Resident Evil 6
Biohazard 6
Il y a quinze ans la ville de Raccoon City a été détruite par un missile nucléaire, tiré par l'armée américaine sur ordre du président des États-Unis, afin d'enrayer la propagation du virus-T. Cet événement n'a jamais été rendu public mais l'actuel président des États-Unis, Adam Benford, compte le faire lorsqu'une attaque bioterroriste le visant a lieu. Transformé, il est confronté à sa propre équipe de protection : Leon S. Kennedy et sa partenaire Helena Harper. Poursuivis pour l'assassinat du président, ces derniers simulent leur propre mort et partent alors...
Après un Resident Evil 5 efficace mais plutôt décevant, Capcom semble avec ce Biohazard 6 hésiter sur la direction à prendre : doit-on proposer encore plus d’action, quitte à ressembler davantage à un Call of Duty horrifique qu’à un Resident Evil, ou doit-on revenir à une formule plus proche du survival horror classique, en mettant l’accent sur l’ambiance ? La réponse : les deux, et donc aucune des deux. En essayant de piocher dans chacune de ces solutions, Capcom va surtout réussir à n’en choisir aucune, donnant un jeu étrange, à la jouabilité entièrement orientée action et inadaptée à de nombreux passages d’infiltration ou de progression plus calme.
Premier effet de cette hésitation : nous n’avons pas un, ni deux, ni même trois scénarios. Il y a 4 histoires qui, si elles se croisent parfois, sont bien distinctes :
- celle de Leon S. Kennedy et Helena qui débute par la mort du président Américain, et apparemment destinée à rappeler la progression dans Raccoon City à l’époque de Resident Evil 2 ;
- celle de Chris Redfield et Piers, totalement orientée fusillade et testostérone, avec des soldats bien stéréotypés, des mecs, des vrais, qui n’ont pas peur de se sacrifier ou d’assumer l’admiration qu’ils ont l’un pour l’autre ;
- celle de Sherry Birkin et de Jake, le fils d’Albert Wesker dont le sang pourrait contenir l’antidote contre le virus C, rappelant Resident Evil 3 par la présence d’une créature qui les poursuivra pendant toute l’aventure ;
- et celle d’Ada Wong, agissant toujours dans l’ombre et dont le scénario, à débloquer, permettra de mieux appréhender l’histoire globale de ce R.E. 6 tout en apportant une touche bienvenue d’humour un peu cynique.
On pourrait donc croire qu’il y en a pour tous les goûts mais, si certains passages s’avèrent particulièrement réussis, comme l’ambiance sur le campus ou l’attaque terroriste en Chine, d’autres sont particulièrement pénibles : les phases de conduite, qui n’ont vraiment rien à faire là, ou des niveaux contextuels vraiment irritants, dans la neige ou dans l’eau, sont simplement ratés. Le jeu est en fait plus agréable dans ses phases d’action pure, où on passe de salle en salle en dégommant des ennemis, que dans les situations plus calmes, le retour des énigmes donnant des passages sans grand intérêt et les personnages ne réagissant à aucun élément du décor (on se souviendra avec nostalgie des commentaires un peu candides de Claire sur les objets de torture de R.E. 2).
On notera quand même le retour des morts-vivants classiques, même s’ils restent relativement vifs et capables d’utiliser des objets. Ce Biohazard est marqué par le nouveau Virus C, qui crée de nouvelles créatures cauchemardesques capables de remplacer leurs membres blessés par des organes monstrueux, même si, pour la plupart, il ne s’agit que de nouvelles déclinaisons d’ennemis déjà rencontrés (la créature à la tronçonneuse, l’Ustanak – Nemesis…). La plupart ayant par ailleurs leur point faible exposé de façon très évidente, on n’aura absolument aucune difficulté à s’en débarrasser…
Si la jouabilité et l’ambiance sont décevantes, qu’en est-il du scénario, qui prétend imbriquer quatre histoires différentes ? Après le final de R.E. 5, qui marquait une étape très importante dans l’histoire de la saga à défaut de développer une intrigue intéressante, il fallait retrouver un enjeu important. Hélas, malgré la promesse d’une nouvelle fin du monde, on reste un peu sur notre faim. Les personnages à fort potentiel, comme Jake, sont traités d’une façon horriblement banale et se contentent d’aligner les stéréotypes ou une psychologie franchement risible (comme Chris Redfield, de plus en plus caricatural à chaque épisode). L’unique idée intéressante tourne en fait autour du personnage d’Ada Wong et d’un mystérieux sosie.
Resident Evil 6 tente donc de démocratiser définitivement la saga, en diversifiant son univers afin de plaire au plus grand nombre. Si l’aspect « jeu d’action » n’est pas en soi un défaut, on perd ici définitivement ce qui faisait le sel de la saga, au point de s’emmerder royalement quand Capcom tente de nous transporter de nouveau vers le survival horror classique. Une voie que semble malheureusement suivre toutes les sagas horrifiques, si l’on en croit le destin de Dead Space 3 ou de Gears of War Judgment…