Rec 3 genesis
[rec]3 genesis
Koldo et Clara se marient et organisent un grand banquet dans une vaste propriété. Entourés de leurs familles respectives ainsi que de nombreux amis, la fête bat son plein et les deux tourtereaux se lancent dans des danses endiablées devant les yeux ébahis des invités.
Mais cette ambiance des plus festives va rapidement disparaitre au moment où l’un des convives se met subitement à mordre une dame, lui arrachant un morceau de chair dans un excès de rage inqualifiable. Les yeux ensanglantés et le regard fou, l’homme sème alors la panique dans la salle. Très vite, cette folie sanguinaire se répand tel un virus chez de nombreuses personnes et la fête tourne au cauchemar.
Koldo et Clara, séparés lors de ce chaos soudain, feront tout pour se retrouver, même si pour cela il leur faut affronter ces sortes de zombies violents et cannibales…
Fort d’un "rec" acclamé dans de nombreux festivals en 2007, Paco Plaza, un réalisateur espagnol épaulé par Jaume Balaguero ("la secte sans nom", "darkness", "fragile"…) réalisa alors dans la foulée une suite à son found-footage intitulé logiquement "rec 2". Toujours filmée à la première personne, cette suite s’avéra bien moins réussie, la faute à un trop-plein d’action, à une angoisse et une pression moins ressenties et à un côté surnaturel/paranormal n’ayant pas forcément convaincu l’ensemble de l’auditoire.
Quatre ans se sont écoulés et Paco Plaza revient donc en 2012 avec un troisième opus nommé "[rec]3 genesis". Radicalement différent des deux volets précédents, ce dernier est cette fois-ci entièrement réalisé par Paco Plaza, Jaume Balaguero ayant quitté ses rôles de co-réalisateur et co-scénariste pour celui de producteur.
Mais que vaut réellement ce troisième opus? Pour le savoir, suivez-moi ci-dessous dans ces quelques paragraphes mais attention… Ca mord!
La première chose qui marque en voyant "[rec]3 genesis", c’est le cadre. Fini l’immeuble en quarantaine des deux premiers opus, place à présent à un endroit plus vaste, plus éclairé et moins poussiéreux. Plongés en plein mariage dans une grande propriété où tous rient, dansent et boivent, il est indéniable que la tension, la pression et l’angoisse qui pouvaient émaner des deux volets précédents (dans lesquels nous parcourions des escaliers sinistres et longions des couloirs exigus) sont vus nettement à la baisse. Petit regret donc de ce côté…
De même, autre chose qui diffère totalement des deux autres opus et pourra certainement contrarier plus d’une personne : l’abandon de la caméra à la première personne durant la majeure partie du film. Alors que "rec" premier du nom et sa suite avait fait sensation dans le registre du found-footage, ce troisième volet s’en éloigne pour ne nous donner qu’une très longue introduction caméra à l’épaule. Un choix que l’on ne regrettera finalement pas, la caméra étant bien trop instable depuis le début du film jusqu’à cette scène d’apparition du premier contaminé qui est tout simplement indigeste et nauséeuse au possible (caméra virevoltant dans tous les sens et image totalement floutée)!
Enfin, troisième et dernière chose qui tranche radicalement avec les deux épisodes précédents : le ton du film. Alors que Paco Plaza optait pour une tension palpable et une atmosphère pesante dans les deux premiers "rec", ce dernier choisit cette fois-ci de mélanger divers registres tels que la comédie, le gore (dans le sens cinématographique du terme : du sang, des scènes craspec et de la rigolade), l’action (un côté action que l’on voyait déjà se mettre en place lors du second volet d’ailleurs, soit dit en passant) tout en allant même jusqu’à tendre vers l’histoire à l’eau de rose (les « mon chéri », « mon amour » que se jettent nos deux tourtereaux font très « cul-cul »…) et le tragique. Un gros fourre-tout donc dont l’hétérogénéité peine bien souvent à donner quelque chose d’équilibré et donne lieu à des moments d’égards voire des incohérences parfois troublantes.
Mais ce que l’on retiendra surtout de "[rec]3 genesis", c’est ce côté décalé (on peut même aller jusqu’à qualifier le film de « grand-guignolesque ») et ce rythme endiablé de la seconde partie du film. A l’image d’un certain frenchy "la horde", le long-métrage de Paco Plaza peine à démarrer, montre d’importantes faiblesses scénaristiques (dialogues inutiles, situations sans grand intérêt, sorte de remplissage malvenu…) mais réussit soudainement à sortir son épingle du jeu en proposant un peu de fraîcheur. Des choix osés certes mais qui payent en partie (je dis bien « en partie »…), Paco Plaza n’hésitant pas à « sacrifier » ce côté sombre et angoissant propre aux deux opus précédents mais surtout l’esprit « found-footage », véritable marque de fabrique de la saga si l’on peut dire.
Bien plus dans l’esprit d’un zombie movie qu’un film de tension, ce troisième volet nous entraîne dans des assauts de gens contaminés et des combats suffisamment violents et sanglants pour tenir en haleine un public friand d’hémoglobine et d’action.
Car de l’action et de la barbaque, il y en a un paquet dans le film! Démembrements, décapitations, arrachage de langue, œil crevé au talon aiguille, visage passé au mixeur… Le film montre une toute autre facette dans sa deuxième partie, se révélant parfois bien gore et crade (on appréciera la qualité des maquillages notamment). Un côté gore / humoristique parfaitement assumé par Paco Plaza qui ne va d’ailleurs pas hésiter à nous offrir une héroïne qui, à l’inverse de son mari bien moins intéressant, va prendre les choses en main façon "planète terreur" ou "the machine girl" et nous montrer qu’elle sait se servir d’une tronçonneuse!
A la manière d’un "feast 2" ou d’un "cabin fever 2", ce troisième opus de la saga des "[rec]" a pris un virage diamétralement opposé aux deux autres épisodes, jouant bien plus la carte de l’humour et du grand-guignolesque.
Outre notre héroïne, le reste du casting n’est d’ailleurs pas en reste pour nous gratifier de quelques passages amusants (l’homme déguisé en Bob l’Eponge pour amuser les enfants au mariage mais qui, pour des raisons de droits d’auteur, se fait appeler John l’Eponge…) ou parfois même décalés (deux de nos héros se retrouvent habillés en chevaliers pour combattre nos vilains possédés).
Alors, certes, "[rec]3 genesis" s’avère très divertissant de par son rythme effréné, ses scènes d’action et de barbaque ainsi que son humour très présent, mais ce virage brusque dans la saga ne s’est pas fait sans mal, le film de Paco Plaza ayant gardé quelques défauts bien apparents.
A commencer par des incohérences en veux-tu en voilà, et ce à divers moments du film (les contaminés courent puis marchent puis sont au ralenti… / les invités qui ne se sauvent pas en voyant l’oncle enragé arracher la chair d‘une convive / nos héros qui s’enferment dans la cuisine aux portes vitrées facilement cassables plutôt que de sortir dehors vers les voitures / la disparition soudaine de tous les contaminés dans la salle principale etc etc…). Tant d’incohérences qui énervent par moments il faut bien le reconnaitre…
Très prévisible (de nombreuses apparitions de contaminés sont téléphonées à tel point que les sursauts se font rares lors du visionnage du film de Paco Plaza) et au final peu original (mise à part cette touche décalée, l’histoire n’est pas très recherchée admettons-le), le scénario de "[rec]3 genesis" ne porte plus la patte de Jaume Balaguero et cela se ressent.
Et n’oublions pas enfin le défaut le plus gênant à mon sens dans le film de Paco Plaza : l’introduction bien trop longue, aux nombreux passages inutiles et filmée avec les pieds, mais qui possède toutefois un intérêt : celui de ne pas nous avoir fait regretter ce choix de Paco Plaza d’avoir abandonné cet esprit « found-footage » pour le restant du film!
Au final, "[rec]3 genesis" marque un tournant radical dans la saga de Paco Plaza. Caméra à l’épaule en partie abandonnée, plus drôle, plus rythmé et surtout teinté d’un gore qui tâche totalement imprévu, ce troisième opus a cependant perdu, de ce fait, cette angoisse et cette noirceur qui faisaient la force de cette saga. Une ambiance glauque et oppressante qui commençait déjà à décliner lors d’un deuxième opus un peu décevant, d’où cette reconversion arrivée peut-être au bon moment finalement…