Prestige - le
Prestige - the
Londres, au début du siècle dernier. Robert Angier et Alfred Borden sont deux magiciens surdoués, promis dès leur plus jeune âge à un glorieux avenir. Une compétition amicale les oppose d'abord l'un à l'autre, mais l'émulation tourne vite à la jalousie, puis à la haine. Devenus de farouches ennemis, les deux rivaux vont s'efforcer de se détruire l'un l'autre en usant des plus noirs secrets de leur art. Cette obsession aura pour leur entourage des conséquences dramatiques...
L'AVIS :
[Chronique réalisée pour Fabien Dominguez dans le cadre de sa contribution au Tipeee du site. Merci à lui. https://fr.tipeee.com/horreurcom/]
Depuis la sortie de "Memento" en 2000, Christopher Nolan est devenu l'un des cinéastes phares de la nouvelle génération, s'affirmant à travers une mise en scène stylisée et des scénarios tortueux la plupart du temps, qui perdent le spectateur dans un dédale labyrinthique dont le ou les twists finaux ne sont pas d'une limpidité totale, le laissant penser et réfléchir à ce qu'il vient de voir bien après la projection. Outre Memento qui joue dans ce registre, on citera également "Inception" ou "Tenet" entre autres. En 2006, Nolan nous plonge à nouveau dans un film à twist avec "Le Prestige", adaptation d'un roman de Christopher Priest paru en 1995.
Ici, on assiste à la lutte entre deux magiciens de grande renommée, Alfred Borden et Robert Angier. Amis au départ, la fracture apparaît lorsque durant un numéro, Borden fait un mauvais nœud autour des poignets de la femme d'Angier et que celle-ci ne parvient pas à s'extirper d'une cuve remplie d'eau, entraînant la mort de la jeune épouse. Depuis ce jour, Angier voue une haine farouche envers Borden, et cette rivalité dans laquelle les deux hommes vont tout faire pour saborder le travail de l'autre va s'avérer des plus dramatiques. Sans être un film à costumes, l'histoire se déroule au début du siècle dernier et la reconstitution de Londres est vraiment très belle. Le casting, composé de Hugh Jackman, Christian Bale, Scarlett Johansson, Michael Caine ou David Bowie pour les rôles principaux est vraiment bien choisit et la prestation des acteurs hissent le film vers le haut, même si j'ai trouvé qui leur manquait un petit quelque chose pour véritablement emporter l'adhésion mais je ne saurais pas expliquer quoi. La structure même du film se rapproche de la thématique de l'histoire, à savoir l'illusion et la magie. Dès le début, on nous demande, à nous public, d'être attentif. On le sait, un tour de magie repose sur le fait que le magicien parvient à détourner l'attention du public pour qu'il puisse faire son tour sans qu'on ne remarque rien.
Un procédé qui sera au cœur du film "Le Prestige", terme qui désigne la troisième et ultime phase d'un numéro de magie, celle dont on veut tous comprendre le secret. L'art de l'illusion, du trompe-l’œil, de la manipulation est donc au centre de l'histoire et comme un excellent magicien, Christopher Nolan tente de détourner lui aussi notre attention, tout en nous donnant des indices au fur et à mesure de l'avancée du film. L'attraction-phare du Prestige, c'est le numéro de l'homme transporté, qui nous rappellera les fameux télépodes du film La Mouche. Comment un homme qui passe une porte peut disparaître et réapparaître à une autre porte située à quelques mètres de la première ? Le mystère reste entier et on ira de supposition en supposition. L'élément science-fictionnel n'est pas au abonné absent dans "Le Prestige" et il fait ici son apparition, notamment avec le personnage de Nikola Tesla, joué avec brio par David Bowie. On arrive à comprendre ce que permet de réaliser la machine qu'il a inventé grâce à une séquence qui ne laisse plus de doute possible. Mais en cinéaste astucieux, Nolan nous réserve évidemment d'autres retournements de situations en fin de film.
C'est ça qui est assez prenant et intéressant dans "Le Prestige", c'est qu'on sait pertinemment qu'on est en train de nous tromper, de détourner notre attention pour qu'on ne découvre pas le fameux "secret". Les autres thématiques développées dans le film (avec, évidemment, le thème du double, si cher à Nolan) apparaîtront plus clairement lors d'une seconde vision, qui nous permettra de faire toute la lumière sur les enjeux, les moyens de détournements d'attention mis en oeuvre par le scénario et la mise en scène et sur les petits détails disséminés ici et là. Une fois le générique de fin qui débute, on prend conscience des épreuves qu'ont du endurer les deux héros du film, épreuves qui n'apparaissaient pas vraiment à la lumière du jour durant notre vision et qui vient épaissir la complexité et l'écriture de ces personnages. Encore un bon film pour Christopher Nolan, que j'ai bien apprécié sans en être transcendé non plus contrairement à d'autres œuvres de sa filmographie. Mais ça reste du bon et grand cinéma en tout cas. Et puis, n'oubliez pas : "Chaque tour de magie est constitué de trois parties ou de trois actes. On appelle premier acte le pacte. Le magicien vous montre une chose ordinaire. Le deuxième acte s’appelle l’effet. Le magicien prend la chose ordinaire et lui fait faire quelque chose d’extraordinaire. Mais vous n’êtes pas encore prêt à applaudir parce que faire disparaître une chose n’est pas suffisante, il faut aussi la faire réapparaître. Vous cherchez alors la clé du mystère, mais vous ne la trouverez pas parce que vous ne la cherchez pas vraiment, vous ne voulez pas réellement la connaitre. Vous voulez être mystifié !"