Affiche française
PULSIONS | DRESSED TO KILL | 1980
Affiche originale
PULSIONS | DRESSED TO KILL | 1980
Un film de
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Musique de

Pulsions

Dressed to kill

Kate Miller, mère d'un garçon bidouilleur en électronique, est sexuellement frustrée : son époux est mauvais au lit. Elle en parle à son psychiatre, le Dr Elliott, qui la rassure sur son pouvoir de séduction. Puis elle se rend au musée, où elle rencontre un homme qui sera son amant d'une nuit. Mais au petit matin, horreur : tandis que son amant dort, elle découvre dans le tiroir de son bureau des résultats d'analyses médicales indiquant que son Don Juan est porteur de la syphilis. Affolée, elle quitte l'appartement, prend l'ascenseur, descend les étages, puis les remonte en s'apercevant qu'elle a oublié sa bague. Les portes de l'ascenseur s'ouvrent… Devant Kate Miller apparaît alors une femme blonde portant un ciré et des lunettes noires, un rasoir à la main.

PULSIONS | DRESSED TO KILL | 1980

A l'époque où il réalise Dressed to Kill, Brian de Palma a déjà essaimé quelques chef-d'œuvres (Carrie, Phantom of the Paradise, Sisters…). Ce n'est plus un inconnu. Pourtant, c'est bel et bien à partir de ce film-là qu'on va identifier définitivement son style. Le contenu fortement sexualisé de Pulsions (traduction française qui nous fait oublier que le titre original est un jeu de mot scabreux -voir l'explication finale du Dr Lévy-) n'est pas pour rien dans cette subite reconnaissance. Une femme qui fantasme et prend un amant, un psychiatre, une call-girl de luxe, un rasoir…Sexe, sexe, meurtre et encore sexe, voilà l'histoire. Mais c'est aussi le film où de Palma a en quelque sorte concentré toute la panoplie de ses talents de metteur en scène, une sorte de "Brian de Palma, mode d'emploi".

Divisé en trois parties à peu près égales en longueur, Pulsions joue à merveille avec les images et la vérité qu'elles peuvent contenir. Les personnages comme les spectateurs vont de surprises en déceptions (en passant par la peur), jusqu'à la révélation finale. Ce n'est pas pour rien que l'histoire prend la forme d'un "whodunit", ni que le jeune Peter Miller construit un dispositif original de capture d'images (le dispositif de mesure et d'espionnage est d'ailleurs devenu un classique des films de De Palma). On croit savoir ce qu'on voit, on veut savoir, mais…on se trompe. C'est cette constante leçon du réalisateur, humoristique et magistrale, qui justifie son utilisation si particulière des travellings, gros plans, ralentis, split-screen, etc. Le suspense se joue non seulement sur toute l'histoire, mais pratiquement sur chaque image.

Autre trait éclatant : le rapport d'admiration et de rivalité qu'entretiendra toujours De Palma avec l'œuvre d'Hitchcock. Ce ne sont jamais de simples clins d'œil ou citations que contiennent ses films, mais de véritables reprises de scènes, qu'il transforme à son usage (certains critiques ne se gênent d'ailleurs pas pour traiter De Palma de plagiaire pur et simple). Ici, la scène du musée est directement empruntée à Vertigo, et, comme le reste de la première partie, retraitée sur un mode à la fois virtuose et moqueur (la vie de Kate Miller n'est finalement rien d'autre qu'un roman-photo, mais désacralisé : mimiques surjouées du plaisir, liste de courses au musée, syphilis…). Un ton moqueur qui va s'interrompre brutalement avec la scène de l'ascenseur, réalisée avec un brio qui, en quelque sorte, règle son compte une bonne fois pour toute à la scène de la douche dans Psychose (véritable traumatisme pour De Palma). Comparez les montages, et jugez !

Il y a pourtant un bémol, et de taille : le film reposant essentiellement sur une devinette (qui est cette femme au rasoir ?), on accroche difficilement à une seconde vision. Malgré l'interprétation fabuleuse de Michael Caine et de très belles images, les deuxième et troisième parties s'avèrent un peu laborieuses, et la fin, surajoutée à la révélation finale, perd de son efficacité… On aurait beau jeu de prétendre que là n'est pas l'essentiel, De Palma ayant lui-même affirmé que c'était surtout la première partie du film qui l'avait intéressé, et que la suite reposait sur un suspense quant à l'identité du tueur...

En somme, si Dressed to Kill peut être considéré comme un résumé de l'œuvre de Brian de Palma, c'est en rassemblant aussi bien ses qualités que ses défauts : déséquilibre et volonté de trop en faire, par exemple.

PULSIONS | DRESSED TO KILL | 1980
PULSIONS | DRESSED TO KILL | 1980
PULSIONS | DRESSED TO KILL | 1980
Note
4
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Stéphane Jolivet