Affiche française
Pas un bruit | Hush | 2016
Affiche originale
Pas un bruit | Hush | 2016
Un film de
Date de sortie
Pays
Couleur ?
oui
Musique de

Pas un bruit

Hush

Maddy, une écrivaine sourde et muette, vit seule dans une maison entourée de forêts. Alors qu’elle s’apprête à terminer un roman, une visite inattendue va plonger la jeune femme dans la terreur : un individu armé d’une arbalète et d’un couteau veut entrer dans la maison après avoir tué sa meilleure amie ayant quitté son domicile quelques minutes auparavant…

Pas un bruit | Hush | 2016

L'AVIS:

Production Blumhouse distribuée par Netflix (oulà je viens de perdre plusieurs lecteurs en cinq mots là… Allez on stoppe les amalgames et on reste lire les quelques paragraphes !), le long-métrage de Mike Flanagan "Pas un bruit" (ou "Hush" dans sa contrée natale que l’on traduira par "Chut") est ce que l’on appelle un home invasion. Pour les moins initiés d’entre nous, il s’agit d’un sous-genre du thriller dans lequel un ou plusieurs individu(s) essaye(nt) d’entrer dans un domicile (on traduira cela tout simplement par "violation de domicile").

A titre d’exemples, nous pouvons citer parmi les meilleurs home invasion qui me viennent à l’esprit l’excellent "You’re next" d’Adam Wingard (un de mes films fétiches des années 2010), "Panic room" de David Fincher que nous ne présentons plus, les très remarqués "The collector" et "Ils", le très médiatisé et original "Don’t breathe – La maison des ténèbres", sans oublier le très gore (et frenchy) "A l’intérieur" ou encore le gros succès "American nightmare".

De Mike Flanagan (dont la plupart des gens retiendront surtout la suite donnée au pathétique "Ouija") j’avais beaucoup aimé le très bon "The mirror" (alias "Oculus") vu en toute fin de festival de Gérardmer lors de la clôture de l’édition 2015 (c’est d’ailleurs probablement pendant ce tournage qu’il rencontra la belle Kate Siegel, actrice et réalisatrice, avec qui il se mariera par la suite et aura deux enfants et plusieurs films en commun).
Je retiens également en second film son "Gerald’s game" (alias "Jessie"), sympathique adaptation d’un roman de Stephen King qui, avec une histoire de femme accrochée à un lit, réussira à maintenir en haleine les spectateurs (une belle prouesse comme dirait mon collègue Sylvain dans sa chronique du film disponible sur le site !)

La seule originalité est le fait de nous offrir ici un home invasion dans lequel la victime est sourde et muette, ce qui complexifie la chose pour elle mais au contraire facilite la tâche de notre rôdeur criminel. Avec son absence de musique, histoire de nous plonger un peu plus dans l’univers du personnage principal, l’équipe du film va jouer sur les sons et les lumières, permettant alors au spectateur une expérience sensorielle peu habituelle (que nous retrouverons deux ans plus tard avec le très bon "Sans un bruit" et que nous avons déjà vécu par le passé avec une poignée de thrillers). Voilà clairement le gros atout de ce long-métrage de Mike Flanagan.

Car il faut bien l’avouer, à part la mise en scène soignée et cette idée originale de nous livrer un home invasion aphonique, il n’y a pas grand-chose d’autres de percutant et de mémorable dans "Pas un bruit" malheureusement.

Après 18 minutes d’ennui (des scènes de dialogue sans grand grand intérêt si ce n’est celui de comprendre que Maddy est écrivaine, qu’elle vit quelque peu reclue et qu’elle n’a pas de petit ami), nous comprenons aisément que nous allons avoir affaire à un huis clos bien minimaliste.
En effet, ça tourne vite en rond au niveau du scénario, le jeu du chat et de la souris instauré dans le film (une fois le face à face entre Maddy et son agresseur arrivé) s’essouffle rapidement.

Ajoutons à cela quelques incohérences ou facilités scénaristiques (quand tu es sourde et muette, as-tu réellement besoin d’aller habiter une maison perdue à l’orée des bois, à quelques kilomètres de la vie humaine environnante?) qui ne facilitent pas l’adhésion du spectateur et son immersion dans l’histoire.
L’exemple le plus flagrant de maladresse dans le script est le fait d’avoir fait entrer le tueur dans la maison au début du film dans le but de récupérer le téléphone portable de Maddy puis de l’avoir fait ressortir dehors sans qu’il ne s’en soit pris à cette dernière. Dès lors, nous comprenons que notre rôdeur s’est rendu compte de l’handicap de sa victime et qu’il veut jouer avec elle (à l’inverse de sa copine qu’il a massacrée à coups de couteau). Exit alors le côté effrayant et angoissant de ce home invasion, les motivations du tueur ne sont pas aussi cruelles que prévues, ce dernier préférant tourner autour du pot plutôt que de l’exterminer… A partir de là, nous n’avons bien évidemment plus aussi peur de ce rôdeur qui d’ailleurs tombera rapidement le masque, ce qui enlève encore une partie de l’aspect stressant du projet.
Même lorsque le tueur se décidera à passer à l’acte, son manque de prise de risque et son côté quelque peu mollasson ennuieront fortement (il prend tout son temps à marcher autour de la maison, ne cherche pas à casser tout simplement la baie vitrée ou une fenêtre de la maison pour pénétrer à l’intérieur…).

Heureusement le film gagne tout de même en intérêt dans sa dernière partie. Au bout de 50 minutes, un quatrième personnage fait son apparition et va mettre un peu de piment dans ce scénario qui commençait à nous faire bailler. A partir de là, la tension se fait enfin ressentir, l’adrénaline monte autant que la fureur de notre tueur qui commence à voir ses attaques contrées.
L’héroïne passe en mode attaque et le tueur devient de plus en plus hargneux : le rythme s’accélère, certaines scènes font mal (un tire-bouchon enfoncé dans le cou, une main écrasée contre une porte, un coup de couteau qui fait frissonner…) et le spectateur sort enfin de cet état léthargique généré par cette première partie bien ennuyeuse.

Histoire de finir tout de même sur une seconde note positive, nous pouvons mentionner le bon travail réalisé sur l’ambiance générale du film. Sombre et jouant sur les bruitages et les lumières (la fameuse originalité expliquée en début de chronique), "Pas un bruit" parvient à nous gratifier d’un climat propice à ce type d’histoire (même si la sauce prendra bien mieux dans la seconde partie bien plus oppressante comme déjà dit avant). Le sentiment de solitude, d’isolement et d’insécurité est bien rendu avec ces arbres qui s’étendent à perte de vue et entourent cette maison habitée par une seule personne qui va donc devoir s’assurer que toutes les fenêtres ou portes de la bâtisse sont correctement fermées.
Une détresse renforcée par le fait que Maddy soit sourde et muette car la seule façon d’appeler à l’aide quand on a ce type d’handicap est Internet ou les sms. Mais bien évidemment, le téléphone portable va être dérobé et l’électricité coupée… Voilà donc notre Maddy seule aux prises avec notre mystérieux individu. Et pour la jeune femme la seule façon de repérer le rôdeur est soit de le voir soit de ressentir les vibrations quand il marche, ce qui ne va pas faciliter la tâche et donc renforcer la panique chez notre malheureuse écrivaine.

Au final, "Pas un bruit" est un film qui aurait mérité un meilleur sort si le scénario n’avait pas été aussi faiblard et maladroit dans ses trois premiers quarts d’heure qui peineront à tenir en haleine le spectateur. Car cette idée de nous livrer un home invasion que nous pourrions qualifier de sensoriel était bonne et permettait de se distinguer de nombreuses œuvres du même genre (jouer la carte des sons et des lumières pour créer une ambiance, permettre à notre héroïne de se défendre sans parler et sans entendre…).
Heureusement la seconde moitié du film est bien plus palpitante, plus énergique et moins maladroite pour redonner de l’intérêt au film et offrir ce que le spectateur était venu chercher : de l’angoisse et des frissons !

Pas un bruit | Hush | 2016
Pas un bruit | Hush | 2016
Pas un bruit | Hush | 2016
Bande-annonce
Note
2
Average: 2 (1 vote)
David Maurice