Lollilove

Lollilove

Vous aimez les documenteurs, ces documentaires reposant sur des faits ayant réellement été fantasmés ? Et bien avec Lollilove, vous allez être servis. Dans le plus pur style "tromatique", voici (roulement de tambour) : Lollilove.

Un couple de jeunes riches pense avoir trouvé une idée révolutionnaire pour répondre au problème des sans-abri : Lollilove.

Le concept est très simple : des sucettes seront distribuées à tous les sans-abri. Les friandises seront couvertes d'un emballage illustré par les soins de James. A la vue de ces œuvres, les indigents ouvriront les yeux sur leur vie et réaliseront qu'il leur faut agir…

LOLLILOVE | LOLLILOVE | 2004

"L'holocauste… Une période trouble ? Oui. Est-ce que ça valait le coup ? … Peut-être, pour tous les documentaires récompensés qui ont pu être faits à ce sujet. "

C'est ainsi, en surfant sur la vague de la télé-réalité et des documentaires auto gratifiants, que James Gunn et Jenna Fisher nous délivrent un chef d'œuvre de télé surréalité. Comme tout bon produit de cette nouvelle mode télévisuelle se respectant, le caméraman va s'immiscer dans les parties les plus intimes de la vie de James et Jenna, mettant à jour la genèse du projet de l'association Lollilove.

Ainsi le spectateur sera le témoin de la construction du projet, du démarchage des investisseurs, à la motivation des bénévoles, rien ne lui sera épargné. Ces séquences sont entrecoupées par de petites scènes, au format interview, durant lesquelles le couple revient sur ce qui s'est passé.

Le résultat à l'écran (images prises sur le vif entrecoupées de phases de rétrospection) est particulièrement respectueux des carcans du genre. En résulte donc un documentaire plus vrai que nature : l'image est crue, une sensation de voyeurisme s'en dégage même parfois.

Certaines scènes sentent très profondément le vécu, alors même que le ton demeure satirique tout au long du métrage. Le fait que les deux acteurs forment un couple dans la vie de tous les jours y est sûrement pour beaucoup. Il ne faudrait pas pour autant occulter le talent dont tous deux font preuve : leur jeu est spontané et authentique. Ils sont parfaitement crédibles en jeunes yuppies illuminés.
Le plus étonnant étant qu'ils réussissent à transmettre leur foi en leur combat, tout en psalmodiant d'incroyables énormités.

Comme à l'accoutumée, derrière un divertissement déjanté et parfois léger, se cachent quelques thèmes délicats. En effet, il est difficile de regarder Lollilove en écartant l'aspect politisé du métrage.

C'est avec un humour tantôt outrancier, tantôt glaçant, que le couple s'attaque à des sujets comme le racisme, le rétablissement de "castes", l'incompréhension de son prochain… Mais aussi, et surtout, la connerie humaine.
Voir ce jeune couple d'arrivistes, débordant d'argent et si intimement persuadé d'avoir trouvé la solution à l'indigence alors qu'ils n'ont jamais vu un S.D.F. de leur vie, a quelque chose d'amer. James sort de chez lui avec un masque, des gants et diverses protections médicales pour le premier jour de distribution des sucettes. Cette scène pose à elle seule, les bases du message dont le film se fait le porte-parole :

Ces gens existent ! Regardez comme ils sont crédibles, comme ils restent entiers !

Le constat est donc triste, bien qu'il soit abordé avec humour. Lollilove dénonce cette propension qu'ont certaines fortunes à tenter des actions anthropophiles, comme pour se donner bonne conscience d'être aussi riche. Ce phénomène s'observe surtout chez les stars, et le métrage semble pointer tout particulièrement cela.

Lollilove prend un sens tout à fait nouveau lorsque l'on sait que James Gunn est le scénariste de "Scooby-Doo", "l'armée des morts" ou encore "Terror Firmer".
Il débute sa carrière chez Troma, et n'en oublie pas les enseignements de Lloyd :
1 - Le ridicule ne tue pas !
2 - Le cinéma indépendant mène à tout (James Gunn sera à l'affiche de "Slither" en tant que réalisateur).

Au final, un métrage artistiquement abouti, mais aussi très rassurant quant à la santé de l'industrie audiovisuelle : certains irréductibles persistent à croire en un cinéma indépendant.

LOLLILOVE | LOLLILOVE | 2004
LOLLILOVE | LOLLILOVE | 2004
LOLLILOVE | LOLLILOVE | 2004
Note
5
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Colin Vettier