite au galop lors des séquences de tortures et qui confortera les inquiétudes de l'acteur Charlie Sheen lors du visionnage de la vidéo.
Le cauchemar démarre pour la jeune femme dès son réveil. Bâillonnée et ligotée à un lit, elle reprend connaissance dans une salle lugubre aux murs tachés de sang et dont le seul bruit qui émane de cette sinistre pièce est celui des gouttes d'eau fuitant d'un robinet une par une. Mais ce qui inquiète le plus la jeune femme est ce qui se trouve devant elle : une grande silhouette debout, de dos, se tient devant une petite table et semble ignorer la présence de la malheureuse. Mais c'est surtout ce bruit métallique qui va alerter notre prisonnière, ce son qui provient de l'aiguisage de divers ustensiles à lame auquel est en train de s'adonner notre homme, tapis dans la pénombre de la pièce.
C'est alors que notre énigmatique personnage se retourne : un visage maquillé en blanc, des lèvres rouges et un casque de samouraï vissé sur la tête, aucun doute que notre homme n'a pas toute sa tête, laissant présager dès sa vision des excès de folie pure. Rien de bon pour notre malheureuse victime qui commence à gesticuler et à se tordre dans tous les sens pour se défaire de ses liens.
D'emblée, le message est clair : notre samouraï ne laissera aucune chance à la jeune femme. Message qu'il fait passer en lui montrant une poule à laquelle il coupe la tête en lui disant "c'est ta destinée". Une scène pas franchement réussie qui discrédite une fois de plus l'aspect irréaliste du film : scène au ralenti et floutée, sang peu crédible (sorte de grossier mélange de colorants ajoutés à un additif épaississant donnant une consistance proche de celle du ketchup). Heureusement, cet aspect fiction ne repointera pas son nez avant un bon moment, laissant place à un réalisme allant toujours plus loin dans les excès sanguinaires.
Car c'est bien de cela qu'il s'agit dans "flower of flesh and blood" : montrer un démembrement de manière ultra réaliste, une véritable boucherie, "une ode à la barbarie" diront certains. Le pire dans tout ceci est que notre tortionnaire va faire subir à la jeune femme les pires mutilations possibles et ceci sans lui donner la moindre douleur. En effet, avant même de commencer son "travail" et afin de rendre la chose encore plus machiavélique et sadique, notre homme va injecter à sa victime une dose de tranquillisant, sorte d'anti-douleur, qui va au final anesthésier la jeune femme et lui faire ressentir les pires mutilations qui vont suivre comme des jouissances ininterrompues.
Rentrons à présent dans le détail des différentes mutilations perpétrées par notre boucher. Et contrairement au premier volet de la saga "devil's experiment", on commence sur les chapeaux de roue, pas question de mettre quelques claques ou quelques coups de pieds : le but est de disloquer les diverses parties du corps humain de manière brutale, sans la moindre précision chirurgicale. Tout commence par les poignets : coupés de manière barbare avec un couteau à cran d'arrêt puis déchirés à mains nues. Ces premières scènes sont d'ores et déjà très réalistes : flots de sang, craquement des os, bruit de la peau qui se déchire, tout y passe pour rendre la scène la plus crédible possible! Une incroyable précision est permise par les effets spéciaux tout simplement spectaculaires, ne s'arrêtant pas à la mutilation en elle-même mais en montrant l'activité des nerfs qui perdure dans les doigts de la main fraichement coupée.
Passés les poignets, c'est à présent au tour des épaules. A l'aide d'un couteau bien plus robuste pour trancher la chair puis un marteau muni d'un burin pour rompre les articulations, notre homme ne fait pas dans la dentelle. A nouveau, on grincera des dents à l'écoute du craquement des os faisant froid dans le dos, des bruits bien plus persistants que lors du découpage des poignets (flirtant même parfois avec l'exagération mais bon…).
Puis, notre homme va s'atteler aux jambes avec une scie cette fois-ci : là encore, le travail fait sur les bruitages est remarquable. A la violence de la chose s'ajoute le bruit du frottement entre l'ustensile à dents aiguisées et l'os, un réalisme implacable.
Passées les scènes de démembrement, notre boucher va ouvrir le ventre de sa victime afin d'en extraire les organes et autres intestins. Voilà de loin la scène la plus saignante du film, le cinéaste n'hésitant pas à faire sortir, telle une éruption de magma sortant d'un cratère volcanique, des flots de sang de la bouche de la malheureuse pour finir par recouvrir son visage au moment de l'extirpation des intestins. Une séquence d'autant plus sadique que le malade en question n'hésite pas à contempler, d'un œil émerveillé, sous toutes ses facettes son trophée sanglant qu'il a entre les mains.
Puis ce sera une décapitation de la victime fort mal réalisée qui suivra. En effet, on retrouve dans cette scène une forte similitude avec la scène du poulet et les défauts allant avec : une image un peu floutée et un ralenti inutile alors que l'on aurait préféré voir encore quelque chose de bien sanglant comme ce que nous avions vu jusque là. On retiendra de cette scène encore une fois la maniaquerie de notre bonhomme qui semble trouver son plaisir dans la contemplation de ses atrocités, n'hésitant pas à lécher la tête fraichement découpée de la malheureuse. Une scène tout simplement malsaine que nous retrouverons quelques instants après avec la scène de l'œil.
En effet, comme dans le premier opus, celui-ci se finit par une scène axée sur les yeux, "les bijoux de la femme" comme le dit notre homme. Après en avoir retiré un avec une petite cuillère (si, si!), celui-ci commence à le lécher tout en le tenant par les nerfs optiques, toujours avec cette même passion qui le possède, cette admiration qu'il a pour la chair humaine et le sang.
Cependant, le but de toute cette cruauté nous est expliqué en fin de film (même si celui-ci nous est implicitement mentionné au début) alors que notre boucher nous fait part de sa petite collection morbide : des organes sous formol, des photos de mutilations en tout genre, des mains conservées dans une baignoire et d'autres mises dans des pots en guise de plantes, des têtes rongées par les vers, des crânes infestés d'asticots… Une fin très morbide nous montrant de manière fort explicite la perversité, la passion, la folie et la cruauté qui animent cet être malade et sadique, le tout sur un chant sorti tout droit de l'Enfer.
En résumé, "flower of flesh and blood" est de loin le film de tous les excès dans la série des Guinea Pig. Sanglant, cruel, malsain, en un mot "fou", cet opus demeure la pièce maîtresse de la série de part son haut degré de réalisme dans les scènes de mutilation dû à des effets spéciaux remarquables complétés par des bruitages très crédibles.
Encore une fois, certains se demanderont à quoi sert un film pareil, peut-être à voir jusqu'où on peut aller dans le réalisme en termes d'effets spéciaux et jusqu'où on peut aller dans l'atrocité à l'écran. Une note que je donne en grande partie pour les effets spéciaux, le côté malsain très travaillé et le haut degré de réalisme que l'on obtient grâce à ceux-ci.