Village des maudits - le
Plague town
Deux sœurs visitent l’Irlande en compagnie de leur père et de sa nouvelle compagne. Après avoir raté leur bus, ils se mettent à la recherche d’un endroit où dormir et tombent alors sur une voiture de touristes français, abandonnée, les portières non fermées et les bagages encore sur le toit... Etrange dirons-nous, d’autant plus que nos amis vont percevoir des ombres dans la forêt où ils se retrouvent alors perdus.
Un village ne semble pas bien loin de cette voiture abandonnée où ils ont trouvé refuge. Peut-être peuvent-ils y trouver de l’aide et surtout un endroit pour dormir… Ou peut-être pas… Très rapidement, notre petite famille va faire la connaissance de villageois inquiétants pour ne pas dire menaçants, isolés du reste du monde et frappés par une étrange malédiction.
Premier film d’un certain David Gregory s’étant offert un petit tour du Monde en allant se pavaner dans divers festivals (Sydney, Boston, Philadelphie, Hollywood, Dublin, Bruges…), "plague town" arrive pourtant en France de manière très discrète sur support laser.
Petit survival présentant quelques similitudes avec des films tels que "la colline a des yeux" ou encore "les démons du maïs" (alias "children of the corn") pour des raisons que nous évoquerons dans les paragraphes qui suivent, le film de David Gregory n’en atteindra pas la notoriété évidemment mais mérite toutefois que l’on s’y attarde le temps d’une soirée.
Car partant d’un scénario pourtant relativement simple et offrant à son public une réalisation parfois hasardeuse (nous reviendrons rapidement sur ces deux aspects), David Gregory parvient toutefois à tenir son public en haleine du début à la fin (pour information, le film ne dure qu’1h20) grâce à une dynamique plutôt efficace même si parfois répétitive (scènes d’attaques, course-poursuites dans les bois…) et surtout une ambiance très glauque et malsaine instaurée durant quasi les ¾ du film.
Pourtant, le pari n’était pas gagné car il faut bien avouer que "plague town" n’est pas exempt de défauts, bien au contraire, et ceux-ci ne sont pas négligeables… En effet, l’un des principaux problèmes du film de David Gregory réside dans l’aspect technique. Mouvements de caméra parkinsonniens rendant certaines scènes difficilement lisibles, montage approximatif, plans de caméra maladroits ou encore musique mal dosée, nous avons là tout ce qui d’un point de vue technique peut témoigner d’un budget ultra serré pour ne pas dire insuffisant.
Passé ce principal souci, nous pouvons également reprocher quelques écueils dans le scénario. Trop simple et surtout pas assez développé (beaucoup de mystères subsistent et ne donneront pas lieu à des explications en fin de film, laissant le spectateur se faire lui-même sa propre réflexion et travailler son imagination : un constat que l’on accepte parfois dans certains films mais dans "plague town" quelques informations complémentaires sur notre famille de villageois ne nous auraient pas déplu…), le scénario ne brille pas pour son originalité et quelques impressions de déjà-vu se font ressentir.
Certain(e)s pourront également reprocher au film de David Gregory de céder à la facilité, dans le sens où certains passages paraissent se répéter tout au long du film (nous avons l’impression de toujours être en train de fuir les enfants des villageois, sortes de jeunes attardés au faciès rebutant et réellement menaçants), n’apportant que trop peu de réelles surprises si ce n’est quelques meurtres parfois très sympathiques et saignants comme nous les aimons.
Malgré tous ces défauts, plus ou moins importants (la technique étant bien-entendu le gros point faible du film, nous ne cesserons de le dire), "plague town" demeure toutefois, comme nous le disions dans notre introduction, un film plutôt plaisant à suivre.
Il est intéressant d’ailleurs de voir comment David Gregory parvient parfois à enjoliver certains aspects du film qui au départ auraient pu devenir des défauts non négligeables. C’est le cas par exemple de cette introduction assez longue et peu énergique il est vrai mais dont le contexte est suffisamment attrayant pour éviter de s’ennuyer (un père qui organise une sortie en famille pour permettre notamment à ses filles de se familiariser à sa nouvelle compagne mais qui va malheureusement se heurter à son grand damne à des querelles entre ses deux enfants).
Même constat pour le casting : ce dernier, assez banal dans l’ensemble, ne brille pas pour ces acteurs et actrices mais David Gregory parvient à nous détourner en quelque sorte le regard de notre petite famille présentant bien trop peu d’intérêt en nous proposant à l’inverse des enfants de villageois inquiétants, terrifiants et surtout très présents à l’écran une fois la phase introductive terminée qui vont alors devenir notre centre d’intérêt numéro un.
Des similitudes avec des survivals tels que "la colline a des yeux" ou encore "massacre à la tronçonneuse" et "détour mortel", bien-entendu que ce "plague town" en a et ces dernières résident toutes dans les "vilains méchants" qui sont des êtres attardés plus ou moins difformes vivant en famille (malédiction ou consanguinité ici ? Malheureusement nous n’en saurons pas plus à ce sujet…) et s’attaquant aux malheureux qui croisent leur chemin.
Seule grande différence, ici ce sont des enfants (d’où cette petite pensée au fameux "children of the corn") qui jouent les êtres repoussants et menaçants. Des jeunes acteurs assez convaincants (pour la plupart) qui s’en donnent à cœur joie pour rendre le long-métrage de David Gregory suffisamment angoissant voire même terrifiant par moments pour les plus sensibles d’entre nous. Sadiques, nos jeunes enfants semblent avoir perdu cette candeur de l’enfance (à la manière d’un certain "quien puede matar a un nino ?" alias "les révoltés de l’an 2000") et se livrent à des jeux de massacre assez saignants (tout en évitant de tomber dans le piège de la surenchère, "plague town" nous gratifie de certains meurtres assez graphiques, violents et aux effets spéciaux plutôt soignés : pendaison par les orbites, yeux sectionnés par un fil métallique, égorgement, main poignardée…).
Mais la véritable grande force du film de David Gregory réside indéniablement dans son ambiance. Hostile, malsaine et glauque à souhait, l’atmosphère de "plague town" est son véritable atout et apporte au film un véritable cachet malgré la faiblesse de son budget.
Cette ambiance sombre et angoissante nous suit durant les ¾ du film et parvient à nous plonger dans ce petit cauchemar auquel nous paraissons prisonniers (village isolé, perte de repères avec cette forêt immense avoisinante, pas de moyen de locomotion…). Rajoutez à cela une nuit quasi omniprésente dans le long-métrage qui renforce ce sentiment d’insécurité (champs de vision rétréci, menace non prévisible) et ces enfants meurtriers déboulant en meutes dans l’unique but de vous trucider et vous obtenez là une ambiance des plus angoissantes possible.
Premier film loin d’être décevant malgré des défauts techniques évidents, "plague town" mérite toutefois que l’on s’y attarde quelques temps, ne serait-ce que pour cette ambiance pesante et angoissante distillée tout au long du récit et qui s’avère particulièrement réussie.
David Gregory, il vous reste à présent à transformer l’essai avec un second film que nous attendons avec impatience !