Marathon killer
Courage / raw courage
Pete, Roger et Craig, trois amis d'âges et de milieux différents décident d'aller s'entraîner pour un marathon de cent kilomètres dans le désert du Nouveau Mexique. Bien mal leur en prend car un groupe paramilitaire privé ("la brigade des citoyens") y a élu domicile le week-end où il s'entraîne et se prépare au "chaos". Nos trois coureurs de fond serviront malgré eux de cibles à ce bataillon surentraîné dirigé par le colonel Crouse et devront faire la course de leur vie pour en sortir vivants. Qui franchira alors la ligne d'arrivée le premier ?
Cela faisait bien quinze années que je voulais voir ce film. Je me rappelle qu'il était toujours pris dans le vidéoclub de mon adolescence. Le pitch au dos de la jaquette avait l'air terrible et l'image au recto de celle-ci, affiche réalisée d'ailleurs par notre ami Melki, (deux personnages qui courent et sont comme poursuivis par une silhouette géante aux yeux brillants qui tend vers eux une main menaçante) me fascinait. Seulement voilà, quinze ans se sont écoulés, je viens de visionner la cassette de mes rêves trouvée dans une brocante et je suis super déçu : le film est une méga daube au rythme super lent. En même temps, pour un euro, ce n'est pas si grave me direz-vous, mais tout de même c'est tout un pan de mon enfance qui tombe en lambeaux une fois de plus, car ce n'est pas la première fois que je suis victime d'une telle déconvenue. Mais bon nous ne sommes pas là pour parler de moi, parlons un peu de cinéma, voulez-vous ?
D'aucuns pourraient annoncer brutalement que cette histoire de trois "Monsieur-tout-le-monde" qui se retrouvent pris en chasse par des apprentis soldats en mal de sensations et pour le moins zélés sent le déjà-vu à plein nez, et ils n'auraient pas tort en affirmant cela. En effet, depuis "Les chasses du comte Zaroff" un bon nombre d'ersatz de ce type ont été réalisés apportant chacun sa contribution, plus ou moins modeste selon les cas, au genre du survival. Il est clair que, hormis "Délivrance", très peu de longs-métrages peuvent se targuer d'avoir donné leurs lettres de noblesse au survival. L'intérêt de celui-ci réside toutefois dans le fait qu'il se déroule dans le désert, cadre peu commun, excepté quelques thrillers comme "Hitcher" ou "Le voyage de la peur". Car il est vrai que pour la majorité des films affiliés à cette catégorie, la survie de quidams égarés se joue généralement dans des forêts isolées au fin fond d'un bled paumé. Là, que nenni ma petite dame! Il s'agit de retrouver nos compères dans "la grande jaune" comme on pourrait essayer de l'appeler si on voulait faire une analogie avec l'océan, vaste étendue azurée.
D'ailleurs, l'emplacement du désert et quelques plans photographiques (incluant des screen shots filmés à bord d'un hélicoptère) donnent vraiment une impression d'isolation et de vulnérabilité face à l'immensité d'un tel territoire. Et ça c'est bien senti, car le film a vraiment besoin de nous captiver un minimum puisqu'il est, pour info, quand même plus proche d'un épisode de "Derrick" que d'un épisode de "24 heures chrono" niveau rythme !
Par ailleurs, comme cela est souvent le cas dans ce genre de films, les "proies" rassemblent tous les stéréotypes que l'on peut retrouver chez les citoyens américains lambda. Ronny Cox incarne Pete, le mari gauche qui ne sait jamais quoi faire, le plus jeune, Roger, est un type assez agressif qui agit plus vite qu'il ne pense alors que le troisième larron, Craig, est un type plus posé cherchant à résoudre les conflits par le dialogue. Pas très original quand même !
Ce qui est le plus intéressant dans ce navet mou du genou, c'est que tout ce que tentent nos "chassés" semble probable. Ici, pas de subterfuge et autres ruses à la Mac Gyver : ils font avec les moyens du bord et se servent de ce qu'ils trouvent pour pouvoir nuire à leurs assaillants. Et même parfois, leurs tentatives échouent (confère le lamentable essai pour voler le cheval), ce qui les rend d'autant plus humains et donc proches de nous. Nous ferions donc probablement pareil qu'eux dans ce genre de situation, ce qui permet une identification du public (tout comme les scènes où on les voit assoiffés, apeurés et extrêmement fatigués) et apporte un aspect crédible au film. Mais c'est bien tout, car côté action et hémoglobine, c'est très limité : à part deux trois coups de chaînes au visage, des similis combats de catch et une scène d'empalement dantesque (sic), on n'a pas grand-chose à se mettre sous la dent. De plus, le personnage principal a autant de charisme qu'une betterave. Mais apparemment, nous avons échappé, en France, à une scène d'anthologie, puisque dans la version US, on assiste à une séquence d'ouverture où Ronny Cox (le personnage principal) a les pattes trempées dans une sorte de pot de vaseline et se masse les doigts de pied pendant au moins vingt secondes! On a effectivement évité le pire, enfin façon de parler…
En effet, on perçoit tout de même que Ronny Cox a produit et écrit le film avec sa femme. Car on sent bien que c'est là l'œuvre d'un scénariste novice qui sait qu'il va jouer dans le film dont il écrit le scénario : ce n'est pas très original, assez prévisible, il a le meilleur rôle et les personnages sont assez grossièrement dépeints.
Côté "gentils", Pete le fade devient, au fur et à mesure du déroulement des faits, plus sûr de lui et finit par s'imposer en leader et en cerveau du groupe des poursuivis. Toutefois, il est tout de même assez ridicule avec son short hyper court et ses monologues solitaires (en fait il pense très souvent à voix haute !) sont supra risibles. Toutes aussi drôles sont les scènes de flashbacks de la deuxième partie du film revenant sur la vie de nos trois protagonistes : contrairement à celles du début, elles ne nous apprennent strictement rien et viennent même interrompre le film inutilement, lui qui n'avait pas besoin de ça pour être encore plus desservi ! Les autres protagonistes sont tellement creux qu'il apparaît dès lors inutile de parler d'eux, c'est dire si notre homme légume est charismatique !
Côté bad boys, le colonel Crouse (Sir Emmet Walsh) est assez fade pour un chef de cet acabit, si on excepte son long monologue qui suit l'introduction de la brigade, on le voit très peu, ce qui est dommageable car on attend quand même un peu plus de charisme et de cruauté pour un tel personnage. C'est quand même le chef des méchants, sacrebleu ! Mais le "Mal" tant attendu est également invisible chez les membres de cette brigade de fortune : ils sont tous interchangeables tellement on a du mal à les distinguer les uns des autres. Certes, il y a bien la fille qui réalise que sa brigade part en sucette en voulant à tout prix se débarrasser de ces témoins gênants, mais bon, on ne la différencie uniquement que parce que c'est une femme et l'on ne creuse pas plus loin, ce qui est super réducteur. Cela étant, avait-on voulu de ce personnage dès le début car ça sent quand même un peu le casting de dernière minute pour respecter le quota de donzelles du film !?
Enfin, ce qui finit d'achever cette entreprise déjà bien mal embarquée, c'est un score vraiment navrant faisant passer les musiques d'ascenseurs pour de véritables chefs-d'œuvre mélodieux ! Johnny Harris sur son "Bontempi" électronique doit jouer avec ses pieds ou a dû laisser son clavier à son petit dernier, car ce que l'on entend là est digne d'un viol auditif. Finalement, le voilà peut-être le rapport avec "Délivrance", le viol…
Amateurs de survival passez votre chemin, parce que là, on atteint vraiment les profondeurs abyssales de la nullité et de la lenteur. Vous pouvez dès lors visionner de nouveau les pas mal "Détour mortel" et "Severance" qui lui, au moins, était drôle ! Cela dit, Marathon killer possède une vertu non négligeable puisqu'il est tout aussi efficace qu'un match d'échecs à la télévision : il constitue un très bon somnifère !